Le livre français à la foire Le Monde du Livre
26 pays et régions participent à la foire internationale Le Monde du Livre dont la XVIIIe édition se poursuit au Palais industriel du Parc des expositions à Prague. C’est la Roumanie qui est l’invité d’honneur de cette rencontre internationale des éditeurs, des libraires, des écrivains et des lecteurs. Le public tchèque a donc une occasion unique de faire la connaissance de plusieurs auteurs roumains et de découvrir une littérature qui sort de l’ombre, avec l’ambition de s’imposer dans le contexte européen. Un autre grand thème de la foire est la bande dessinée, genre qui a mûri, n’est plus considéré seulement comme de la littérature pour enfants et joue un rôle de plus en plus important dans la production de livres pour adultes. Comme d’habitude les organisateurs de la foire ont préparé un riche programme pour les exposants et le public qui peuvent participer à des débats, des rencontres avec les personnalités invitées, lectures publiques, séances de signature, colloques, cérémonies de remises de prix littéraires etc. Le livre francophone est représenté à la foire par la France et la Fédération Wallonie-Bruxelles. La responsable du stand français, Laurence Risson du Bureau International de l’Edition française, a présenté l’exposition française de cette année au micro de Radio Prague :
« Cette année nous avons suivi un des thèmes d’honneur du Salon qui était la bande dessinée. Etant donné que nous sommes sur un espace francophone que nous partageons avec la Belgique, avec Wallonie – Bruxelles, quoi de plus indiqué pour un stand franco-belge que la bande dessinée. Nous avons donc invité un des auteurs de BD Kris qui a fait un certain nombre de BD sur la Première Guerre mondiale. Nous avons également invité Didier Pasamonik, un expert, une sorte d’intellectuel de la BD, qui s’en occupe depuis très longtemps. Il est belge d’ailleurs et il vient pour faire une conférence sur la BD historique et les biographies, puisque cela se développe beaucoup en France de même que la BD pour adultes. Donc c’est un pan du focus BD qu’on va faire. Nous avons également deux autres auteurs qui sont francophones mais ne sont pas français. Boualem Sansal est algérien et Nedim Gürsel est turc et tous les deux ont été censurés au début de leur carrière par les pouvoirs en place de leur pays. Voilà ce sont donc en gros les deux pans et puis naturellement il y a une grande collection de titres, quelque 1 500 livres qui touchent toutes les thématiques, jeunesse, littérature, sciences humaines, philosophie, histoire, livre d’art, livres de cuisine et de loisirs, livres de médicine. »
C’est donc la bande dessinée qui domine dans ce stand français. On sait que la Belgique est le royaume de la bande dessinée. Est-ce que ce genre de littérature est lu de plus en plus aussi en France ?
« Ah oui, bien sûr. Les professionnels du livre parlent en tous cas de la BD franco-belge. Je crois qu’il y a un vrai rapport imbriqué entre la Belgique et la France. Peut-être la France avait les moyens économiques tandis que la Belgique avait la créativité. Il y a énormément de lecteurs français de BD. Ils sont plus nombreux qu’en Belgique juste par la taille du pays et donc ce sont eux qui donnent un véritable poids au marché. Evidemment, les Français lisent énormément de BD, de plus en plus d’ailleurs. Je crois qu’elle est revenue. C’est vrai, à un certain moment on lisait beaucoup les Astérix, Tintin etc., mais je dirais que, depuis une dizaine d’années, elle s’est à nouveau développée avec beaucoup de biographies. C’est à dire que maintenant elle aborde tous les sujets, et même les éditeurs scientifiques l’utilisent comme une façon de démocratiser les sciences. C’est donc le genre, la forme qui prime beaucoup et permet d’aborder tous les sujets. »La BD francophone est-elle souvent traduite en tchèque ? Etes-vous informées sur les traductions de ce genre ?
« Je suis assez peu informée, c’est vrai. Je m’y suis intéressée un peu il y a quelques années où il en avait assez peu. C’est à dire la BD était assez peu présente en République tchèque comme dans beaucoup d’autres pays. Nous les Français et les Belges aussi, on est né là-dedans. Pour beaucoup elle s’est arrêtée à Astérix, à Tintin et ce genre d’ouvrages. La BD dans la nouvelle forme qu’elle prend en France est un genre vraiment pour adulte, et il ne faut pas entendre par ça la BD érotique. Pour adulte veut dire qu’elle aborde tous les sujets y compris des sujets sérieux, donc cette BD là n’est pas très présente en République tchèque. C’est pourquoi nous trouvions intéressant de parler de ça parce qu’elle se développe en France et il était intéressant de savoir s’il pouvait y avoir un parallèle tchèque, des résonances avec les éditeurs tchèques. Je pense que oui parce que c’est assez universel. »On dit parfois que le livre sera évincé progressivement par l’audiovisuel. Constatez-vous une telle évolution aussi en France ?
« Oui, bien sûr. On voit un développement. Je dirais que la France reste un territoire assez lent en terme de développement de nouvelles technologies. Déjà les éditeurs se sont posés énormément de questions sur la législation et tout un cadre législatif qui respecterait la chaîne du livre. Ils ont eu très peur justement des nouvelles technologies, des barrières qu’elles cassaient. Donc dans un premier temps ils ont cherché à reproduire un cadre législatif. Ensuite je dirais que pour les lecteurs c’est quelque chose qui se développe, mais lentement. Donc ça se développe et ça va venir. Je pense, et c’est mon avis personnel, que pour l’instant en France on est à un moment, et ça va durer encore pendant quelques années, où les deux formes vont cohabiter parce qu’il y a une partie de la population qui est encore très attachée au papier et en parallèle évidement une certaine partie de la population qui va devenir très habituée à ces nouvelles technologies. Donc pour l’instant il y a une cohabitation de plusieurs générations, et qui fait que pour les éditeurs ça n’est pas si mal puisque les deux formes cohabitent et cela leur permet de jouer sur les deux tableaux. Si ce n’est qu’il faut évidement essayer, et c’est leur enjeu à eux, c’est leur peur, mais il faut essayer d’encadrer même si l’on sait qu’avec les nouvelles technologies, évidemment, il peut y avoir énormément de pertes financières. »