Le pont de Nusle fête ses 35 années

C’est le 23 février 1973 que les premières voitures ont commencé à traverser la vallée de Nusle par un nouveau pont. Il avait reçu le nom du celui qu’on appelait le « premier président ouvrier » tchécoslovaque, Klement Gottwald. Aujourd’hui, il s’appelle le pont de Nusle et c’est l’une des plus principales artères de la capitale tchèque traversé aussi bien par la « magistrála », la voie rapide qui relie Prague du nord au sud que par la ligne C du métro pragois. Mais l’idée de traverser la vallée de Nusle et de raccourcir ainsi le trajet entre le nord et le sud de la capitale n’était pas nouvelle.

En 1903, déjà, l’architete Jaroslav Mariánek avait réalisé les premiers plans d’un chantier qui était des plus futuristes pour l’époque. Pourtant, ce n’est que beaucoup plus tard, dans les années trente, plus exactement en 1926, 1933 et 1953 que les premiers plans apparaissent vraiment sur le papier. Le plus audacieux était, certainement, celui de l’architecte Josef Havlíček. Des immeubles de treize étages devaient servir de pylônes à toute l’architecture. Le pont de Nusle tablait déjà sur les transports en commun et les immeubles devraient servir d’habitation, sur lesquels une voie rapide de chemin de fer, ou plutôt une sorte de tramway suspendu aurait transporté les voyageurs. Le projet est toutefois abandonné en 1927.

Plusieurs autres projets ont été abandonnés, surtout en raison d’investissements trop importants et de solutions techniques qui étaient irréalisables avec les moyens de l’époque. Ce n’est qu’au début des années soixante que le gouvernement communiste d’alors décide enfin de se lancer dans le projet de traverser la vallée de Nusle. En effet, la construction du métro de Prague avait été décidée, et il devenait vraiment indispensable de relier le sud de la capitale, en plein essor, avec le nord.

En 1960, le projet des architectes Vojtěch Michálek, Stanislav Hubička et Svatopluk Kobra est retenu et les travaux commencent en 1967. Tout d’abord, des anciens immeubles relativement vétustes sont détruits, mais tout d’abord il était nécessaire de reloger les habitants dans le quartier de Pankrác, situé sur la colline du même nom, de l’autre côté de la vallée de Nusle.

Et pendant combien de temps, le pont de Nusle servira-t-il encore au trafic routier et au métro pragois ? D’après le chef de chantier, Hyněk Haslivec, encore plus d’une centaine d’années. C’est du moins ce qu’on sait de la longévité du béton qui a été employé pour sa construction. Une curiosité pour finir encore : lors des essais, en 1970, l’armée tchécoslovaque d’alors y a fait circuler plus d’une soixantaine de chars et tirer des coups de canon. Le pont n’a pas bougé d’un centimètre. En 1981, pourtant, il a subi une importante reconstruction et son accès a été bloqué pendant 164 jours.