Le président tchèque récompense le roi de Jordanie pour sa lutte contre l’Etat islamique
Dans le cadre de son voyage officiel au Moyen-Orient, le président de la République tchèque, Miloš Zeman, se rend ce lundi en Jordanie. A cette occasion, le chef de l’Etat compte remettre la plus haute décoration du pays, l’Ordre du lion blanc, au roi Abdallah II afin de le récompenser pour sa lutte contre l’Etat islamique.
Au micro de Radio Prague, le politologue, Lukáš Jelínek, n’a pas caché son incrédulité quant à l’octroi de l’Ordre du lion blanc. Il a indiqué que les raisons du chef de l’Etat étaient doubles : le développement de relations commerciales bilatérales, qui va dans le sens de la diplomatie économique dictée depuis un certain temps par Miloš Zeman, d’une part, et la question de la politique internationale d’autre part. Même si le président de la République a donc besoin de faire des ‘gestes amicaux’ à l’égard des pays arabes, Lukáš Jelínek a indiqué :
« Il s’agit certainement d’un prétexte. Cet acte semble superficiel, je dirais même assez primitif. Mais Miloš Zeman est un président qui prend du plaisir dans les gestes, dans les mots. Il n’est pas le président de profondes analyses ou d’analyses compliquées. Miloš Zeman fait ce qu’il pense être juste au moment donné, ou ce qui semble produire un plus grand effet. Je crois donc qu’il s’agit ici d’un exemple similaire. C’est pourquoi je ne considère pas qu’exporter l’Ordre du lion blanc à l’étranger soit quelque chose de très habituel et je ne crois pas que ce serait dans cette situation quelque chose d’absolument indispensable. »Toutefois, le ministre des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek, a publié ce lundi un article dans le quotidien Právo, qui fait appel au monde arabe afin qu’il tente de régler par lui-même ces dangereuses ramifications islamiques, tout en soulignant que les forces militaires occidentales, aussi nombreuses soient-elles, ne suffisent pas. A ce propos, Lukáš Jelínek, apporte des nuances :
« Je crois que l’attribution de l’Ordre du lion blanc par Miloš Zeman fait en quelque sorte suite à cet appel de Lubomír Zaorálek. De la part du président, on peut parler de ‘motivation positive’ à l’encontre des représentants arabes, pour qu’ils coopèrent avec nous à la résolution de ce problème difficile. Donc tandis que l’article de Lubomír Zaorálek réagit fermement et, en quelque sorte en opposition aux récentes déclarations du chef de l’Etat lors des commémorations de la libération du camp d’Auschwitz, alors le geste, que s’apprête à faire le président de la République, est un geste qui fait partie du répertoire des hommes politiques, qui essaient de résoudre ou anticiper une situation par le biais diplomatique non conflictuel. Si je me penche davantage sur la question, alors je dirais qu’exporter de cette façon l’Ordre du lion blanc est peut-être plus convenable que d’exporter des soldats à l’étranger, afin qu’ils y représentent la République tchèque. »Même si à diverses occasions, la politique étrangère s’est souvent présentée comme un terrain propice à la discorde entre le ministre des Affaires étrangères, et le président de la République, la politique extérieure reste le domaine dont répond le gouvernement.
Afin de lui remettre l'Ordre du lion blanc, le chef de l'Etat doit rencontrer le roi Abdallah ce mercredi, et ce malgré le fait que le roi de Jordanie soit cité dans l'affaire d'évasion fiscale, baptisée "Swiss Leaks".