Le « geste » du gouvernement tchèque envers les Allemands antifascistes ne fait pas l'unanimité à Prague

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Soixante ans après la fin de la guerre, le gouvernement tchèque a décidé, mercredi, de s'excuser auprès des citoyens tchécoslovaques de la minorité allemande qui ont lutté contre le régime nazi et dont les mérites n'ont jamais été reconnus. Si cette décision a été prise à l'unanimité par le Cabinet de Jiri Paroubek, la classe politique tchèque reste divisée sur le sujet.

Le gouvernement a exprimé sa « profonde reconnaissance à tous les citoyens tchécoslovaques, dont ceux de la minorité allemande ayant vécu sur le territoire actuel de la Tchéquie, qui sont restés loyaux envers la République Tchécoslovaque et ont lutté activement pour sa libération ou ont souffert de la terreur nazie ».

Dans ce même texte, le gouvernement regrette que les sacrifices faits par ces Allemands antifascistes n'aient pas été reconnus et que certains d'entre eux soient devenus victimes de la vengeance aveugle dans la Tchécoslovaquie d'après-guerre, ou ont été expulsés avec la majorité des Allemands de la région vers l'Allemagne et l'Autriche.

Les historiens parlent d'environ 250 personnes encore vivantes aujourd'hui qui seraient concernées par ce geste symbolique fait par la République tchèque. A l'époque, ces Allemands considérés comme antifascistes se comptaient en milliers, comme l'a indiqué le Premier ministre, Jiri Paroubek :

« Si l'on parle des gens disparus depuis les faits, alors il pourrait s'agir de dizaines de milliers de personnes. Mais je pense que le centre de documentation qui devrait être créé nous permettra d'en savoir plus et de connaître avec précision le nombre d'Allemands antifascistes qui vivaient en Tchécoslovaquie à ce moment-là ».

Cette déclaration gouvernementale ne prévoit pas l'indemnisation de ces personnes. Le gouvernement de Vladimir Spidla avait essayé de faire passer une loi d'indemnisation il y a trois ans, mais cela n'a jamais abouti, faute de consensus en République tchèque. Dans cette nouvelle déclaration adoptée mercredi, il est question d'une somme de 30 millions de couronnes (1 million d'euros) qui sera consacrée à la création du centre de documentation auquel faisait allusion le Premier ministre, et qui pourrait être situé à Usti nad Labem, en Bohême du nord.

Président Vaclav Klaus,  photo: CTK
La classe politique tchèque reste très divisée sur le sujet. Cette décision n'est pas du goût du président de la République et de l'opposition de droite. Vaclav Klaus a critiqué ce geste symbolique auquel il s'était déjà montré très hostile par le passé. Le chef de l'Etat et le Parti civique démocrate, dont il reste le président d'honneur, considèrent que ce geste est « erroné, inutile, et vide » et que tous les différends entre Prague et Berlin ont été réglés par la déclaration tchéco-allemande de 1997, une position d'ailleurs également adoptée par le gouvernement slovaque.

Dès mercredi, les associations d'Allemands des Sudètes en Bavière et Haute-Autriche ont accueilli favorablement ce geste qui selon eux « contribue à détendre l'atmosphère ».