Les autorités tchèques face à la montée de l’extrémisme
Le cabinet de Mirek Topolánek a soutenu le projet de dissolution du Parti ouvrier, formation d’extrême droite, qui sera soumis pour l’examen à la Cour administrative suprême. Dissoudre un parti pour des raisons idéologiques est une démarche qui ne semble pas avoir de précédent en Tchéquie.
« Je suis intimement convaincu qu’il s’agit là d’une bonne décision. S’il est vrai qu’un Etat démocratique a pour principe de base la concurrence libre des partis politiques, il est d’un autre côté tout aussi vrai que la démocratie doit être capable de se défendre devant ceux qui, sous couvert de cette liberté, imposent des idées qui ne sont pas compatibles avec l’ordre juridique et la Constitution ».
Cette décision est tombée quelques jours après la tentative des membres et des sympathisants du Parti ouvrier d’attaquer la communauté rom vivant dans un quartier périphérique de la ville de Litvinov, en Bohême du nord. Un rassemblement qui a finalement été durement réprimé par la police. Ce parti ultraradical s’était fait déjà remarquer auparavant par plusieurs actions de provocation et d’excès, ainsi que par sa déclaration de « tolérance zéro du système politique instauré après la chute du régime communiste ». Sont connus, aussi, ses liens avec d’autres groupes néonazis, dans le pays et à l’échelle internationale. On écoute à ce sujet l’universitaire Miroslav Mareš, spécialiste des questions d’extrémisme :
« A l’heure actuelle, c’est le côté violent du mouvement néonazi qui constitue le plus grave problème. On peut s’attendre à ce que l’interdiction du Parti ouvrier ait pour conséquence des actions radicales de force. A mon sens, il est donc désormais particulièrement important d’observer les tendances et les préparations à la violence qui pourraient émerger sur la scène néonazie ».Aux dernières élections régionales, le Parti ouvrier a remporté près de 30 000 voix. Même si ce n’est pas beaucoup, c’est le meilleur score que ce parti ait jamais enregistré. Les autorités et le Premier ministre Mirek Topolánek en tête appellent donc à la vigilance, préconisant de mener un débat sur les causes de la montée de l’extrémisme, au lieu de chercher des solutions à ses effets. Dans ce contexte, le problème lié à la communauté rom défavorisée et à la cohabitation parfois difficile avec le reste de la population est bien entendu évoqué… En outre, un organe intersectoriel a été créé pour dresser d’ici à la fin de février un tableau des activités néonazies dans le pays et de présenter au gouvernement des dispositions législatives adéquates.