Le programme tchèque de greffes de la cornée «Adjamal» est lancé en Afghanistan
Le projet « Adjamal » ayant pour but de former en Afghanistan des médecins capables d'effectuer des greffes de la cornée a accompli sa mission, mais il ne s'arrêtera pas avec le départ de l'ophtalmologiste tchèque, Martin Filipec, qui a passé sept semaines à Kaboul.
A l'origine il y avait une photo d'un garçon afghan aveugle, Adjamal, parue en 2001 dans le quotidien national Lidove noviny. Marta Nollova de l'association civique Berkat et Petra Prochazkova, reporter de guerre en Afghanistan et en Tchétchénie, ont commencé à organiser une chaîne de solidarité en sa faveur. De 2003 date leur coopération avec le médecin ophtalmologiste Martin Filipec de la clinique pragoise Lexum, et la mise au point de tout un programme de greffes de la cornée et de traitement du leucome. Le 16 juillet dernier, le docteur Martin Filipec et son collègue italien Claudio Carresi se sont envolés pour la clinique Noor à Kaboul. Qu'est-ce qui l'a le plus frappé à son arrivée ?
« Le plus tragique était que les greffes de la cornée n'étaient plus pratiquées en Afghanistan, après 25 années de guerre. Ce qui m'a choqué également, c'est que des dizaines de milliers d'enfants afghans souffrent de défauts de réfraction qui pourraient être facilement corrigés par le simple port de lunettes. Notre première tâche a donc été de renouer avec ce qui avait été perdu. Les deux objectifs suivants ont été de fonder un centre de traitement et de transplantation de la cornée, ainsi qu'un centre pour les patients auxquels la vue ne peut plus être restituée par aucune opération. A la question de savoir si nous avons réussi, ma réponse manque peut-être de modestie, mais elle est vraie : tous nos objectifs ont été atteints. Pendant notre séjour, nous avons réalisé 32 greffes de la cornée et plus d'une dizaine d'opérations du leucome. »
Les Afghans intéressés par les opérations se comptaient par centaines. Le plus difficile était le choix, dit Martin Filipec :
« On a procédé selon des critères médicaux, pédagogiques et humains. Il a fallu montrer aux médecins afghans tous les types d'opérations. On a opéré aussi bien un nouveau né qu'un vieil homme qui n'avait qu'un oeil. Je répète que le principal dans notre mission était de ne pas opérer nous-mêmes, mais de l'apprendre aux médecins afghans. »
Adjamal, ce petit garçon qui a mis en mouvement le projet, n'a finalement pas pu être greffé, compte tenu de l'avancement de sa maladie. Mais le programme qui a été initié ne s'arrêtera pas avec le départ de l'ophtalmologiste tchèque Martin Filipec, bien au contraire. Des médecins afghans viendront pour des stages en Tchéquie et la clinique pragoise Lexum pense opérer chaque année trois enfants afghans. En plus de cela, le docteur Filipec et l'association Berkat ont pris l'initiative de créer en Afghanistan une unité mobile - Adjamal Car, qui effectuera le dépistage des maladies des yeux dans les régions de montagnes isolées, et sera capable de les traiter sur place. Cette unité est d'une importance vitale pour ce pays où 2% de la population est menacée de cécité, et qui ne compte que 104 ophtalmologistes pour 26 millions d'habitants.