Le déconfinement se précise, mais l’état d’urgence est prolongé

Andrej Babiš, photo: ČTK/Roman Vondrouš

La Chambre des députés a voté mardi soir en faveur de la prolongation de l'état d'urgence jusqu'au 17 mai prochain. En vigueur depuis le 13 mars, l’état d’urgence avait déjà été prolongé une première fois par les députés jusqu’au 30 avril.

Andrej Babiš,  photo: ČTK/Roman Vondrouš
Le gouvernement souhaitait une nouvelle prolongation jusqu’au 25 mai prochain, date de la dernière étape de déconfinement dans le calendrier établi pour l’instant. Voici comment le Premier ministre Andrej Babiš a justifié à la tribune ce besoin de maintenir l’état d’urgence :

« D’un point de vue épidémiologique, il faut continuer à empêcher la propagation incontrôlable de l’épidémie avec les mesures nécessaires. Notre pays est toujours en danger. La vie, la santé et le patrimoine sont toujours menacés, ainsi que l’ordre public et la sécurité intérieure. Etant donné que le gouvernement ne peut prendre ces mesures dans le cadre de la loi de crise que si l’état d’urgence est en vigueur, il faut que la Chambre des députés en approuve la prolongation. »

Finalement, les députés ont validé mardi la prolongation de cet état d'urgence jusqu’au 17 mai prochain, sur proposition du parti communiste (KSČM) dont les voix sont essentielles à la coalition minoritaire formée par le mouvement ANO du Premier ministre Andrej Babiš et le parti social-démocrate (ČSSD).

Photo: Sharon Drummond,  Flickr,  CC BY-NC-SA 2.0
Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? A priori que, si l’état d’urgence n’est pas renouvelé ensuite, les dernières mesures restrictives en vigueur pourraient toutes être levées le 17 mai, donc une semaine avant la date prévue pour, entre autres, la réouverture des bars et restaurants. C’est en tout cas ainsi que le gouvernement présentait les choses avant le vote.

En revanche, cela ne devrait pas changer la donne concernant d’autres domaines importants, notamment la potentielle réouverture des écoles - maternelles et primaires - ainsi que des frontières. Le gouvernement devra clarifier le calendrier de déconfinement dans les prochains jours.

A partir de vendredi, ce déconfinement doit être accompagné par la mise en place du système de « quarantaine intelligente », avec traçage numérique via l’application eRouska. Plus que la menace sur les libertés individuelles (toute personne doit donner son accord pour être 'tracée'), c'est l'efficacité de la méthode qui fait débat à Prague.

Une soixantaine d'épidémiologistes et d'hygiénistes tchèques ont publié cette semaine une lettre ouverte adressée au gouvernement dans laquelle ils affirment que le traçage numérique n'est efficace qu'en cas de forte augmentation quotidienne du nombre de contaminés.

« Les instruments de 'quarantaine intelligente' ne peuvent aider que dans la situation où le nombre de malades en République tchèque augmenterait de plusieurs centaines par jour, quand l'important n'est pas la qualité mais la quantité de l'enquête. Avec le nombre actuel de nouveaux cas en revanche (environ 50, ndlr), le système engendre la baisse qualitative de l'enquête épidémiologique et a même des conséquences négatives sur l'épidémie », peut-on lire dans cette lettre publiée sur le site de l'Ordre tchèque des médecins.

« Chaque cas est un humain malade, unique, qui ne peut être intégré dans un simple algorithme », peut-on encore lire dans cette lettre.