Le parc : un lieu où le public et les architectes se rencontrent
La Fondation Proměny (« Transformations ») organisait ce jeudi une conférence portant sur la création des parcs dans les villes. Composé surtout de fonctionnaires municipaux venus de toute la République tchèque, le public a pu découvrir des exemples de bonnes pratiques en termes d’aménagement urbain qui associent les citadins à toutes les étapes du processus afin que les parcs correspondent à leurs désirs.
Architecte de profession, Petr Klápště est spécialiste de l’association du public au processus d’aménagement urbain. A la conférence, il a souligné qu’un partage clair des rôles entre les différents acteurs est fondamental afin que la participation soit un succès plutôt qu’un cauchemar :
« Quand on prépare le terrain pour la participation, il faut d’abord clarifier les rôles. Il faut savoir ce qu’apportent à ce processus les usagers de l’espace public, l’architecte et la mairie. Parfois, les gens ont tendance à enlever le crayon de la main de l’architecte et à dessiner le parc à sa place au lieu de dire comment ils veulent se sentir dans ce lieu. Le travail créatif est celui de l’architecte. En revanche, l’architecte n’est pas un pédagogue, il ne va pas expliquer aux gens la raison d’être du projet. Cette responsabilité ainsi que la prise de décision finale incombent à la mairie. Le public doit être informé et consulté à temps avant que les décisions ne soient prises. Sinon, leurs contributions peuvent compliquer le travail de l’architecte. »
La participation du public pose des exigences nouvelles à l’architecte. Il doit non seulement maitriser son métier, mais également accepter les retours des citoyens et savoir leur expliquer ses choix. Depuis deux ans et avec l’accompagnement de la Fondation Proměny, la ville de Litomyšl en Bohême de l’Est prépare la rénovation du parc qui longe la rivière Loučná. Pour organiser cet aménagement des rives, le projet des architectes Martin Rusina et Martin Frei est sorti vainqueur du concours. Martin Frei a partagé son expérience avec l’organisation du concours. La participation du public n’a pas été un obstacle à son travail, au contraire :« On savait que la Fondation Proměny gérait toutes les formalités autour de la préparation du concours. Donc on était sûrs qu’il allait être bien préparé. En effet, c’était parfait ou presque. J’ai l’expérience de concours bien préparés en France [il a travaillé pour l’atelier SOA architectes à Paris, ndlr], ce qui n’est toujours pas habituel ici, en République tchèque. Mais dans ce cas, tout était bien fait, toutes les analyses sociologiques ont été faites. La fondation et ses collaborateurs ont travaillé avec les écoles. Ils ont fait des tables rondes. Ils ont réalisé beaucoup de travail au préalable. Nous avions eu beaucoup d’informations et cela nous a permis de nous concentrer sur notre projet et de le faire pour les habitants de Litomyšl. On est obligé de toujours expliquer le projet et le choix qu’on a fait devant les gens, ce qui est intéressant, parce qu’on a un miroir qui réagit à notre projet et on sait ainsi s’il plaît ou pas. »L’implication du public ne signifie pas automatiquement une réussite. Martin Frei et Petr Klápště s’accordent pour souligner l’importance de la phase de préparation, jusqu’alors souvent négligée. C’est là que réside l’apport de l’accompagnement que la Fondation Proměny offre sur le long terme. Il opère un changement important dans la dynamique du projet car l’accent est mis sur la conception du projet et la consultation du public et non pas sur les travaux physiques dans le parc. La durée de cette phase s’en trouve considérablement allongée avec cependant pour résultat de satisfaire les attentes du public et d’assurer la longévité du parc.