Le parquet a inculpé une ancienne procureur de coresponsabilité dans la condamnation à mort de Milada Horakova

Le procès de Milada Horakova

L'ancienne procureur communiste Ludmila Brozova - Polednova, dernier acteur encore en vie du procès de Milada Horakova, sera traduite en justice, 57 ans après que le verdict ait été rendu.

Le parquet de Prague l'a inculpée de co-responsabilité dans l'assassinat politique de Milada Horakova. Martin Omelka, porte-parole du parquet municipal de Prague :

« Après étude du dossier, il a été décidé de porter plainte. La sanction prévue par la loi est de 12 à 15 ans de prison. »

La procédure d'instruction a duré plus de deux ans. Les enquêteurs ont retrouvé des documents écrits et sonores prouvant que le procès a été monté de toutes pièces par la StB et les procureurs. Pour Martin Omelka, la façon dont la procureur Brozova a agi dans l'affaire de Milada Horakova n'était pas en phase avec les normes d'alors : elle a aidé à mettre en scène un procès dans lequel le parti dirigeant avait décidé à l'avance des peines de mort. Le procès était sans précédent par l'engagement direct des conseillers soviétiques du KGB et par la manipulation de la société : une immense campagne médiatique avait été lancée et c'est ainsi que l'opinion publique a réclamé par des résolutions et des pétitions la peine capitale et d'autres peines sévères pour les accusés. Douze personnes ont été jugées dans le même procès que Milada Horakova et quatre ont été condamnées à mort. Milada Horakova était l'unique femme.

Le procès a été diffusé en direct pour intimider les ennemis potentiels du parti. C'est ainsi que les archives de la Radio tchèque conservent l'enregistrement authentique des propos tenus par la procureur Brozova-Polednova avant la prononciation du verdict de mort :

« Tandis que l'ouvrière textile Herainova de l'usine de coton de Beroun augmentait le rendement des métiers automatiques afin de contribuer à l'édification de la République, l'accusée Horakova organisait au sous-sol des groupes ennemis pour la destruction de notre République. »

Cinquante-sept ans après, Ludmila Brozova-Polednova, âgée de 86 ans, ne se sent pas coupable. « Telle a été la situation et Milada Horakova a fait ses aveux », a déclaré au quotidien Lidove noviny la femme que le procureur a inculpée de participation à l'assassinat politique de la politicienne démocratique. Même si elle n'est pas condamnée ou que la sentence n'est pas appliquée en raison de son grand âge, le fait qu'elle doive répondre de ses actes devant la justice est un geste moral et symbolique pour les victimes, écrit le journal.