Le « Forum 2000 » pour la onzième fois, à Prague
« La liberté et la responsabilité » - dans la politique, l'économie et dans les médias : tel est le thème de la conférence Forum 2000 qui se tient jusqu'à mardi à Prague. La tradition des rencontres de politiciens actuels et anciens, philosophes, représentants du milieu de l'entreprise, savants et autorités religieuses du monde entier a été créée il y a 11 ans par l'ancien président tchèque, Vaclav Havel.
« Les conférences ne peuvent pas changer le monde du jour au lendemain. Pourtant je suis convaincu qu'elles ont un sens : car, à l'origine, il y a toujours la parole. »
Le devoir des gens de bonne volonté et de la communauté internationale est de défendre la liberté des individus, la dignité et la coexistence, a déclaré Havel en rappelant que Forum 2000 se réunit un an après l'assassinat de la journaliste russe Anna Politkovskaïa et à un moment où les libertés fondamentales sont réprimées en Birmanie.
Pour la première intervenante à la conférence pragoise, l'ancien chef de la diplomatie américaine, Madelaine Albright, les politiciens doivent assumer quatre principales responsabilités : vis-à-vis du dialogue multiculturel, de la propagation de la démocratie, de la lutte contre la pauvreté et de la protection de l'environnement:« La vérité est telle que nous détruisons nous même notre milieu. La vérité est, aussi, qu'il y a toujours encore dans le monde des chefs d'Etat, et le président des Etats-Unis n'est pas une exception, qui estiment que ce problème peut être résolu par chaque pays indépendamment des autres. Le changement climatique est le plus grand problème de l'humanité et sa solution exige une coopération de tous les pays industrialisés ainsi que de ceux en voie de développement. »
Parmi les invités du Forum 2000, Alexandre Milinkevitch, leader de l'opposition démocratique en Biélorussie, pays considéré comme la dernière dictature sur le continent européen :
« Malheureusement, dans mon pays la question de la liberté et de la moralité se trouve posée d'une manière particulièrement aiguë. Le poids de l'histoire pèse gravement sur la situation en Biélorussie : atomisation, passivité, absence de l'esprit de citoyen. En même temps, la liberté est devenue le mot d'ordre qui a incité les compatriotes à descendre dans les rues l'année dernière. Il est très important que le monde sache que la Biélorussie, ce n'est pas seulement le régime autoritaire, la dictature. Que ce sont des gens qui ne se sont ni rendus, n'ont ni fuit leur pays et qui veulent devenir libres. Nous poursuivons notre combat pour l'indépendance et la liberté de la Biélorussie. Depuis 2006, la situation a beaucoup changé, beaucoup de gens se sont débarrassés de leur peur et sont près à agir. Le mouvement démocratique a vu s'accroître le nombre de nouveaux activistes et ce sont, heureusement, avant tout les jeunes, les étudiants. On s'assigne une tache ambitieuse mais bien réelle : créer et élargir à l'intérieur du pays des noyaux solides des citoyens libres, responsables et solidaires, et je peux vous dire que mes concitoyens se rendent de plus en plus compte du fait que la liberté est à conquérir, qu'on doit militer pour la liberté. C'était justement le chemin passé par les autres peuples européens. »Le Forum 2000 se poursuit à Prague jusqu'au 9 octobre et nous vous proposerons d'écouter un autre invité de Vaclav Havel, Mme Ségolène Royal, qui a participé à une table ronde sur le thème de la liberté et de la responsabilité.