« Quarantaine intelligente » : le téléphone portable et la géolocalisation au cœur du nouveau dispositif
Une nouvelle application est disponible depuis ce week-end sur tous les téléphones Android en Tchéquie. Appelée eRouska (eMasque), elle doit permettre de recueillir les données nécessaires à la mise en place d’un système dénommé « quarantaine intelligente », qui identifie les personnes susceptibles d’avoir été contaminées par un patient testé positif au Covid-19.
« L’application fonctionne via Bluetooth. Si vous l’installez, elle permet de répertorier avec exactitude à quelle distance vous avez été d’autres utilisateurs l’ayant également installé sur leur téléphone. Ce sont des informations précieuses pour les services d’hygiène en charge de la mise en évidence des potentielles personnes contaminées, qu’ils peuvent ensuite contacter. »
Pour l’instant, l’application n’est pas disponible sur iPhone, mais ce n’est qu’une question de jours selon Jakub Nešetřil :
« Nous travaillons d’arrache-pied pour lancer l’application sur iOS, mais cela devrait se régler sous peu. En fin de semaine dernière, Google et Apple ont cependant fait savoir qu’ils allaient collaborer activement pour soutenir ce genre d’applications sur leur système respectif, Android et iOS. Mais ils ne seront prêts qu’en mai, donc nous avons un peu d’avance sur eux et je suis sûr que notre application sera prochainement disponible sur iOS. »
Cette application est un élément essentiel de la quarantaine intelligente que le gouvernement tchèque entend mettre en place pour assouplir le confinement de l'ensemble de la population en isolant seulement les cas positifs et ceux susceptibles de l'être. Basée sur la géolocalisation, elle peut faire frémir ceux qui craignent d’assister à la naissance d’un Big Brother orwellien favorisée par l’état d’urgence.Pour l’heure, les développeurs assurent qu’il s’agit avant tout d’aider les services sanitaires à retrouver le plus rapidement possible des personnes potentiellement contaminées et donc contagieuses, à l’aide des nouvelles technologies et surtout seulement après accord de celles et ceux dont les données personnelles seront utilisées. Jakub Nešetřil précise que ces données seront effacées au bout de trente jours, quand elles n’auront plus de valeur sur le plan épidémiologique. Il ajoute que l’application similaire lancée par Singapour peut servir de référence :
« Il est impossible de ne pas voir que Singapour a longtemps réussi à maintenir le nombre de contamination sous contrôle. Plus d’un million de personnes ont téléchargé cette application et désormais elle va peut-être être utilisée par d’autres pays qui n’ont pas développé leur propre application comme nous l’avons fait en Tchéquie. »Pourtant, même à Singapour, les chiffres sont repartis à la hausse et Jason Bay, le responsable de cette application appelée TraceTogether, a tenu le week-end dernier à lancer un avertissement (http://blog.gds-gov.tech/automated-contact-tracing-is-not-a-coronavirus-panacea-57fb3ce61d98) : si les nouvelles technologies suscitent des espoirs, elles ne suffiront pas – elles peuvent seulement aider le traçage des contacts (contact tracing) et non l’assurer seules. Dans la lutte contre le coronavirus, l’algorithme et le big data ne peuvent entièrement remplacer l’humain pour obtenir certaines informations qui peuvent sauver des vies.