Le caractère imprévisible des conflits dans le monde, source d’inquiétude et d’insécurité

Des soldats russes en Ukraine, photo: ČTK

Faut-il craindre un nouveau conflit mondial ? En cherchant une réponse à cette question de plus en plus souvent soulevée face à la multiplication des conflits dans le monde, la presse tchèque met en relief le caractère imprévisible de l’évolution de celui-ci. - A l’occasion de la tenue cette semaine du festival Prague Pride 2014, un commentaire publié dans l’hebdomadaire Respekt constate qu’il existe en Tchéquie une plus grande tolérance à l’égard des minorités sexuelles que dans d’autres pays de l’espace postcommuniste. - Même si la crise économique semble être enfin surmontée, la République tchèque reste cependant devancée par nombre de pays européens, y compris la Pologne et la Slovaquie. Tels sont les sujets que nous avons retenus dans la presse écrite et électronique de ces derniers jours.

Des soldats russes en Ukraine,  photo: ČTK
Selon une enquête récemment menée par l’agence Median et commandée par la Radio tchèque, près de la moitié des Tchèques craignent que l’un des conflits qui sévissent actuellement dans le monde puisse s’étendre au point de toucher la République tchèque. Relativement nombreux sont également ceux qui redoutent l’éclatement d’un nouveau conflit mondial. Dans un commentaire publié sur le site novinky.cz, le politologue et journaliste Jiří Pehe remarque que des prévisions catastrophiques se sont répandues notamment dans le contexte du centenaire de la Première Guerre mondiale. Toutefois, en dépit de certaines ressemblances, il existe, selon lui, plusieurs différences fondamentales entre la situation actuelle et celle d’il y a cent ans. Il note notamment :

« D’abord, il faut constater que la communauté internationale est aujourd’hui beaucoup plus interconnectée. On voit fonctionner globalement les organisations comme l’ONU ou des milliers d’organisations internationales qui se consacrent à toutes sortes d’activités, tandis que les germes d’une société civique supranationale sont en train d’apparaître. Il existe aussi des institutions d’intégration régionale comme l’Union européenne, au sein desquelles les pays sont tellement liés qu’un conflit armé entre eux est pratiquement inimaginable. »

Les interconnections des économies et des informations sont une autre caractéristique importante de la situation actuelle. S’y ajoute, selon l’auteur du texte, l’existence des technologies militaires de destruction massive qui renforce la volonté des puissances d’éviter une apocalypse globale qu’elles seraient à même d’entraîner. Par ailleurs, la majorité des pays économiquement développés sont des pays démocratiques qui préfèrent prévenir ou résoudre les conflits par le dialogue. En conclusion, Jiří Pehe note :

« Il va de soi que l’on ne peut pas exclure qu’un jour, la situation se déchaîne comme cela s’est produit en 1914. Cela dit, les facteurs qui s’y opposent sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux qu’en 1914 ou 1939. »

« L’avenir est de moins en moins prévisible » : c’est ce que constate un autre article publié dans l’hebdomadaire Respekt et intitulé « Le spectre d’une nouvelle guerre ». Les deux auteurs du papier se penchent également sur les menaces qui guettent le monde d’aujourd’hui. En voici un bref extrait :

« L’année 2014 est particulière, car les événements qui se précipitent sans logique provoquent un sentiment pesant d’incertitude. La guerre en Ukraine a ébranlé la conviction des Européens que leur monde représente un îlot de sécurité aux contours solidement dessinés. Mais le regard que l’on porte sur le monde en dehors de l’Europe n’offre pas non plus une image plus rassurante. »

Selon les auteurs de cette analyse, l’imprévisibilité des événements à venir et le sentiment que « tout peut arriver » constitue pour les générations d’aujourd’hui une nouveauté. Du temps de la guerre froide, nous étions habitués à ce que le destin des Etats repose entre les mains de puissances rivales qui n’étaient pas prêtes à admettre des soubresauts inattendus. En conclusion, Martin Šimečka et Jiří Svoboda, qui ont signé ce texte, remarquent :

« Il est trop tôt pour prédire comment cette étrange année 2014 se terminera. Ce qui est sûr, néanmoins, c’est que ce sera une année marquée par un certain désenchantement. La stabilité n’est qu’une illusion, le monde n’est pas soumis à un contrôle ou à une gestion centrale, l’histoire demeure toujours aussi indéchiffrable comme elle l’a toujours été dans le passé... Pas plus que les générations précédentes, es générations d’aujourd’hui ne peuvent se permettre de vivre avec le sentiment de sécurité. Cela dit, céder la place à la panique serait très prématuré. »

La société tchèque tolérante à l’égard des gays et lesbiennes

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
« La tolérance à l’égard des homosexuels est un des traits positifs de la société tchèque ». C’est ce qu’indique l’éditorial de la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt, déjà cité, qui se penche sur ce phénomène en rapport avec la tenue, cette semaine, du festival Prague Pride 2014. Un quart de siècle après la chute du régime communiste, la position de la société tchèque à l’égard de la communauté des gays et lesbiennes se distingue de façon marquante de celle que l’on observe dans d’autres pays l’espace postcommuniste. L’éditorial précise plus loin :

« Selon une enquête réalisée par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne qui évalue les différents aspects de ce phénomène, la Tchéquie figure parmi les cinq Etats européens les plus tolérants. En outre, la législation locale protège les gays et les lesbiennes contre la discrimination dans le domaine de l’emploi. La Tchéquie est aussi un des premiers pays postcommunistes à avoir mis en valeur la loi sur le partenariat enregistré... Nulle part ailleurs à l’est de la frontière tchèque, les marches de la fierté ne se déroulent dans un climat aussi serein et sûr que chez nous. ».

Ce ne sont pas seulement les textes des lois, mais surtout l’atmosphère au sein de la société qui traduit cette tolérance. L’éditorial de Respekt remarque à ce propos :

« Depuis une dizaine d’années, les gays et lesbiennes tchèques se félicitent de pouvoir vivre ouvertement et librement, notamment à Prague. Se promener dans la rue en se tenant par la main ne provoque plus autant de remarques malveillantes qu’auparavant, les jeunes considérant désormais l’homosexualité comme une chose normale. »

L’hebdomadaire admet en même temps que la voie prise par la Tchéquie vers le libéralisme est plus facile que dans des pays comme la Pologne ou la Slovaquie, en raison de sa faible religiosité.

La Tchéquie après la crise

Photo illustrative: Barbora Němcová,  Radio Prague Int.
Une récente édition du quotidien économique Hospodářské noviny constate que la République tchèque a enfin surmonté la crise et que son économie pourrait bientôt atteindre le niveau qui était le sien avant celle-ci. L’auteur de l’article consacré à ce sujet, Helena Horská, précise :

« Après la longue récession des années 2011 – 2012, on assiste à une croissance économique qui repose d’abord sur les exportations à l’étranger, ainsi que sur l’augmentation de la consommation et des investissements... Il est intéressant de constater que ce sont aussi les petites et moyennes entreprises qui contribuent à la bonne condition de l’économie tchèque. »

Selon l’auteur du texte, la récession économique en République tchèque aurait été approfondie par les restrictions budgéraires du précédent gouvernement qui ont gelé les investissements publics. La très mauvaise gestion des subventions en provenance des fonds européens et la relative stabilité du cours de la couronne, comparé à l’affaiblissement des monnaies en Pologne et en Hongrie, sont autant d’autres facteurs qui ont approfondi la récession économique tchèque. Comme l’indique Hospodářské noviny, la Tchéquie sera donc le troisième des quatre pays du Groupe de Visegrad, après la Pologne et la Slovaquie, à avoir atteint le niveau de sa production économique d’avant la crise.