« Le moineau morave » et « l’oiseau espagnol »

Španělský ptáček

Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Après une parenthèse la semaine dernière, nous allons revenir, cette fois, à la présentation de quelques expressions de la langue tchèque relatives aux oiseaux – ptáci. Comme nous l’avions annoncé, pas moins de 370 espèces d’oiseaux sont recensées sur le territoire tchèque. Il n’existe pas un nombre aussi important d’expressions, ou du moins nous n’en avons pas connaissance, cela n’empêche qu’elles sont relativement nombreuses quand même. Il s’agit là d’un sujet que nous avons déjà évoqué dans nos émissions dans le passé, mais les beaux jours printaniers et l’agréable chant des oiseaux, tôt le matin, nous offrent l’occasion de nous rappeler quelques-unes de ces expressions…

Lors de l’émission précédente consacrée à nos chers volatiles, nous nous étions plus particulièrement intéressés aux expressions relatives à l’aigle – orel, à l’oie – husa, au pigeon – holub, ou encore au moineau – vrabec. A propos du moineau, rappelons qu’un plat traditionnel de la cuisine tchèque porte son nom, il s’agit du « moravský vrabec », soit « le moineau morave » ou le « moineau de Moravie ». Précisons tout de suite que même si la cuisine tchèque n’est pas toujours très fameuse, il ne s’agit pas de retrouver le pauvre oiseau dans une assiette. Le bon Tchèque n’ayant en général pas un appétit de moineau, « le moineau morave » est en fait un plat composé, bien évidemment aurait-on envie de dire, de morceaux de porc rôtis à l’ail que l’on fait revenir dans du saindoux avec un oignon et du cumin. La viande est ensuite servie avec des knedlíky et du chou, deux autres composantes quasi-inévitables dans la cuisine des grands-mères, mamans ou belles-mères tchèques.

Toujours à propos des noms des plats classiques de la cuisine locale, retenons aussi celui qui s’appelle « španělský ptáček », soit « l’oiseau espagnol » ou « l’oiseau d’Espagne ». Il ne s’agit toujours pas d’avoir quelque oiseau ou volaille que ce soit dans son assiette mais, cette fois, d’une tranche de bœuf enroulée à l’intérieur de laquelle se trouve du lard, de l’œuf dur, de l’oignon et des morceaux de cornichon. La viande s’accompagne en général non pas de chou mais de riz ou de pommes de terre. Les nombreux touristes espagnols qui viennent à Prague sont sans doute surpris de découvrir le nom de ce plat. Qu’ils sachent donc que, selon la légende, « španělský ptáček » - « l’oiseau espagnol » existait déjà au XVIe siècle. On raconte que Rodolphe II de Habsbourg, Empereur du Saint-Empire, roi de Bohême et de Hongrie, aurait ramené d’Espagne, où il avait grandi, non pas un oiseau, mais son cuisinier préféré, qui avait pour habitude de lui préparer cette spécialité. A l’époque, il s’agissait toutefois de paupiettes de veau. Et, paraît-il, lorsque la viande rôtissait, elle prenait la forme du corps d’un oiseau du fait des cure-dents qui se trouvaient aux extrémités et ressemblaient, eux, aux serres de l’oiseau. On demande à voir, mais puisqu’il s’agit d’une légende, on n’ira pas vérifier et on se contentera de cette explication sur les origines de « l’oiseau espagnol » de la cuisine tchèque.

Kachna
Pour rester dans la cuisine, évoquons donc le canard – kachna, lui aussi très apprécié des Tchèques s’il est, bien entendu, rôti et accompagné d’une bonne louche de chou, de jus de viande et de knedlíky. Sachez donc qu’il existe une expression très courante qui veut que certains Tchèques aient un « estomac de canard » - « má žaludek jako kachna » ou « má kachní žaludek ». Vous l'aurez deviné, cela indique que l'estomac de la personne en question digère tout ce que l'on lui donne.

Et puis, pour en terminer avec la nourriture, revenons au pigeon et n’oublions pas non plus une formule certes un peu vulgaire, mais très populaire. Lorsque quelqu'un fouille dans son nez, les Tchèques diront qu'il « récolte les pigeons », traduction littérale de « vybírá holuby ».

C’est avec cette expression et ce plat qui ne sont pas seulement une particularité et une spécialité de la gastronomie tchèque que s’achève ce « Tchèque du bout de la langue » consacré aux oiseaux – ptáci. En attendant de vous retrouver dès la semaine prochaine, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj !