Le pouvoir d’achat des Slovaques supérieur à celui des Tchèques
Une comparaison du pouvoir d’achat des Tchèques et des Slovaques, près de 23 ans après la partition de l’ancienne Tchécoslovaquie, n’est pas favorable aux premiers. La veille de sa démission du poste de chef du parti TOP 09, Karel Schwarzenberg a accordé une interview à l’hebdomadaire Echo. La discorde entre le président de la République, Miloš Zeman, et le premier ministre, Bohuslav Sobotka, a été récemment alimentée par un entretien accordé par le chef de l’Etat à un grand quotidien tchèque. Les extrémistes de droite envisageraient de répondre à la vague migratoire par la formation de milices territoriales. L’affaire Dieselgate à Volskwagen, auquel le groupe Auto Škoda appartient, ne devrait pas avoir d’incidences sur l’économie tchèque. Un scientifique reconnu répond à la question de savoir comment réconcilier l’exactitude scientifique avec la foi. Tels sont les sujets traités dans cette revue de presse hebdomadaire.
« Comme le révèlent les résultats d’une enquête de la société GfK concernant le pouvoir d’achat des populations européennes, c’est en effet pour la première fois dans l’histoire que la Slovaquie se retrouve devant la République tchèque. Et il ne s’agit pas uniquement de la capitale slovaque, Bratislava. Ainsi un Slovaque peut annuellement dépenser près de 450 euros de plus qu’un Tchèque. La comparaison avec l’Allemagne est plus défavorable encore. Le pouvoir d’achat y est trois fois plus élevé qu’en Tchéquie. »
En dépit de l’affaiblissement du cours de la couronne imposé par la Banque nationale tchèque qui contribue à cet état de choses, force est de constater que l’économie slovaque, comparé à l’économie nationale, n’a de cesse de croître remarquablement. Cela se traduit dans les revenus de la population slovaque qui, dans les années 1990 encore, étaient d’un tiers inférieurs à ceux des Tchèques et qui désormais à un niveau relativement similaire. C’est une des raisons pour laquelle, sur le plan salarial, la Tchéquie n’est plus un pays aussi attirant pour les Slovaques comme il l’était auparavant. Luboš Palata remarque également :
« Même si les représentants politiques slovaques pourraient mettre ce ‘bond devant la Tchéquie’ à profit dans leur campagne précédant les élections législatives de mars prochain, ils ne semblent pas prêts à le faire. Selon les déclarations du ministre slovaque de l’Intérieur, Robert Kaliňák, par exemple, il ne s’agit pas entre les deux pays d’une compétition, mais de rapports de partenariat et de soutien. »
D’un autre côté, l’auteur de l’article publié dans le quotidien Mladá fronta Dnes signale que, par rapport à la Tchéquie, la Slovaquie a toujours un retard à rattraper notamment dans les domaines de l’enseignement et de la santé publique. Les médecins, les infirmiers et les étudiants slovaques qui continuent à partir pour la Tchéquie en seraient une illustration éloquente.
Karel Schwarzenberg et la fin d’une époque
Le congrès du parti TOP 09, un parti d’opposition de la droite conservatrice, qui se déroulera pendant ce week-end, verra démissionner de son poste son président, Karel Schwarzenberg. A la veille de cet événement, l’hebdomadaire Echo a publié un entretien, dans lequel cet ex-chef de la diplomatie tchèque et ancien candidat présidentiel s’exprime entre autre sur l’établissement dans le pays, à l’issue des élections de 2013, d’un « modèle oligarchique », en disant :« Il n’y a pas de doute que l’ère d’après novembre 1989 s’est ainsi terminée. Mais il ne faut pas oublier que la crise des partis politiques classiques est observable dans une certaine mesure dans l’ensemble de l’Europe, car ces partis deviennent de plus en plus ennuyeux. Dans une telle situation, n’importe quel politicien doté d’un peu de charisme peut séduire... Mais si, en Europe, les électeurs ne donnent pas pour autant leurs voix aux oligarques, c‘est tout simplement parce que des oligarques dans le sens russe du mot n’y existent pas. Notre modèle, avec plusieurs multimilliardaires dominants, a pu être créé grâce à nos circonstances spécifiques. »
Karel Schwarzenberg évoque dans ce contexte certains parallèles avec la Deuxième République tchécoslovaque (1938 – 1939) ou avec la situation qui prédominait en Italie il y a une vingtaine d’années, ainsi que la volonté d’une grande partie de la population de prêter l’oreille à des slogans radicaux.
