Le dalaï-lama à Prague : les succès économiques de Pékin sont entachés par un manque de respect

Le dalaï-lama a été accueilli par Václav Havel, photo: CTK

Le leader spirituel tibétain, le dalaï-lama, vient de passer trois jours en République tchèque sur l’invitation de son ami, l’ancien président Václav Havel. A Prague, le dalaï-lama a également rencontré le chef de la diplomatie tchèque Karel Schwarzenberg, discuté avec les étudiants de l’Université Charles et donné une conférence au Palais des Congrès. Une visite étroitement suivie et critiquée par les autorités chinoises.

Le dalaï-lama a été accueilli par Václav Havel,  photo: CTK
Le chef spirituel tibétain est venu à plusieurs reprises en République tchèque. Sa dernière visite en date s’est déroulée il y a deux ans, à l’occasion d’une conférence sur la démocratie en Asie. Cette fois, le dalaï-lama est arrivé, symboliquement, le 10 décembre, à l’occasion de la Journée des droits de l’Homme. Il a d’abord été accueilli par Václav Havel, encore très affaibli par l’infection pulmonaire dont il a été victime au printemps dernier, mais toujours d’esprit clair et pétillant, selon le dalaï-lama. Nous écoutons Oldřich Černý, de la Fondation 2000 qui a co-organisé la visite du dalaï-lama à Prague :

« Václav Havel a remercié sa Sainteté le dalaï-lama d’être venu dans ce pays où il est très apprécié du public mais un peu redouté des hommes politiques. Ces relations plutôt réservées s’expliquent par la montée en puissance de la Chine, depuis la dernière visite du dalaï-lama à Prague, il y a deux ans. »

Le dalaï-lama,  photo: CTK
Václav Havel, qui a toujours manifesté un grand intérêt pour la cause tibétaine, a souligné, une fois de plus, combien il était dangereux de mettre en exergue les intérêts économiques dans les relations avec la Chine, au détriment du respect des droits de l’Homme - propos universels et très d’actualité dans le contexte de la récente visite à Prague du président russe Dmitri Medvedev.

Le chef spirituel tibétain, dont le pays est occupé depuis soixante ans par la Chine, a déclaré, devant les étudiants de l’Université Charles de Prague, que les succès économiques de Pékin étaient entachés par la méfiance et un manque de respect. On l’écoute :

Shirin Ebadi et le dalaï-lama,  photo: CTK
« La Chine cherche à être respectée dans le reste du monde. Mais le respect dépend beaucoup de la confiance. Et la confiance, c’est quelque chose qui manque vis-à-vis d’un régime totalitaire. »

L’ambassade de Chine à Prague a, à son tour, déclaré que le dalaï-lama menait à l’étranger des activités visant à diviser le pays et à fragiliser son unité nationale. D’autres personnalités ont participé à ce débat pragois sur les droits de l'Homme, parmi lesquelles l'Iranienne Shirin Ebadi, prix Nobel de la Paix, ou encore le Français Stéphane Hessel, auteur du best-seller intitulé « Indignez-vous ! ».

Le dalaï-lama a rencontré le chef de la diplomatie tchèque,  Karel Schwarzenberg,  photo: CTK/Forum2000/Ondřej Besperát
Dimanche, le dalaï-lama a rencontré, à titre privé, le chef de la diplomatie tchèque, Karel Schwarzenberg, avant de donner, devant la salle archipleine du Palais des Congrès, une conférence intitulée « A la recherche du bonheur dans un monde incertain ». N’oubliez pas votre expérience du régime totalitaire et n’oubliez pas non plus qu’à présent, vous êtes tenus d’aider les gens qui se trouvent dans une situation similaire : tel est un des principaux messages que le dalaï-lama a adressés aux Tchèques lors de sa visite.