Les députés tchèques disent non au mariage et à l’adoption pour les homosexuels
La Tchéquie ne rejoindra pas encore la Slovénie et l’Estonie qui ont ouvert, en tant que deux premier pays ex-communistes, le mariage aux couples de même sexe. Discuté depuis 2018, l’amendement autorisant le mariage homosexuel n’a pas été adopté, ce mercredi, par la Chambre des députés. Celle-ci s’est prononcée pour une légalisation de l’union des homosexuels, mais avec des restrictions.
Comme l’ont souligné les médias tchèques, il s’agissait de l’une des décisions les plus attendues de la législature de l’actuelle Chambre des députés. Elle s’est en effet penchée, depuis le printemps dernier, sur le projet d’un groupe de députés mettant à égalité le mariage des couples hétérosexuels et homosexuels, un projet soutenu par de nombreuses pétitions et, selon les récents sondages, par plus de la moitié de la population.
Les députés sont restés jusqu’au dernier moment divisés sur le sujet : finalement, 123 des 176 députés présents se sont dit favorables, ce mercredi, à un amendement au Code civil qui s’arrête à mi-chemin : il vise à autoriser les couples gay et lesbiens à conclure un partenariat civil avec la plupart des droits liés à un mariage, tels que la propriété conjointe ou les pensions de veuvage. Toutefois, cet acte ne portera pas le nom de mariage et n’autorise pas l’adoption d’enfants : celle-ci sera toutefois possible si l’un des partenaires est le parent biologique de l’enfant.
Une déception pour Adéla Horáková, juriste et membre de l’initiative Jsme Fér (Nous sommes justes) qui milite depuis des années en faveur du mariage pour tous en Tchéquie :
« Cet amendement ne garantit pas une véritable égalité des droits. Les enfants élevés par les couples homosexuels continueront à être discriminés d’une certaine manière. Cela concerne notamment les adoptions : il faudra que l’enfant passe deux fois par cette procédure juridique, pour être adopté par l’un des parents, puis par l’autre. C’est complètement irrationnel. »
Selon Klára Šimáčková Laurenčíková, Commissaire aux droits de l’Homme du gouvernement tchèque, il existe encore des chances que la procédure d’adoption par les couples homosexuels soit modifiée, étant donné que l’amendement en question va désormais être soumis à l’examen du Sénat. Elle estime cependant que, tôt ou tard, la Tchéquie rejoindra les pays où les homosexuels peuvent se marier et adopter des enfants sans restrictions : ils sont à présent au nombre de 36 à travers le monde, dont 16 au sein de l’Union européenne.
« C’est inévitable. Il est dangereux de faire des compromis en matière de l’égalité des droits de l’Homme. (…) En Suisse par exemple, qui a légalisé le mariage pour tous il y a plusieurs années déjà, j’ai entendu dire que ‘le choix du conjoint était une affaire strictement privée’. C’est vrai et il n’est pas juste de priver quelqu’un de ses droits en fonction de ce choix. »
Le président Petr Pavel s’est également montré optimiste : à l’issue de l’adoption de l’amendement au Code civil, il a déclaré qu’il ne voyait aucune raison de limiter les droits sur la base de l’orientation sexuelle.
Il a ajouté qu’il croyait en une société tchèque tolérante qui devrait établir les droits des couples homosexuels « dès que possible ». Pour sa part, le Premier ministre Petr Fiala du parti conservateur ODS a déclaré avoir voté en faveur de l’amendement qui, selon lui, « améliore la situation des couples de même sexe et des enfants qu’ils élèvent, tout en préservant l’institution du mariage sans changement », tandis que le ministre de l’Intérieur Vít Rakušan du mouvement STAN s’est dit déçu du compromis trouvé entre les partis politiques et s’est abstenu lors du vote.