Le chef de l'ODS reçoit les leaders de l'extrême-droite

Mirek Topolanek
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La réunion entre le chef du Parti civique démocrate (ODS) et les leaders d'une formation d'extrême-droite n'est pas passée inaperçue. Dans son édition de jeudi, le quotidien Lidove noviny en faisait même sa une.

En cette « saison de concombres », un terme qui désigne en tchèque les périodes de vacances, généralement pauvres en actualité - en français la saison des marroniers -, les quotidiens n'ont pas grand chose à se mettre sous la dent. Alors quand Mirek Topolanek, chef de l'ODS, le parti d'opposition de droite donné favori aux prochaines élections, rencontre les leaders du Parti national (Narodni strana), l'événement est repris en première page. Il faut dire que cette réunion entre un potentiel futur Premier ministre et un parti d'extrême doite à la réputation sulfureuse et non représenté au Parlement a de quoi faire couler de l'encre.

La politologue Vladimira Dvorakova définit le Parti national tchèque comme « un parti de droite radical, qui est à la limite du système démocratique ». Elle ajoute que ce parti fait candidature commune avec le Rassemblement national - « une formation qui fait ouvertement référence au fascisme tchèque d'avant-guerre ». Rappelons que les dirigeants de ce même Rassemblement national ont déjà reçu, le mois dernier, une lettre du président de la République Vaclav Klaus, toujours président d'honneur de l'ODS, venant les remercier pour leur soutien dans le conflit qui l'a opposé à des députés européens.

Alors pour certains, c'en est trop. Pour Lukas Bek du quotidien Pravo, le fait que Mirek Topolanek reçoive les dirigeants d' « un mouvement dont même les pages internet transpirent la xénophobie » au siège de son parti est en soi inacceptable.« Je ne leur ai pas proposé de future collaboration après les élections », a indiqué Mirek Topolanek pour mettre fin aux rumeurs répandues par le Parti national après l'entretien qui a duré une trentaine de minutes.

Narodni strana
Reste que ce genre d'écarts pourrait finir par coûter cher à l'ODS et à son chef, de plus en plus critiqué au sein même de sa formation. Mirek Topolanek, qui cherche à regagner du terrain face à un Premier ministre conquérant, est parvenu à se faire remarquer récemment à force de déclarations qui sortent du cadre de la simple provocation politique. Après avoir qualifié l'entourage de l'ancien Premier ministre Stanislav Gross de « grosstapo », Mirek Topolanek a cru bon de promettre à une assemblée de chefs d'entreprise « une nuit des long couteaux » dans la fonction publique s'il remporte les prochaines élections.

Entre jeux de mots vaseux et métaphores dangereuses, l'homme qui avait déjà dû en 2003 publiquement s'excuser d'avoir employé l'expression « mensonge d'Auschwitz » semble avoir bien besoin de conseillers en communication capables de lui expliquer ce qu'il ne faut pas dire et qui il ne vaut mieux pas recevoir.