Le Club des touristes tchèques fête ses 120 ans

Aujourd’hui, nous n’allons pas voyager dans une ville ou une région. Cette fois, il sera question du Club des touristes tchèques, l’une des plus anciennes organisations dans notre pays qui fête ses 120 ans.

Le Club des touristes tchèques a vu le jour le 11 juin 1888. C’était dans la brasserie praguoise U Halánků – l’actuel musée ethnographique portant le nom de Vojta Náprstek. Seize patriotes se sont alors réunis dans la maison de Vojta Náprstek, patriote très attaché à la cause tchèque, explorateur et homme progressiste qui par ex. a présenté comme premier aux Pragoises la machine à coudre, et qui s'est aussi beaucoup engagé en faveur du droit de vote des femmes. Vojta Náprstek a été élu premier président du Club des touristes tchèques.

Comme le dit son président actuel, Jan Stráský – ancien chef du dernier gouvernement tchécoslovaque avant la partition, en 1992, Vojta Náprstek a su attirer pour les activités du club des représentants marquants de la société tchèque d’alors:

« Le Club était présidé par des docteurs, des pharmaciens, des savants…. En peu de temps, le club a construit 120 chalets et des dizaines de tours panoramiques. La deuxième année de son existence, le club a ouvert le premier tracé touristique balisé conduisant de Karlštejn à Prague, et d’autres ont suivi… »

La fondation du Club des touristes tchèques a été encouragée par le mouvement d’éducation physique Sokol et elle reflétait aussi la période du romantisme marquée par le retour à la nature et représentée par le poète romantique Karel Hynek Mácha. Grâce au Club des touristes tchèques, la RT possède un réseau de sentiers balisés dont on dit qu’il est l’un des meilleurs en Europe, par son densité et sa qualité. Et ce n’est pas tout : à la fin du XIXe siècle, le club a soutenu la construction de la tour panoramique de Petřín à Prague, copie miniature de la tour Eiffel. Il a trouvé de l’inspiration à Paris car une de ses premières initiatives a été l’organisation d’une grande expédition de touristes tchèques à l’Exposition mondiale à Paris, en 1889. D’autres activités du club étaient concentrées sur l’édification de nouveaux pavillons pour l’Exposition jubilaire organisée deux ans plus tard, en 1891 à Prague. Dans l’un d’entre eux, transporté du parc des expositions au sommet de la colline de Petřín, se trouve aujourd’hui le fameux labyrinthe. L’édification d’un funiculaire qui monte au sommet de la colline est aussi une initiative du Club des touristes tchèques.

Le tout premier tracé balisé par le Club des touristes tchèques en 1889 conduisait par la vallée de la rivière Vltava le long des courants de Saint-Jean aujourd’hui inexistants, tout comme ce sentier, submergés par les eaux du barrage de Štěchovice. De la fin du XIXe siècle date aussi un réseau de sentiers balisés dans les monts des Beskides, en Moravie. Au départ, on n’utilisait que de la couleur rouge pour marquer les sentiers. Au fur et à mesure, le balisage devenait peu claire aux croisés des chemins et on allait y ajouter le bleu et depuis 1916 également le vert et le jaune.

Photo: Barbora Němcová
Le système tchèque des tracés balisés est unique : il permet de partir en voyage sans une carte. Le touriste est orienté par les quatre couleurs et les indicateurs de direction qui jalonnent la route en intervalle régulier de 2,5 kilomètres qui l’informent des kilomètres qui lui restent avant d’arriver au but et des particularités rencontrées sur le chemin, dit Jan Stránský :

« L’étendue des informations et les quatre couleurs, c’est ce qui caractérise notre système. Il y a deux ans, le Club des touristes tchèques a organisé une conférence internationale sur le balisage à Bechyně. Beaucoup de pays seraient intéressés par l’adoption de notre système et son extension à travers les frontières, mais on a calculé que cela coûterait des milliards. Rien que l’entretien des 40 000 km de sentiers balisés sur le territoire de la RT s’élève annuellement à 7 millions de couronnes : inutile de souligner que le club le fait gratuitement. »

Le premier itinéraire de longue distance a été créé en 1912 sur le tracé Prague – Brdy – Šumava. Aujourd’hui, il y a en République tchèque 40 000 kilomètres de sentiers balisés pour les touristes, un nombre presque identique de sentiers pour les cyclotouristes et pour les randonnés à cheval : un système spécial de tracés balisés a été conçu pour les skieurs et on est en train d’édifier un réseau balisé pour personnes handicapées en fauteuil roulant. Il existe aussi une coopération à travers les frontières : ainsi, depuis 1961, les sommets des Monts des Géants sont, des deux côtés – tchèque et polonais, reliés par un sentier balisé baptisé le chemin de l’amitié tchéco-polonaise. Il y a 25 ans, on a inauguré un sentier de longue distance conduisant du château de Wartburg, en Allemagne, à travers les territoires de la Tchéquie, la Pologne et la Slovaquie jusqu’à Budapest, en Hongrie.

Le Club des touristes tchèques compte aujourd’hui près de 40 000 membres, dont un tiers sont des jeunes de moins de 28 ans. Pour Vratislav Chvátal de la présidence du club, le tourisme a toujours un attrait et on ne peut qu’admirer certains touristes:

« Pour moi c’est František Dvouletý d’Ostrava, un touriste admirable, car il est handicapé et une prothèse ne l’empêche pas de participer à de nombreuses marches. »

Une série de manifestations ont marqué, ce week-end, les célébrations du 120e anniversaire du Club des touristes tchèques, ajoute Vratislav Chvátal:

« Samedi, un tramway nostalgique au centre de Prague rappelait les activités du club dans les années 1930. On a rendu accessibles certaines tours habituellement fermées, on a organisé une marche à pied et à vélo au sommet de la colline de Petřín et s’est amusé, en essayant d’établir un nouveau record touristique tchèque, à savoir l’élévation d’un poteau indicateur haut de 8 mètres. »