Le parti social-démocrate (ČSSD) peine à attirer les jeunes
A l’issue de son dernier congrès, le Parti social-démocrate tchèque semble constituer désormais une formation homogène, pendant que les commentaires dans la presse soulignent qu’il peine à attirer les jeunes. L’attaque sanglante contre le Musée du Bardo dans la capitale tunisienne a inspiré certains éditorialistes tchèques qui ont rappelé les ambitions démocratiques de la Tunisie. La presse locale s’est également penchée sur la décision du président tchèque Miloš Zeman, jugée controversée, de participer aux commémorations de la fin de la Deuxième Guerre mondiale à Moscou, ainsi que sur les retombées de la décroissance démographique à attendre dans le pays avant la fin du siècle.
« Le congrès du ČSSD avait un point en commun avec celui de ANO. A retenir d’abord que Bohuslav Sobotka, chef réélu avec 85% des voix, n’avait pas d’adversaire, tout comme Andrej Babiš du mouvement ANO. En outre, on a pu constater que les sociaux-démocrates ont mis à plusieurs reprises en garde face à leur partenaire de coalition, ANO, et son chef Andrej Babiš, tout comme ce dernier avait précédemment formulé de lourdes critiques à leur encontre... Mais il n’y a pas d’autres analogies. Il faut souligner avant tout que le congrès des sociaux-démocrates a offert de l’espace à un véritable débat et que de ce fait on a pu y entendre des opinions très diverses. »
Le parti social-démocrate se serait alors présenté comme un parti homogène, mais non unifié. D’un autre côté, Martin Fendrych constate qu’il ne représente pas un parti moderne, ouvert à des opinions nouvelles. Il n’a pas notamment prêté oreille au discours de Jiří Diensbier, ministre en charge des droits de l’homme, dans lequel celui-ci a décrit l’inertie, la grisaille et d’autres problèmes graves du parti. Sa non-élection au poste de premier vice-président du ČSSD en dit d’ailleurs long, ce qu’a souligné Alexander Mitrofanov dans son commentaire publié sur le site novinky.cz :
« L’avertissement de Jiří Dientsbier selon lequel le parti social-démocrate n’attire pas la population des grandes villes, les diplômés universitaires, et encore moins les jeunes, n’a pas trouvé d’écho auprès des délégués. Pratiquement personne n’a réagi à ce thème et n’a voulu l’analyser. Et pourtant, le fait incontestable du manque d’attrait du parti, voire de son caractère repoussant, pour beaucoup de jeunes gens éduqués, a de quoi inquiéter l’ensemble de ses membres. »
La volonté de démocratie de la Tunisie à la lumière de l’attaque sanglante du Musée du Bardo
Selon l’éditorialiste Teodor Marjanovič du quotidien Mladá fronta Dnes, l’attaque sanglante qui s’est produite ce mercredi dans la capitale tunisienne a soulevé avec une nouvelle brutalité la question de savoir si l’on pouvait cultiver l’espoir de voir le monde arabe dépasser les problèmes qu’il rencontre. Dans l’édition de jeudi du journal, il a en même temps tenu à souligner que cet acte ne pouvait pas mettre en doute le succès des ambitions démocratiques de la Tunisie. Rappelant que ce pays avait donné le coup d’envoi à l’avalanche connue sous le nom de « Printemps arabe », il a écrit :« Nulle part, cette effervescence n’a apporté, en dépit de certaines erreurs graves, des résultats aussi positifs qu’en Tunisie. Et pourtant, ce pays est coincé entre l’Algérie, un monolithe toujours autoritaire, et la Libye, pays secoué depuis 2011 par le chaos. Il n’a pas donc de quoi s’inspirer, ni dans son passé ni dans ses alentours. Toutefois, l’année dernière, il a adopté une constitution en principe démocratique, tandis que lors des dernières présidentielles, le président sortant a été battu par un représentant de l’opposition avec 55% des voix ce qui peut être considéré comme un score démocratique standard. »
Pour toutes ces raisons, Teodor Marjanovič estime que l’attaque contre le musée du Bardo se présente bien plus comme une attaque à l’encontre de nos valeurs et de notre mode de vie libre que lorsqu’il s’agit d’autres crimes terroristes qui sont commis presque quotidiennement au Proche Orient et que, de ce fait, on peut déclarer sans hésitation « Je suis Bardo ». Le drame de ce mercredi appelle en même temps l’auteur à se demander si le monde arabo-musulman donne encore lieu à un regard optimiste et de conclure :
