Le nouveau gouvernement se veut pro-européen
La représentation de la Commission européenne à Prague a organisé, mercredi, une conférence portant sur la politique tchèque envers l’Union européenne à la lumière de la nouvelle répartition des forces politiques après les élections législatives d’octobre dernier. Si Bohuslav Sobotka, le leader du parti social-démocrate, sera nommé Premier ministre par le président de la République ce vendredi, la République tchèque n’est cependant pas encore gouvernée par son nouveau cabinet. Cette situation n’a néanmoins pas empêché David Král, le directeur de l’Institut pour la politique européenne Europeum, d’examiner la future politique européenne du pays.
« Le chapitre de l’accord relatif à la politique européenne n’est pas très long, car il reflète le plus petit dénominateur commun entre les trois partis. Je m’attends à ce que la future déclaration du gouvernement sur son programme à la Chambre des députés soit plus élaborée. L’accord de coalition évoque un changement radical de l’orientation de la politique européenne. J’interprète cela comme une volonté d’agir de manière plus concertée, contrairement au double discours de l’ancien gouvernement de Petr Nečas qui opposait souvent le ministère des Affaires étrangères, qui était lui pro-européen, au Premier ministre. Le nouveau cabinet entend être un partenaire plus constructif pour ses interlocuteurs européens et jouera moins le rôle de monsieur veto. »
L’accord de coalition contient également une déclaration d’intention dans laquelle David Král voit un engagement en faveur de l’adoption de l’euro. Concrètement, il s’agirait pour la République tchèque de se fixer comme objectif d’entrer dans le mécanisme de taux de change européen (MCE II), condition préalable à l’adoption de la monnaie unique.Sous la direction de la social-démocratie, du mouvement ANO et des chrétiens-démocrates, la République tchèque pourrait se joindre au pacte budgétaire européen (TSCG - Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance), signé par tous les Etats membres à l’exception de la Grande-Bretagne et de la République tchèque. Interrogé sur les tenants libéraux de ce traité, David Král trouve paradoxal que ce texte ait été rejeté par le gouvernement de droite de Petr Nečas et qu’il puisse être accepté par le nouveau gouvernement dirigé par le social-démocrate Bohuslav Sobotka :
« Pour ce qui est du contenu de ce pacte budgétaire, il est clairement plus proche de la politique fiscale de l’ancien gouvernement, qui prônait exactement ce qui figure dans le pacte, c’est-à-dire un resserrement des dépenses publiques et une responsabilité budgétaire. Le refus du pacte relève plus d’une posture personnelle de l’ancien Premier ministre Petr Nečas qui refusait tout ce qui provenait de l’UE. La politique d’un gouvernement présidé par un social-démocrate peut être plus en contradiction avec le contenu du pacte, mais tant que la République tchèque n’a pas l’euro, l’adhésion à ce pacte ne nous oblige à rien. C’est pourquoi j’estime qu’il s’agira d’un geste symbolique, celui du retour de la République tchèque dans le courant européen. »Enfin, l’amélioration de la capacité tchèque à obtenir le versement des subventions en provenance des fonds structurels européens figure parmi les priorités du futur gouvernement. Une priorité qui est aussi une nécessité, car durant la période budgétaire 2007 – 2013, le pays a été plusieurs fois soumis aux contrôles ainsi qu’aux sanctions de la Commission européenne pour l’opacité du système des programmes opérationnels régionaux (http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/subventions-europeennes-la-republique-tcheque-reste-un-eleve-particulierement-mauvais). Après avoir survolé tout ce que le texte de l’accord de coalition contient, David Král se dit surpris de n’y avoir trouvé aucune mention du soutien tchèque ni à l’élargissement de l’UE ni au Partenariat oriental. Or, le premier point est une constante de la politique étrangère tchèque, tandis que le second est un projet lancé précisément pendant la présidence tchèque du Conseil européen en 2009. Néanmoins, cette omission pourrait être réparée dans la déclaration du gouvernement sur son programme que la coalition tripartite soumettra aux députés au moment du vote de confiance.