Le photographe du dalaï-lama expose ses clichés à Prague
« Il y a un lien très fort entre les Tchèques et la cause tibétaine » : ce sont les mots d'Olivier Adam, co-auteur avec Dominique Butet de l'exposition « Les filles de Bouddha (Buddhovy Dcery) », une collection de clichés mettant les projecteurs sur les nonnes de l’Himalaya. Les photos sont exposées à la Galerie nationale à Prague jusqu’au 28 février, une initiative qui relève aussi de l’ONG Most ProTibet, une association tchèque qui œuvre pour les droits des Tibétains et la juste reconnaissance de leur culture. Décryptage du lien si spécial entre les Tchèques et la cause tibétaine.
« La genèse du projet remonte à 2008 quand j’ai commencé à photographier des nonnes de Dharamsala, une région de l’Inde du nord où réside le dalaï-lama ainsi qu’une grande communauté tibétaine en exil. C’est donc dans les cinq nonneries autour de Dharamsala, qu’est né ce projet. Au départ, il était essentiellement centré sur les nonnes tibétaines exilées du Tibet depuis les années 1970. Ensuite, le projet s’est quelque peu généralisé à toutes les régions de l’Himalaya, au Népal, dans les montagnes de l’Inde du Nord, une partie au Bhoutan et il y aura encore, je pense, une partie au Tibet l’été prochain pour conclure ce projet. »
Ce projet humaniste est aussi né grâce à la coopération avec Most ProTibet. L’association est très impliquée à l’étranger puisqu’elle souhaite améliorer les conditions de vie et l’éducation des réfugiés tibétains dans les régions autour de l’Himalaya. En Tchéquie, elle coordonne entre autres, des programmes éducatifs sur le Tibet dans les écoles, et organise chaque année le festival ProTibet, qui programme des conférences, des concerts, ou encore des projections de films sur des sujets tels que la migration, les droits de l'Homme, ou la culture tibétaine. Olivier Adam dépeint sa rencontre insolite avec ces militants tchèques :« Le contact avec Most était un pur hasard. Avec ma femme Dominique Butet, nous étions au Spiti, une région himalayenne de l’Inde du Nord que nous ne connaissions pas encore. Nous nous sommes retrouvés à boire un thé dans une nonnerie en compagnie du lama Pema Samdup qui va venir à Prague le week-end du 25 et 26 février dans le cadre d’une tournée, et pour faire un mandala de sable à la Galerie nationale. »
En République tchèque, Olivier Adam et Most ProTibet ne sont pas les seuls à œuvrer pour la cause tibétaine. L’exposition était au programme, en octobre dernier, du « Festival de la Démocratie », un évènement organisé par le Forum 2000. Cette fondation créée à l’initiative de Václav Havel lutte pour les droits de l’Homme, et compte le dalaï-lama parmi son « conseil consultatif international ». Et chaque année, dans le cadre de la commémoration de la journée du soulèvement tibétain, plusieurs centaines de mairies tchèques hissent le drapeau du Tibet. L’intérêt des Tchèques pour les Tibétains est donc bien réel…mais peut surprendre, du fait de la distance qui sépare ces deux peuples. Ce sont des causes historiques qui expliqueraient, selon Olivier Adam, cette empathie :« Le dalaï-lama entretient un lien avec la Tchéquie que je n’ai jamais vu ailleurs, même si je l’ai suivi dans de nombreux endroits en Europe. Il faut savoir que Václav Havel et le dalaï-lama étaient deux amis très proches. A titre d’exemple, le chef du Tibet était très ému lorsqu’il a déposé au mois d’octobre une écharpe blanche sur le buste de Václav Havel, qui repose à Strasbourg. Il y a une affinité qui peut s'expliquer par le combat des Tibétains pour une forme d'autonomie, et non pas d’indépendance, qui rappelle peut-être un combat passé en République tchèque. Mais en tout cas, il y a une affinité à laquelle j’ai pu assistée lorsque le dalaï-lama était à Prague il y a de cela quelques mois. »
Le partenariat entre Olivier Adam et la Galerie nationale perdurera sûrement après cette exposition, à travers le prochain livre du photographe qu’il aimerait traduire en tchèque. L’exposition est quant à elle ouverte au public jusqu’au 28 février et le lama tibétain Pema Samdup sera à la Galerie nationale, le week-end du 25 et 26 février.