La discorde entre le chef de l’Etat et le chef de gouvernement s’approfondit
Le quotidien Mladá fronta Dnes de ce jeudi a publié en première page une grande interview avec le président de la République, Miloš Zeman, dans lequel il s’explique sur sa présence aux célébrations de la fête du 17 novembre, aux côtés du chef de la formation islamophobe du « Bloc contre l’islam », Martin Konvička. Une occasion pour lui, aussi, de critiquer le premier ministre social-démocrate, Bohuslav Sobotka, et son comportement qu’il décrit comme des « insolences de gamin ». Le chef de l’Etat a tenté également d’expliquer en quoi le chef du gouvernement menacerait la sécurité de la République. Nous citons :« Il la menace en raison de son hésitation, son manque de détermination et de toute une série de gestes en apparence réconciliatrices et humanistes qui, à mon avis, sous-estiment le danger réel. Moi en revanche, je considère la crise migratoire comme une « invasion organisée. »
Le site aktuálně.cz constate qu’aussi aiguë soit cette discorde, il ne s’agit pas, et de loin, du premier conflit entre les deux hauts représentants de l’Etat, rappelant certaines de leurs précédentes différences de vue, concernant par exemple les sanctions contre la Russie en rapport avec le conflit en Ukraine. Le site, de concert avec plusieurs autres sites des grands quotidiens nationaux publie également les réactions de différents politiques, notamment du parti social-démocrate, critiquant les propos du chef de l’Etat à l’égard du premier ministre.
Extrémisme : des milices territoriales comme réponse à la venue des réfugiés
« Les extrémistes tchèques mettent en place des milices territoriales et veulent s’armer. » C’est ce que titre l’éditorial de ce mardi du quotidien Lidové noviny, qui écrit que leurs initiateurs veulent ainsi répondre à l’arrivée de migrants en Europe, à l’égard desquels ils affichent des positions très négatives. Selon un représentant du groupuscule Démocratie nationale, un petit parti d’extrême droite, qui est cité dans le journal, « il y a lieu de faire front à la « vague migratoire invasive » en établissant des milices qui, en cas de conflit, seront capables de défendre les opinions de la population ». Tomáš Tománek précise plus loin :« Cet avis est partagé par d’autres formations d’extrême droite, ainsi que par l’initiative intitulée ‘Les soldats tchécoslovaques de réserve contre la guerre planifiée par l’état-major de l’OTAN’ qui déclare sa volonté d’offrir une aide méthodique aux milices territoriales. Selon certaines sources, ces dernières figurent dans le viseur du Service de renseignement et de sécurité (BIS). »
L’auteur du texte signale que les représentants des partis parlementaires, quant à eux, ne perçoivent pas, à quelques exceptions près, de telles initiatives comme une menace. Les politologues interrogés considèrent à leur tour qu’il ne faudrait pas surestimer les efforts des formations qui n’ont qu’une importance marginale. Ce qui semble plus inquiétant pour eux, c’est l’adoption par les grands partis de leur discours radical.
L’affaire Dieselgate sans incidences sur l’économie tchèque
Les problèmes de Volkswagen, auquel le constructeur automobile tchèque Škoda Auto appartient depuis 1991, et qui sont liés à l’affaire Dieselgate, scandale de triche aux émissions polluantes, n’auront pas d’incidences sur l’économie tchèque. C’est ce qu’affirme dans son analyse l’économiste Jan Bureš de la banque ČSOB auquel se réfère un texte mis en ligne sur le site du quotidien économique Hospodářské noviny. Il étaye ses arguments notamment par la situation économique qui est actuellement en Europe favorable et qui veut que les gens aient envie d’acheter de nouvelles voitures. Une chute des ventes considérable des marques du groupe Volkswagen est donc peu probable. L’article rappelle qu’un quart de la production industrielle en Tchéquie repose sur le secteur automobile.Concilier l’exactitude scientifique et la foi
Le physicien tchèque Libor Pátý, professeur universitaire, 86 ans, est un des scientifiques les plus reconnus dans son pays. Dans les pages du dernier numéro de l’hebdomadaire Respekt, il s’est exprimé sur différents sujets et a notamment évoqué la question de la foi. A la question de savoir comment concilier ses identités de chercheur et de croyant, il répond :« Donner une réponse n’est pas facile. Le but de la science consiste à chercher une connaissance dans le cercle du monde que nous sommes à même de toucher par nos doigts et par nos sens. Un monde au sein de l’horizon qui est à la portée de nos yeux et dans lequel il y a lieu de parler d’exactitude, d’honnêteté de nos efforts. Il serait en même temps naïf de réduire l’existence du monde, uniquement, à l’univers que nous pouvons toucher. Il faut admettre qu’il existe quelque chose au-delà de cet horizon. Et dans ce cas-là, il ne nous reste qu’une chose et c’est la pensée. Il faut alors se demander qui est le générateur du monde, en dehors de notre horizon. La foi en ce générateur du monde est justifiée, car sans lui, il n’y aurait pas de monde, il n’y aurait pas ce qui se trouve au sein de cet horizon, nous-mêmes ne serions pas. »