Le gouvernement tchèque bat de l’aile
Pas de doute possible : une crise gouvernementale est en cours en République tchèque. Les conséquences ne peuvent encore être évaluées, mais l’implosion du parti Affaires Publiques (VV), un des trois partis de la coalition gouvernementale, va changer la configuration politique en place depuis les dernières élections législatives, tenues il y a moins d’un an… pour remédier à une précédente crise gouvernementale.
Et comme d’habitude en temps de crise, tous les regards se tournent vers le Château de Prague. Selon la Constitution, le chef de l’Etat nomme et révoque les ministres sur proposition du chef du gouvernement. Mais le président Václav Klaus refuse pour l’instant d’accepter les départs des ministres du parti VV et attend que le premier ministre Petr Nečas propose un plan de sortie de crise :
« Je ne souhaite pas que se renouvelle l’expérience d’une longue absence de gouvernement comme en 2006 où l’absence d’un gouvernement politique comme en 2009 et 2010. Avant d’accepter des démissions ou de démettre des ministres de leurs fonctions, je veux que me soit présenté un plan selon lequel le gouvernement de la République tchèque va fonctionner. »En échange du départ de ses ministres, la formation VV a exigé la démission des ministres ODS de la Défense et de l’Agriculture, ainsi que du ministre TOP09 des Finances. Le ministre de la Défense a annoncé lundi qu’il remettait sa démission au premier ministre...
La semaine s’annonce donc agitée sur le plan politique à Prague. Plusieurs scénarios sont envisagés, et relayés par les médias nationaux. Sans le parti VV, il manque à la coalition formée par l’ODS et TOP09 sept voix pour avoir la majorité à la Chambre des députés. Sept députés qui pourraient donc se trouver dans les rangs de ce nouveau parti en déliquescence. Une solution qui serait difficile à faire accepter, l’expérience ratée du gouvernement Topolánek reposant sur les voix de « transfuges » ayant laissé de mauvais souvenirs.L’ODS, TOP09 et VV, au moment de la formation du gouvernement, ont signé un accord de coalition détaillé qui devait servir de cadre au fonctionnement du pouvoir exécutif. Les représentants de ces trois partis devraient se rencontrer dans les prochaines heures pour décider de l’avenir de cet accord.
Pour le principal parti de l’opposition, le ČSSD, il faut envisager des élections anticipées. Michal Hašek est le vice-président du ČSSD :« Personne ne sait qui gouverne aujourd’hui la République tchèque et ce qui va se passer demain. Dans une telle situation, le mieux serait que M. Nečas reconnaisse que son projet s’est effondré et qu’il démissionne de son poste de Premier ministre. Et la solution la plus propre à notre avis serait l’organisation d’élections anticipées. »
Le gouvernement de Petr Nečas s’était engagé à entreprendre les réformes dont le pays a besoin, à commencer par celle des retraites. Pour les économistes, ce gouvernement, qui s’appuyait sur une majorité confortable, est en train de rater une opportunité unique de les faire passer.
Mais, comme l’écrit Erik Tabery dans Respekt, peut-être qu’avant ces réformes économiques, c’est de réformes du système politique dont le pays aurait d’abord besoin, notamment en matière de financement des partis et d’appels d’offres publics.