Le chef d’oeuvre de Jacques Offenbach au Théâtre national
« Les Contes d’Hoffmann » de Jacques Offenbach, un des meilleurs opéras du répertoire français, est depuis le week-end dernier à l’affiche du Théâtre national de Prague. L’œuvre a été montée par Ondřej Havelka, comédien et chanteur très populaire qui s’adonne ces derniers temps aussi à la mise en scène lyrique. La distribution des rôles est internationale et le personnage d’Hoffmann, écrivain romantique qui cherche en vain la femme de sa vie, est campé en alternance par les ténors Marc Laho et Valentin Prolat. La direction musicale de cette importante production a été confiée au chef d’orchestre français Michel Swierczewski. Ce dernier a évoqué certains aspects de cette tâche exigeante au micro de Radio Prague.
« Non, absolument pas. On a beaucoup échangé, on a d’abord une très grande complicité. Ondřej ne parle pas français donc il disposait d’une traduction pour faire la mise en scène. Comme je m’investis totalement dans une production quand j’y participe, je l’ai beaucoup assisté en particulier pour la compréhension du texte français, pour qu’il n’y ait pas de contresens, pour qu’il y ait une unité de style. Même pour la mise en scène, on a travaillé vraiment ensemble. Mais c’est normal. Pour moi, cela fait partie de mon travail. »
Ondřej Havelka s’est inspiré pour sa conception de cet opéra des tableaux du peintre surréaliste René Magritte. Avez-vous décelé, vous aussi, dans cette production ces aspects oniriques, surréalistes ?
« Oui, déjà dans l’œuvre écrite, dans l’œuvre littéraire d’Hoffmann, il y a beaucoup de miroirs, de doubles, d’apparitions et c’est vrai qu’à ce niveau-là ‘Les Contes d’Hoffmann’ sont proches de l’univers surréaliste. Ce qui est le plus proche des ‘Contes d’Hoffmann’ pour moi, c’est finalement l’ambiance et le monde de la poésie française de l’époque, c’est-à-dire de la fin du XIXe siècle. Il ne faut pas oublier que c’est le temps de Verlaine et de Rimbaud avec toutes les expériences hallucinatoires, avec l’absinthe, l’alcool et l’opium, avec toutes les expériences des milieux intellectuels de ce temps-là. L’opéra d’Offenbach est sous-titré ‘Opéra fantastique’, on assiste donc en fait à une expérience hallucinatoire. Ce sont finalement les surréalistes qui se sont inspirés de cette période puisque le surréalisme est vraiment postérieur. Il est apparu quarante ans plus tard. »C’est vous qui avez été responsable du choix des chanteurs, de la distribution pour cette production du Théâtre national ?« Non, c’est principalement le directeur artistique Jiří Heřmann. On a été bien sûr en concertation. Moi j’ai été ravi que ce soit Marc Laho qui chante Hoffmann puisqu’il n’y pas de meilleur Hoffmann à l’heure actuelle. C’est une voix très spéciale. C’est vraiment une voix de ténor français. Souvent j’ai vu des productions des ‘Contes d’Hoffmann’ où tout le monde hurlait sur scène parce qu’on a l’impression que c’est un rôle très lourd. En fait il faut retrouver le style de chant français du XIXe siècle pour le faire bien. Et Marc le fait d’une façon idéale d’autant plus, bien sûr, que son français est absolument parfait. C’est le Hoffmann idéal à l’heure actuelle. »
(Vous pouvez entendre cet entretien dans son intégralité, ce samedi, dans la rubrique « Rencontre littéraire ».)