Le Festival du film français sous le signe du centenaire de la Tchécoslovaquie

Festival du film français

Ce mercredi soir est donné le coup d’envoi de la 21e édition du Festival du film français qui se déroule cette année, à Prague et Brno. Pour en parler, Radio Prague s’est entretenu avec le spécialiste du cinéma David Čeněk, chargé de la programmation. Avant cela, le directeur de l’Institut français, Luc Lévy est revenu sur le bilan de l’édition de l’an passé, une édition anniversaire :

Festival du film français
L.L. : « La vingtième édition du festival l’an dernier a en effet été un moment très important. Vingt ans, ça compte, c’est l’entrée dans l’âge adulte. Cela a été un très beau succès notamment en termes d’entrées. Ce chiffre vingt doit porter bonheur à Prague puisqu’on a eu plus de 20 000 entrées. Puis, on a eu quelques grands succès pendant cette édition, en termes d’audience, d’intérêt. Ce vingtième anniversaire a été un rendez-vous significatif avec en plus la venue d’artistes et de réalisateurs. C’est donc peut-être aussi l’occasion de poursuivre sur un nouveau chemin, celui de l’âge adulte. Il faut rester fidèle aux fondements du festival, tout en proposant des nouveautés. »

On peut peut-être s’attendre à moins d’entrées cette année, il y a quand même moins de villes à bénéficier de la présence du festival. Cette année, il ne se déroule qu’à Prague et Brno…

L.L. : « C’est une restructuration que nous avons proposée mais qui fait tout à fait sens. On aura deux moments, celui à Prague et à Brno. Et il y aura un autre moment cinéma dans les autres villes de République tchèque en concertation étroite avec les Alliances françaises. Celles-ci ont leurs festivals, leurs rencontres et le plus souvent, cela se déroule au printemps. Nous avons donc pensé qu’il était plus rationnel, notamment en termes de public, de construire ce festival en deux temps et de répondre aux spécificités des villes et des régions. Il s’agit donc d’un élargissement en faveur du cinéma français et de le penser de manière plus efficace. »

'Le grand bain',  photo: Site officiel du Festival du film français

Quel est le film d’ouverture du festival cette année ?

D.C. : « On a choisi Le Grand bain. C’est un film qui vient de sortir en France et qui a eu beaucoup de succès. Il va aussi sortir en République tchèque. Pour l’ouverture, on choisir toujours un film en avant-première. Il s’agit d’un film un peu emblématique car il y a beaucoup d’acteurs français très connus. Ce qui est important pour nous aussi, c’est qu’il s’agit d’une comédie. Les comédies françaises ont toujours eu beaucoup de succès en pays tchèques. En plus, ce n’est pas une comédie gratuite, elle est intéressante parce que c’est un film d’auteur populaire, donc une comédie avec une ambition artistique, de grands acteurs, une histoire intéressante et… amusante ! »

Quels sont les invités du festival cette année ?

Benoît Delépine,  photo: Facebook du Festival du film français
D.C. : « Pour le moment, trois invités seulement ont confirmé. C’est Benoît Delépine qui, avec Gustave Kervern, a tourné I Feel Good, avec Jean Dujardin et Yolande Moreau. C’est un film qui va aussi sortir sur les écrans tchèques. On a aussi deux invités qui sont des réalisateurs de courts-métrages. Il s’agit de Stéphane Baze et Jan Sitta. Ils présenteront leur travail dans le cadre de la soirée dédiée aux courts-métrages. Cette année, nous consacrons deux soirées aux courts-métrages donc beaucoup plus que les années précédentes. Nous considérons que c’est une forme importante et intéressante, qui a une longue tradition dans la cinématographie française. »

Dans l’édition de cette année, vous reflétez un événement important en République tchèque, le centenaire de la fondation de la Tchécoslovaquie. J’ai été très surprise de voir dans le programme qu’il y a eu beaucoup de coproductions franco-tchécoslovaques par le passé. Je ne pensais pas qu’il y en avait eu autant…

D.C. : « Il y en a eu beaucoup. A l’origine, c’est l’idée de Luc Lévy, le directeur de l’Institut français. Il se trouve que je m’intéresse aussi à ce sujet. Si on regarde les chiffres de l’époque, pour les pays socialistes, le plus de coproductions ont été réalisées avec la Tchécoslovaquie. Dans cette sélection on a même des films télévisés car il y avait même des films de télévision. Il y avait beaucoup de coproductions réalisées à l’époque sur la base d’un accord intergouvernemental. Parmi les plus connus, il y a des films d’Alain Robbe-Grillet. Mais il y aussi des ‘échecs’ comme le film ‘Pravda’ de Jean-Luc Godard, qui au départ aurait dû être une coproduction, mais n’a pas pu se faire en raison des événements politiques de 1968. C’est la même chose avec ‘L’aveu’ de Costa-Gavras qui devait se tourner ici, tout était préparé pour le tournage, mais en raison de l’invasion soviétique, ça n’a pas pu se faire. On a aussi choisi des coproductions des années trente comme Golem de Julien Duvivier. »

Alain Robbe-Grillet,  'L'homme qui ment',  photo: Site officiel du Festival du film français

On découvre par la même occasion qu’un réalisateur tchèque a tourné en France dans l’entre-deux-guerres…

D.C. : « C’est en effet le cas de Karel Anton, connu en France sous le nom de Charles Anton. Il a tourné Un soir de réveillon et plusieurs autres films. Dans les années trente il y a aussi eu des réalisateurs français qui ont tourné dans les studios de Barrandov à Prague. C’est vrai qu’il existe vraiment un grand choix de coproductions et nous n’en avons tiré qu’une petite sélection. »

www.festivalff.cz