« Il serait déprimant de voir tomber cette unique exception que constitue la Tunisie et de nous sentir condamnés à un pessimisme fatal. »
Miloš Zeman participera au défilé des forces armées à Moscou
La décision du président de la République, Miloš Zeman, de participer, en mai prochain, aux commémorations de la fin de la Deuxième Guerre mondiale à Moscou, sème la controverse sur la scène politique et préoccupe les médias locaux. Dans un texte publié sur le site aktuálně.cz, Jan Lipold explique « pourquoi le président Zeman ne devrait pas assister à Moscou à une parade de Poutine ». Une parade qui se déroulera en présence, par exemple, du chef de la Corée du Nord, Kim Jong-un, mais à laquelle la majorité des représentants de l’Union européenne seront absents. Jan Lipold :« Miloš Zeman va se rendre à Moscou prétendant que dans le cas contraire, il s’agirait d’une insulte à l’égard des soldats russes morts lors de la libération de la Tchécoslovaquie. Nul ne doute évidemment que le respect pour les victimes des guerres est l’une des obligations présidentielles fondamentales. Mais une présence aux commémorations russo-soviétiques dans le contexte de la situation internationale de l’an 2015 n’a rien à voir, sinon très peu, avec ce constat. Ou bien devrait-on croire qu’à la différence du président tchèque, les chefs d’Etat de quelque 24 pays membres de l’Union européenne sont dépourvus du sens du respect pour le passé, l’héroïsme et les victimes ? Tel n’est bien entendu pas le cas. »
Jan Lipold remarque enfin qu’il existe d’autres moyens permettant de rendre hommage aux héros et aux victimes de la guerre qu’une présence à un défilé des forces armées de Poutine. Supposant cependant que le président tchèque ne changera pas d’avis, il suggère une « grippe diplomatique » comme une issue correcte à la situation.
En l’an 2100, 3 millions d’habitants de moins sur le territoire tchèque?
Le vieillissement et le déclin démographique de la population tchèque est une question qui est traitée dans la récente édition de l’hebdomadaire Ekonom. Celui-ci constate que ce phénomène touche, à l’exception de Prague, l’ensemble de la République tchèque. Il survient après un court boom démographique lié aux enfants nés dans les années 1970, la génération dite « les enfants de Husák », et à leur progéniture. En se référant aux prévisions « moyennes » de l’Office tchèque des statistiques qui s’appuient sur le dernier recensement de la population, Josef Pravec précise :« Le République tchèque non seulement vieillit, mais elle est aussi en train de se dépeupler. Selon les évaluations des démographes, le nombre d’habitants qui se situe à l’heure actuelle autour de 10 millions et demi, devrait baisser avant la fin du siècle de quelque trois millions. Les représentants politiques sont alors confrontés à trois tâches : celle de ralentir la tendance au dépeuplement, de faire venir des ressortissants étrangers acceptables pour la société majoritaire et d’initier les démarches permettant aux personnes de plus de 65 ans de se mettre en valeur sur le marché du travail, en rapport avec la hausse continue de l’âge de la retraite. Quoi qu’il en soit, la République tchèque va fondamentalement changer d’ici l’an 2100, car l’évolution démographique défavorable qui, en plus, n’est pas équilibrée sur le plan régional, est irrésistible. »
Selon les prévisions, à l’avenir, les ressortissants venus de l’Est, en particulier de l’Ukraine, vont s’assimiler parfaitement avec le milieu local, cédant place aux nouveaux ressortissants, vietnamiens, chinois, arabes et ceux venus du continent africain. L’auteur de l’article remarque que l’intérêt pour la République tchèque ne sera pas pour autant très grand, faute d’opportunités suffisantes de travail. Enfin, il écrit :
« La perte de trois millions de personnes d’ici la fin du siècle représentera un bouleversement comparable à la Guerre de Trente ans ou au transfert des Allemands des Sudètes après l’an 1945. Dans la deuxième moitié de ce siècle, on peut en effet s’attendre à une disparition annuelle de 50 000 personnes, suite à quoi le nombre d’habitants sur le territoire tchèque en l’an 2100 variera autour de 7,7 millions de personnes seulement. »