La lecture demeure un des passe-temps favoris des Tchèques
Le goût des Tchèques pour la lecture ne semble pas s’affaiblir. Nous vous en dirons plus dans cette nouvelle revue de presse qui se penche aussi sur le débat concernant l’éventualité d’exhumer des fosses communes où reposent les victimes des régimes communiste et nazi. Le manque d’archéologues professionnels, l’architecture tchèque vue de l’extérieur et le boom incessant des mini-brasseries ; tels sont les autres thèmes au menu de cette rubrique.
« En ce qui concerne le nombre de livres achetés et lus, la Tchéquie se classe parmi les premières places à l’échelle européenne. Au cours de l’année écoulée, les Tchèques ont dépensé à cette fin plus de sept milliards de couronnes. En moyenne, un Tchèque lit 17 livres par an. Par ailleurs, les sondages effectués dans les années 2007, 2010 et 2013 par l’Institut pour la littérature tchèque révèlent que durant les périodes étudiées, le nombre de lecteurs actifs n’a pas baissé. Il convient également de retenir que la Tchéquie dispose du réseau le plus étendu de bibliothèques publiques au monde. »
Le supplément Relax rappelle la tradition tchèque des bibliothèques à domicile qui remonte à l’époque de la Première République, un phénomène qui persiste toujours et qui a survécu même à quarante ans de régime communiste. Ces bibliothèques contiennent en général plus de livres que celles dont disposent, par exemple, les Allemands ou les Polonais. Toujours selon les recherches auxquelles le texte se réfère, deux tiers des Tchèques posséderaient plus d’une cinquantaine de livres. S’agissant de la popularité des livres audio qui est en hausse dans le pays, l’auteur de l’article indique :
« La lecture sur les différentes liseuses est très populaire en Tchéquie. Elle est recherchée tant par les hommes que par les femmes. Les enfants, quant à eux, aiment cette ‘lecture par les oreilles’, car elle leur permet de consommer rapidement la lecture scolaire obligatoire. Toutefois, à l’instar de ce que l’on voit ailleurs, même sur le marché tchèque, les livres papier ont jusqu’ici réussi à résister aux livres audio. »
Un débat et des initiatives à propos des fosses communes
Ouvrir les fosses anonymes dans lesquelles sont déposés les restes de milliers de victimes des régimes nazis et communistes et qui sont dispersés sur l’ensemble de la République tchèque, afin de permettre leur éventuelle identification, est-ce une idée pertinente ? C’est l’objet d’un débat entre le ministère de la Défense et les organisations des anciens prisonniers du régime communiste. Le plus grand cimetière avec des fosses anonymes abrite les restes de quelque 14 000 personnes et se trouve à Prague-Ďáblice. C’est là aussi que sont probablement enterrés les héros de la résistance anti-nazie, les parachutistes Jozef Gabčík et Jan Kubiš. Un texte mis en ligne sur le site echo24.cz rapporte à ce propos :« Selon le ministère de la Défense, les membres des familles et les amis des victimes enterrées de façon anonyme s’opposeraient aux exhumations. L’Association des anciens prisonniers politiques et la Confédération des prisonniers politiques de la République tchèque partagent quant à elles un avis différent. Pour atteindre leur but, elles ont lancé une initiative intitulée ‘Aux défunts leurs noms’, dont l’objectif consiste à établir en un court laps de temps les listes de tous ceux qui pourraient reposer dans les fosses anonymes. »
Le projet est soutenu par une partie des parlementaires, toutes orientations politiques confondues. L’auteur du texte rappelle que c’est justement dans le cimetière de Ďáblice qu’ont été exhumés en novembre 2014 les restes du prêtre Josef Toufar, accusé dans un procès manipulé par les autorités communistes et torturé à mort en 1950. Voilà qui a ouvert le débat en vue de la modification de la législation de façon à ce qu’elle permette l’exhumation de l’ensemble des corps déposés dans les fosses communes.
