Le Prix Franz Kafka 2007 a été attribué au poète Yves Bonnefoy
C'est le poète français Yves Bonnefoy qui sera lauréat du Prix Franz Kafka 2007. Le jury international a pris cette décision cette semaine à Prague. Né en 1923 à Tours, Yves Bonnefoy a été d'abord marqué par le surréalisme et André Breton mais il a fini par choisir une voie indépendante. Yves Bonnefoy est entré dans la poésie en 1947 avec le recueil intitulé « Anti-Platon ». Aujourd'hui, il est considéré comme l'un des plus importants poètes français et européens. Le Prix Franz Kafka, qui a été décerné dans le passé à Elfriede Jelinek, Harold Pinter, Haruki Murakami, Philip Roth, Ivan Klima et Peter Nadas, lui sera remis à Prague en octobre prochain. Plusieurs oeuvres de ce poète, dont « Du mouvement et de l'immobilité du Douve », « Pierre écrite », « Planches courbes », ont été traduites en tchèque, et à partir de 2006 le lecteur tchèque peut aussi lire dans sa langue un choix des « Essais » d'Yves Bonnefoy. Le poète était venu à Prague en 2005 pour participer au Festival des écrivains. A cette occasion il avait évoqué, au micro de Radio Prague, la Renaissance italienne en tant que source de la poésie moderne :
"Je pense que toute notre poésie moderne est la fille de la Renaissance dans la mesure où la Renaissance a été aussi le retour de la grande poésie du monde antique et c'est de cet imaginaire-là, imaginaire associé à la réalité naturelle, associé à la vie physiquement naturelle, c'est à tout ce passé antérieur aux christianisme que nous devons la plus grande richesse de notre intuition poétique. Dans ces conditions, il n'y a rien de directement associable à la Renaissance dans ce que j'ai écrit, mais je suis sûr que ce que j'écris n'existerait pas s'il n'y avait pas eu la Renaissance, et en particulier la Renaissance italienne, c'est-à-dire l'architecture, une relation avec l'unité à travers les nombres qui a beaucoup compté pour moi."
Vous avez écrit aussi un ouvrage sur l'art baroque "Rome, 1630". Vous vous trouvez maintenant à Prague et Prague aussi est une ville baroque. Comment vous voyez le baroque de Prague?
"Le baroque de Prague est très différent du baroque romain. Il est moins métaphysique, c'est-à-dire qu'il cherche moins à poser, dans chacune de ses constructions, le problème fondamental du rapport de l'existence et de l'unité, du divin, mais en tant qu'occupation des lieux, en tant que construction d'une ville, en tant qu'aménagement de la réalité quotidienne, de la réalité vécue, il est incomparable, et j'y suis extrêmement attaché. Je l'admire beaucoup."Est-ce que les poètes et les écrivains pragois de langue tchèque ou de langue allemande ont joué un rôle dans votre création littéraire ?
"Non, malheureusement parce que je ne connais ni la langue tchèque ni la langue allemande et on n'a de véritables rapports qu'avec les auteurs qu'on peut lire dans leur propre langue. Bien sûr j'ai lu Hölderlin, Kafka, Rilke et d'autres, mais à part Kafka, parce qu'il y a dans son oeuvre une problématique fondamentalement universelle, je n'ai pas de relations profondes avec les auteurs d'Europe centrale. Si, quand même, Hofmannsthal. Vous voyez je pense en parlant, Kafka et Hofmannstahl."