Le Comité olympique tchèque ne boycottera pas les Jeux Olympiques de Sotchi

Les protestations à Londres, photo: CTK

Jacques Rogge, président du Comité international olympique (CIO), a souhaité la semaine passée que la Russie s'explique sur une loi votée en juin dernier contre la « propagande » homosexuelle et qu'elle précise les effets éventuels de ce texte sur le déroulement des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi en février prochain. Certaines associations LGBT appellent même à un boycott des Jeux. Face à cette polémique, le Comité olympique tchèque a souhaité clarifier les choses en affirmant clairement que la délégation tchèque participerait à la compétition en Russie.

Les protestations à Londres,  photo: CTK
En juin dernier le président russe Vladimir Poutine a promulgué une loi punissant toute « propagande de l'homosexualité auprès de mineurs ». La proposition de loi avait été déposée l’an dernier par le Parlement de la région de Novossibirsk, en Sibérie, qui l'a déjà adoptée au niveau local et a voulu la généraliser à l'ensemble du pays. Selon le texte, une personne physique risque de 4.000 à 5000 roubles d'amende (2350 à 2950 couronnes tchèques) en cas de violation de la loi.

Cette loi est dénoncée par la ministre allemande de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, ainsi que par l’acteur britannique Stephen Fry qui lance un appel au boycott.

Le président du Comité olympique tchèque, Jiří Kejval, a tenu à mettre les choses au point et a exclu toute forme de boycott à l’égard des Jeux olympiques de Sotchi :

Jiří Kejval,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
« Nous sommes persuadés qu’il existe des pays, comme par exemple certains pays arabes, où les lois sont beaucoup plus dures à l’égard de l’homosexualité, notamment pour des raisons religieuses. Des compétitions sportives sont tout de même organisées dans ces pays, ils font également partie de la communauté internationale et personne ne s’en préoccupe. Le jour où des pays comme les Etats-Unis commenceront à rappeler leur ambassadeur et à fermer leur représentation diplomatique en Russie, alors nous y prêterons attention mais nous pensons qu’il s’agit d’une affaire purement politique et nous ne voulons pas nous mêler de tout ça. »

Il ajoute également qu’un boycott des Jeux serait le plus grand crime commis à l’égard des sportifs.

De son côté l’ancien ministre des Affaires étrangères et actuel vice-président de la formation conservatrice TOP 09, Karel Schwarzenberg, a réagi en exclusivité pour Radio Prague :

Karel Schwarzenberg,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Il est vrai que cette loi contre les homosexuels n’est pas très jolie et que les gays et les lesbiennes connaissent des difficultés en Russie mais la situation dans le Caucase est plus grave, les gens s’entretuent là-bas. Les homosexuels ne connaissent pas l’égalité des droits mais s’il devait y avoir un boycott, ce serait à cause des tueries et non pas à cause de cette loi. »

Il poursuit son analyse en insistant sur les priorités qui mériteraient une plus grande attention :

« Aujourd’hui dans le monde, la mode est de se préoccuper avant tout des minorités sexuelles. Les gens s‘agitent à cause de ça et en même temps, on néglige le fait que des gens soient tués ou jetés en prison. »

Les Jeux olympiques ont souvent fait l’objet d’appel au boycott pour des raisons politiques. Pour l’instant, un seul gouvernement, celui de Géorgie, a fait un appel en ce sens en réponse à la participation de la Russie à la Deuxième Guerre d'Ossétie du Sud. Cette menace sera sans doute peu suivie d’effets, la Russie restant une puissance importante sur la scène mondiale.