La Tchéquie en manque d’archéologues professionnels
La Tchéquie dispose de près de 500 archéologues professionnels qui s’occupent de l’héritage archéologique du pays. Ceux-ci exercent leur profession dans des musées locaux ou dans des instituts de sauvegarde du patrimoine national, la moitié d’entre eux seulement travaillant sur le terrain pour effectuer des fouilles. D’après ce que le nouveau directeur de l’Institut archéologique de Prague Jan Mařík, 41 ans, a récemment confié au quotidien Lidové noviny, le manque de professionnels permet de contourner les recherches archéologiques obligatoires. Pour améliorer les choses, il réclame l’adoption d’une nouvelle loi sur la protection du patrimoine en République tchèque, car la législation actuellement en vigueur date de 1987 et serait périmée. S’agissant des recherches archéologiques qui sont effectuées en Tchéquie par des amateurs et qui sont très répandues, il indique sa position :« Il y a une chose qui est peu connue. C’est que près de trente mille détecteurs destinés à des fouilles archéologiques ont été à ce jour vendus en Tchéquie. Or, même si beaucoup de gens, découragés par plusieurs échecs, capitulent et déposent leur matériel, j’évalue le nombre de ceux qui continuent à les utiliser à dix mille. Ma vision est de ‘cultiver’ cette communauté d’archéologues amateurs de façon à ce qu’ils soient en mesure de pratiquer une sorte de ‘science civique’, une façon d’aider la science professionnelle. »
Le nombre de sites que les archéologues parviennent à fouiller convenablement varie d’une région à l’autre. La meilleure situation se présente en Bohême centrale et de l’Est.
L’architecture tchèque vue de l’extérieur
Le site aktuálně.cz a donné la parole à un architecte tchèque établi depuis la fin des années 1960 en Suisse pour présenter un regard décalé sur certains aspects de l’architecture qui prévaut en Tchéquie au cours des dernières années. Devenu membre du jury du Prix tchèque pour l’architecture, Jiří Oplatek remarque à ce sujet :« Après les années sauvages 1990, au cours desquelles tout le monde a voulu rattraper ou même devancer l’Europe occidentale, les choses se sont calmées et cela a donné naissance à toute une série de constructions de grande qualité. C’est aussi la qualité des détails et la qualité artisanale qui se sont considérablement améliorées. Désormais, beaucoup d’édifice sont tout à fait comparables avec l’architecture de pointe qui existe en Suisse. Mais, à mon sens, l’évolution de l’architecture tchèque va être de plus en plus influencée par les tendances de la mondialisation. Je crains alors que les tendances régionales, que je trouve en bien des cas très sympathiques, ne soient de plus en plus rares. »
Les problèmes auxquels les villes tchèques doivent faire face seraient presque identiques à ceux que connaissent les métropoles de l’Europe occidentale : des centres dépeuplés, des surfaces commerciales à la périphérie, la circulation automobile, le vieillissement de la population, etc. Un élément qui mérite une attention spéciale en Tchéquie, ainsi qu’une amélioration, selon l’architecte tchéco-suisse, ce sont les espaces publics. Pour lui, c’est la ville de Brno, capitale de la Moravie du Sud, qui pourrait servir d’exemple du fait que même des investissements modestes sont à même d’apporter une immense augmentation de la qualité de vie.
Le boom des mini-brasseries en Tchéquie se poursuit
Selon les évaluations faites il a cinq ans, le marché tchèque était déjà saturé avec 200 voire jusqu’à 300 mini-brasseries. Pourtant, ces estimations se sont avérées trop prudentes, car il y en a maintenant plus de 370 qui se portent assez bien. Quand ce boom va-t-il s’arrêter ? C’est la question que se pose le journal en ligne Ekonom.cz, qui indique :« Il y a peu de domaines en Tchéquie qui peuvent se targuer d’une croissance aussi importante que celui des mini-brasseries. Cette forme d’entreprise attire tant les simples amateurs de bière qui veulent ainsi accomplir leur rêve et leur ambition, que les investisseurs, car ils sont en mesure d’amortir rapidement l’argent investi. Un autre avantage, c’est que sur le marché, les mini-brasseries ne se font guère mutuellement concurrence. Elles ne constituent pas non plus une concurrence pour les plus importants acteurs de la brasserie, en n’occupant que près de 2% de la production annuelle de la bière à l’échelle nationale. Ce sont pourtant ces bières qui offrent aux consommateurs locaux une gamme de goûts variés de la bière jamais vue auparavant. »
Le nombre de grandes brasseries, plus d’une quarantaine aujourd’hui sur l’ensemble du territoire, augmente en revanche beaucoup plus lentement.