« Le bras est déjà dans la manche »

Salut à tous les tchcécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Pour cette nouvelle émission, et comme nous le faisons de temps à autre, nous allons revenir à notre série consacrée aux expressions idiomatiques de la langue tchèque se rapportant au corps humain. Pour cette fois, nous allons nous intéresser plus particulièrement à un petit mot, ruka, qui désigne à la fois la main et le bras. Comme en français, on retrouve en effet dans le tchèque un grand nombre d’expressions y faisant référence.

Comme on le sait, la gestuelle des mains et des doigts constitue un véritable langage. La main est aussi un outil universel de communication et la main humaine sert souvent de symbole. Elle symbolise ainsi souvent le travail, elle en est même parfois un synonyme. Voilà sans doute pourquoi il existe un nombre relativement important d’expressions exprimant cette notion, ce rapport entre les mains et le travail. Par exemple, de quelqu’un qui n’aime pas travailler, les Tchèques diront parfois qu’il a « les mains retournées, à l’envers ou inversées » - « mít obrácené ruce ». Quant à quelqu’un de gauche, maladroit, malhabile, on dira bien entendu sans surprise qu’il a « les deux mains gauches » - « mít obě ruce levé ». Quant à celui qui est malchanceux et n’a pas de réussite dans ses entreprises, on dira tout simplement, et comme en français, qu’il a « la main malheureuse » - « mít nešťastnou ruku ». L’inverse d’« avoir la main heureuse », bien entendu, mais aussi en quelque sorte, pour en revenir à la notion d’habilité, de quelqu’un qui « sait prendre quelque chose en main » - « umět vzít něco do ruky », ou « a de l’or dans ses mains » - « mít zlato v rukách ».

Nous l’avons dit en introduction, en tchèque, le mot « ruka » désigne à la fois la main et le bras. Et puisque nous avons parlé des deux mains gauches de certains, on peut également évoquer l’expression selon laquelle, comme en français d’ailleurs, on peut « être le bras droit de quelqu’un » - « být něčí pravá ruka », à savoir son second, son adjoint et lui apporter son aide. Et tant qu’à faire, mieux vaut être le bras droit de quelqu’un qui n’a pas les deux mains gauches, vous en conviendrez. Toujours dans le même ordre d’idées, les Tchèques disent parfois également « být jedna ruka s někým », soit littéralement « être une main avec quelqu’un ». En fait, cela signifie que deux personnes ne forment qu’un, qu’elles s’entendent, se connaissent parfaitement ou partagent les mêmes avis. D’ailleurs, si deux personnes parviennent à s’entendre, à se mettre d’accord, on pourra avoir recours à l’expression imagée selon laquelle « la main ou le bras est déjà dans la manche » - « už je ruka v rukávě ». Là encore, on retrouve avec cette partie du vêtement qui entoure le bras l’idée que les deux éléments ne forment qu’un ensemble, qu’ils ne peuvent exister l’un sans l’autre. Ne former qu’un, c’est aussi le vœu de tout couple d’amoureux. Voilà sans doute pourquoi on dit parfois « placer sa main dans la main d’un autre » - « vložit ruku do něčí ruky » lorsque deux personnes se marient.

Revenons encore une fois à cette fameuse main gauche car si, comme on le sait, avoir deux mains gauches n’est pas un avantage, il existe cependant une expression qui veut que lorsque l’on « fait quelque chose de la main gauche » - « udělat něco levou rukou », cela indique que l’on fait la chose en question facilement, sans se donner de peine. Un peu finalement comme lorsque les enfants, tout à leur bonheur d’enfin maîtriser quelque chose de nouveau pour eux, cherchent à attirer l’attention de leur entourage en affirmant qu’ils savent le faire d’une main. Toujours à propos de cette facilité dans l’action, mentionnons encore cette belle expression : « to se budu jednou rukou na zádech škrábat a druhou to udělám », soit « je vais me gratter le dos d’une main et faire le boulot de l’autre ».

Photo  illustrative: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.
Et puis terminons pour cette fois avec deux dernières expressions amusantes faisant encore référence à la main gauche. Ainsi, autrefois, lorsqu’un homme marié entretenait une liaison avec une amante, les Tchèques disaient parfois – « vzít si ženu na levou ruku », soit littéralement que l’homme en question « l’épouse à la main gauche » ou encore que les deux en question « contractent un mariage à la main gauche » - « uzavřít sňatek na levou ruku ».

C’est ainsi que se termine ce « Tchèque du bout de la langue » et avec lui la première partie de notre petite série consacrée aux expressions existantes dans la langue tchèque se rapportant à la main ou au bras – ruka. En attendant de vous retrouver dès la semaine prochaine pour la suite, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp!, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj !