Le chef de l’ODS face à l’opposition dans son propre parti
C’est au bout de douze heures de négociations à huis clos du « gremium », organe de direction du Parti civique démocrate (ODS), que le chef du parti Mirek Topolánek a annoncé à la presse qu’il conservait son poste. Pourtant, pendant toute la journée de mardi sa position semblait plus qu’incertaine et des appels à la démission lui ont été lancés par des membres influents de son propre parti.
La situation de Mirek Topolánek, chef de la principale formation de la droite tchèque, s’est brusquement compliquée après la publication, ce week-end, des extraits d’un entretien informel qu’il avait accordé au magazine gay LUI. Dans cet entretien qui ne devait pas être publié, il s’en est pris au rôle des Eglises, au manque de courage de certains hommes politiques et aussi aux électeurs du Parti social-démocrate tchèque. Ces propos offensants et irréfléchis proférés au seuil de la campagne électorale ont déclenché un tollé chez ses adversaires politiques mais aussi au sein de l’ODS.
La direction du parti s’est réunie, ce mardi, pour décider si dans ces conditions Mirek Topolánek pouvait conserver le poste de chef de l’ODS. Les négociations ont duré pratiquement toute la journée et, selon la presse, le chef de l’ODS n’a trouvé parmi les membres de la direction que peu de sympathisants encore capables de tolérer son dernier faux pas. Mais comme cet organe n’a pas compétence à démettre le chef du parti de sa fonction, Mirek Topolánek a fini par sauver sa position :«Il n’était pas facile pour moi d’accepter cette décision mais le résultat est dicté par l’effort de gagner dans les prochaines élections, d’empêcher l’offensive de la gauche unie et de ne pas obéir à la réalité virtuelle. Je suis fermement convaincu, et le débat public le confirme, que malgré cette affaire créée artificiellement mes propos seront finalement bien compris en accord avec mes intentions. Malgré tout cela je présente une fois de plus mes excuses pour cette affaire aux membres de l’ODS et aux électeurs.»
Mirek Topolanek a promis « de faire attention à sa bouche », en gros de ne plus dire de bêtises. Mais bien qu’il affirme que cette décision ouvre au Parti civique démocrate le chemin de la victoire électorale, son optimisme ne semble pas être partagé par beaucoup de membres de son parti. Quant au Parti social démocrate, principal rival de l’ODS sur la scène politique tchèque, il peut se frotter les mains, et son attitude a été résumée par le vice-président de la Chambre des députés, Lubomír Zaorálek :
« Après douze heures de négociations, l’ODS s’est présenté comme un parti qui jette aux oubliettes les problèmes désagréables, qui les résout en disant qu’ils n’existent pas et qui perd ainsi les derniers restes de sa crédibilité. »La presse est quasi unanime ce mercredi à constater qu’au seuil de la campagne électorale, le Parti civique démocrate est profondément divisé mais qu’en ce moment il n’y a pas dans l’ODS une personnalité charismatique qui pourrait remplacer le chef compromis et ressouder la principale formation de la droite tchèque.