Un nouveau livre sur l’amitié entre Václav Havel et le dalaï-lama
Un nouveau livre sur la première visite du dalaï-lama dans l’ancienne Tchécoslovaquie, en février 1990, devrait être prochainement publié, en tchèque et en anglais, aux éditions pragoises Vyšehrad. Cette visite historique marque le début d’une longue et belle amitié entre l’ancien président Václav Havel et le chef spirituel du Tibet. Elle a marque également une nouvelle étape importante dans les relations tchéco-tibétaines, ainsi que dans les relations du Tibet avec l’Occident.
Quelques jours après son élection à la présidence de la Tchécoslovaquie, Václav Havel a exprimé, dans son premier discours du Nouvel An, le souhait d’accueillir à Prague le pape Jean-Paul II et le dalaï-lama. Son vœu, motivé par l’intention de donner au pays post-communiste une impulsion spirituelle, s’est réalisé quelques semaines plus tard. Alors que Jean-Paul II s’est rendu en Tchécoslovaquie qui venait alors de retrouver sa liberté, en avril 1990, l’avion avec son bord le chef spirituel du Tibet a atterri à l’aéroport de Prague dès le 2 février.
Le nouveau livre préparé par plusieurs organisations et institutions, dont la Bibliothèque Václav Havel, le Forum 2000 et l’association des Tchèques pour le Tibet, replace cette visite, vivement critiquée par la Chine, dans un contexte plus large, comme l’explique la sinologue Kateřina Procházková qui collabore à l’ouvrage :
« La visite du dalaï-lama en Tchécoslovaquie en 1990 est un sujet très intéressant et encore peu étudié. Il a une grande importance pour les relations internationales, ce que nous essayons de montrer dans le livre. Il est consacré non seulement à cette première rencontre entre Václav Havel et sa sainteté le dalaï-lama, mais également aux autres séjours de celui-ci en République tchèque. Nous nous sommes intéressés à l’impact de ces événements sur la politique étrangère de la République tchèque, sur ses relations avec le Tibet, sur la politique des exilés tibétains et la situation des Tibétains dans leur pays. Enfin, le livre s’intéresse à la vie publique tchèque dans les années qui ont suivi la révolution de Velours. »
Plusieurs personnalités y livrent leurs témoignages, parmi elles le frère de l’ancien président Ivan Havel et sa femme, l’ex-chef de la diplomatie tchèque Karel Schwarzenberg, ou encore le Premier ministre tibétain en exil Lobsang Sangay et le secrétaire du dalaï-lama.
Kateřina Procházková remarque :
« Le dalaï-lama avait un grand respect pour Václav Havel et les deux hommes ont été très proches l’un de l’autre dès leur première rencontre. Ceux qui y ont assisté disent qu’ils avaient l’impression qu’ils se connaissaient déjà. En 1990, le dalaï-lama n’était pas très connu ni en Tchécoslovaquie, ni ailleurs dans le monde, tandis que Václav Havel était reconnu dans le monde entier. Et c'est Havel qui a en quelque sorte introduit le dalaï-lama sur la scène politique internationale. Après cette visite à Prague, le chef spirituel du Tibet a été reçu par plusieurs dirigeants politiques occidentaux. »
Václav Havel et le dalaï-lama ont continué à se rencontrer jusqu'à la mort de l’ancien président tchèque en 2011. Sa disparition n’a rien changé aux affinités entre une partie de la société tchèque et le Tibet. Elles se manifestent chaque année, lorsque dans le cadre de la commémoration de la journée du soulèvement tibétain, plusieurs centaines de mairies tchèques hissent le drapeau du Tibet sur leur façade.