Le ministre de l'Intérieur Martin Pecina espère une dissolution prochaine du parti ouvrier

Pravicoví extremisté na pražském náměstí Jiřího z Poděbrad

Avec l’inculpation de quatre extrémistes pour tentative d’assassinat à caractère raciste, mercredi 12 août, le ministre de l’Intérieur Martin Pecina espère que cette affaire facilitera la dissolution d’une des principales formations d’extrême droite du pays, le parti ouvrier. Il a par ailleurs critiqué son prédécesseur Ivan Langer à ce sujet, mais il n’a pas pour autant dévoilé les éléments qui permettraient d’interdire de ce parti.

Martin Pecina,  photo: CTK
« Simplement pendant de nombreuses années, on n’arrivait pas à frapper les extrémistes et maintenant, ça marche ». C’est avec ces mots que le ministre de l’intérieur Martin Pecina a exprimé sa volonté de lutter plus activement contre les partis d’extrême droite et son optimisme quant à la réussite de l’entreprise. Il estime que l’affaire de Vitkov, où la maison d’une famille rom avait été incendiée, et qui a abouti la semaine dernière à l’inculpation de quatre personnes, va permettre plus facilement à la justice d’interdire le parti ouvrier.

Le politologue Zdeněk Zbořil est spécialiste des partis d’extrême droite en République tchèque. Il reconnaît les avancées en matière de lutte contre l’extrémisme mais reste plus prudent sur les possibilités de dissolution d’un tel parti :

« Je pense que ce n’est pas aussi facile que le dit M. Pecina. Naturellement, l’inimitié de la majorité de la société à l’égard du parti ouvrier se creuse. Mais le problème est que même s’il y avait parmi les auteurs de cet acte terroriste des membres du parti ouvrier, cela ne veut pas dire que le parti ouvrier sera interdit ou dissolu par la cour suprême. Parce que la cour suprême cherche aussi à savoir si le criminel agit seul ou en rapport avec le programme ou les activités d’un parti politique concret.

Si les partis politiques devaient se dissoudre parce que certains de leurs membres étaient condamnés par la justice, on devrait dissoudre tous les partis politiques parlementaires de la République tchèque. Dans chacun d’entre eux siègent des gens qui ont été condamnés, pour la plupart pour des questions immobilières…et même si un membre d’un parti est un voleur, cela ne veut pas dire que le parti est un parti de voleurs et qu’il doit être interdit.

Je pense que M. le Ministre veut faire comprendre que l’on va donner plus d’attention aux extrémistes, non seulement du côté de la police mais surtout du côté judiciaire, et plus que ce ne l’était auparavant. »

Photo: Štěpánka Budková
L’ancien ministre de l’Intérieur Ivan Langer s’est défendu en soutenant que le gouvernement actuel ne fait que récolter les fruits semés sous son ministère. Le parti ouvrier entend de son côté porter plainte contre le ministre de l’Intérieur. Selon Zdeněk Zbořil, Martin Pecina dispose de nouvelles informations mais a décidé de ne pas les divulguer pour l’instant. Il pense que la plainte du parti ouvrier a un objectif électoral mais qu’elle n’a aucune chance de succès, grâce aux précautions du ministre, visant à n’établir pour l’instant aucune connexion entre les extrémistes inculpés et le parti d’extrême droite.