Le 700e anniversaire du mariage de Jean de Luxembourg et Elisabeth des Přemyslides
Le 1er septembre, 700 ans se sont écoulés depuis le mariage de Jean de Luxembourg dit l’Aveugle, avec Elisabeth des Přemyslides. Un événement qui a marqué l’histoire du royaume de Bohême ainsi que celle de l’Europe médiévale: trois de leurs successeurs du couple fondateur d’une nouvelle dynastie dont Charles IV seront couronnés rois du Saint-Empire romain. La dynastie des Luxembourg règnera sur le royaume de Bohême jusqu’en 1526.
Le mariage de Jean l’Aveugle, fils unique du roi du Saint-Empire romain Henri VII et Margueritte de Brabant, avec Elisabeth des Přemyslides a eu lieu après de longues tractations. Le dernier roi des Přemyslides Venceslas III étant mort assassiné sans héritier, Henri de Carinthie arrive sur le trône de Bohême. Or Elisabeth, soeur de Venceslas III, se considère héritière de la célebre dynastie. Avec l’aide de l’abbé Conrad de Zbraslav, un coup d’Etat dynastique est organisé. La noblesse mécontente, le patriciat et le clergé finissent par se mettre d’accord pour demander au roi des Romains Henri VII nouvellement élu, de donner son consentement au mariage de Jean avec Elisabeth et à l’union des deux dynasties.
Le 14 août 1310, Elisabeth quitte Prague avec une dot bien riche : plus de 1000 pièces d’argent pesant chacune 250 gr, et des robes et costumes brodés d’or. Le 30 août, elle arrive à la cour de Henri VII. Une description détaillée du déroulement du mariage nous est fournie par la chronique de Petr Žitavský, abbé du couvent des cisterciens de Zbraslav. Klára Benešovská l’a dit, le mariage se déroule en deux parties. Le 31 août, Henri VII confie le règne sur le royaume de Bohême à son fils Jean. La cérémonie religieuse est célébrée le lendemain, le 1er septembre 1310. A la surprise générale, Elisabeth s’y présente vêtue d’une robe toute simple, dans l’esprit de la tradition de la cour de Paris à laquelle la mère et la grand-mère de Jean de Luxembourg – Margueritte et Béatrix, étaient élevées. Le mariage influencera la culture et les arts jusqu’au milieu du XVe siècle, raconte Klára Benešovská :« Jean avait 14 ans, Elizabeth en avait 18 ans. Il n’empêche que ce mariage était de toute importance parce que derrière Elizabeth se trouvait un royaume riche, avec des mines d’argent de Kutná Hora qui allaient financer la politique des Luxembourg dans la période à venir. La décision de Henri VII était, je crois, une décision bien réfléchie, parce qu’à l’époque, la dynastie des Přemyslides était l’une des plus importantes en Europe centrale et le trône de Bohême était un trône de haute qualité, lié aussi aux voix des princes électeurs qui décidaient de l’élection des rois du Saint-Empire romain. Ainsi, le trône de Bohême ne pouvait être qu’un avantage pour la maison des comtes de Luxemburg qui ont reçu le titre de roi romain seulement en 1308. Cette alliance a joué un grand rôle et a influencé tout le XIVe siècle dans la culture de l’Europe. » Après la cérémonie, Jean et Elisabeth se dirigent vers Prague, alors que le roi Henri VII est attendu à Rome pour la cérémonie de couronnement impérial. Hélas, sur le chemin, lui ainsi que son épouse, trouvent la mort dans des circonstances dramatiques. D’un coup, au lieu de se consacrer uniquement aux affaires du royaume de Bohême, Jean de Luxembourg a, en dépit de son jeune âge, à faire face à tous les problemes posés alors par la politique européenne. Les célébrations du 700e anniversaire du mariage royal sont une occasion de présenter la cour de Prague autour de l’an 1310. Les locaux historiques de la maison à la Cloche de pierre, considérés comme la résidence des jeunes époux Jean et Elisabeth entre 1310 et 1320, vont créer un cadre authentique pour ce témoignage visuel. L’exposition aura lieu sous les auspices des maires de Prague et de Luxembourg, respectivement Pavel Bém et Paul Helminger. Elle aura pour emblème la couronne qu’aurait portée Elisabeth au moment du couronnement et dont on sait qu’elle faisait partie du trésor des rois de Bohême avant de devenir une partie du trésor de Neumarkt (Slezska Strzeda sur le territoire de l’actuelle Silésie, en Pologne). A la question de savoir si au cours des recherches pour cette exposition de nouvelles découvertes ont été faites, Klára Benešovská dit, sans vouloir tout dévoiler à l’avance, que ce sont avant tout les nouvelles interprétations quant à la datation, lieu de naissance ou la fonction primitive des objets connus. Hormis cela, on a pu identifier de nouveaux fragments provenant des tombeaux de l’une des nécropoles princières des Přemyslides au Château de Prague, dans la basilique Saint-Georges, et on a découvert aussi des portraits inédits du roi Venceslas III.Une médaille commémorative représentant Jean et Elisabeth a été frappée pour l’occasion par la Banque nationale tchèque, alors que la partie luxembourgeoise émettra une pièce de monnaie commémorative d’une valeur symbolique de 700 centimes d’euro.