Le Comité d'Helsinki dénonce les conditions sanitaires des maisons d'arrêt tchèques
Le Comité tchèque d’Helsinki, une ONG basée à Prague et travaillant à la défense des droits de l’homme, persiste dans son nouveau rapport à critiquer les défaillances du système pénitentiaire tchèque. Ce sont en l’occurrence les maisons d’arrêt et leurs conditions déplorables d’accueil des détenus qui sont pointées du doigt. Le ministère de l’Intérieur considère pour sa part que l’amnistie partielle annoncée le Jour de l’An par Václav Klaus a grandement permis d’améliorer la situation.
Et il ne fait visiblement pas bon vivre dans ces établissements selon le rapport récemment publié par le Comité tchèque d’Helsinki qui dénonce le manque de moyens et les défaillances de ces centres de détention en situation de surpopulation chronique. Directrice de cette organisation de défense des droits de l’homme, Markéta Kovaříková dresse le portrait peu flatteur du système carcéral tchèque :
« Les conditions hygiéniques et matérielles dans les maisons d’arrêt restent très insuffisantes et ne correspondent pas aux standards que l’on est en droit d’attendre dans un pays aussi riche que le nôtre. Ces insuffisances sont constatées un peu partout. L’équipement est très usagé et ces endroits sont sales. Et on pourrait même dire que la situation est difficilement comparable avec celle des prisons où les détenus purgent leur peine. Dans les faits, il n’est pas faux de dire que rien n’a changé depuis le temps du communisme. »
Des cellules de quatre mètres carré dans lesquels cohabitent jusqu’à trois prisonniers, la fréquence des douches limitée à deux par semaine, l’absence totale d’intimité, les lourdeurs administratives pour parvenir à garder un contact avec l’extérieur… sont quelques-uns des graves manquements soulignés par le Comité. Celui-ci a basé son étude sur la visite de six maisons d’arrêt, mais a aussi repris les enseignements d’un précédent rapport publié l’an passé. Or le vice-ministre de la Justice (ODS) Daniel Volák le juge obsolète au regard de l’amnistie présidentielle décidée par l’ancien président Václav Klaus, une décision qui a surpris son monde et qui a été critiquée de toute part :« Le rapport du Comité d’Helsinki est valable pour l’an passé et quand la surpopulation carcérale atteignait un niveau dramatique. Aujourd’hui, les choses se sont largement améliorées. Nous avons libéré plus de 6 500 détenus. Le service pénitencier a ainsi pu être soulagé. Il a désormais la chance de respirer et de procéder enfin à des changements systémiques afin de s’inscrire dans le système carcéral moderne et européen. »
L’économiste Libor Dušek estimait quant à lui que cette amnistie n’apportait rien au problème de la surpopulation carcérale ; les prisons se rempliront à nouveau et jamais l’enfermement comme peine de référence n’est remis en question, une punition dont les résultats sont pourtant peu probants.
Daniel Volák affirme qu’il est injuste de ne pas relever d’évolutions positives dans les prisons tchèques depuis vingt ans et ajoute que les maisons d’arrêt n’ont pas vocation à devenir « des écoles maternelles ». Les recommandations du Comité tchèque d’Helsinki ne vont pourtant pas dans ce sens. L’amélioration des conditions de vie des détenus et la mise en œuvre de moyens visant à faciliter leur réinsertion vont d’abord dans l’intérêt de la société elle-même selon Markéta Kovaříková :« Il faut améliorer ces conditions et les rapprocher des standards des pays occidentaux principalement pour la raison suivante : les personnes qui effectuent leur peine ou qui sont en maison d’arrêt sont privées de liberté pour un certain temps et rejoignent ensuite la société. Il est dans l’intérêt de cette société que ces gens qui la rejoignent soient capables de s’y intégrer et d’y vivre. »
En République tchèque, les personnes ayant fréquenté des établissements pénitenciers récidivent dans 65% des cas.