Le projet "assagi" de la reconstruction du quartier de Pankrac à Prague

Après de longues discussions entre les architectes, les spécialistes des monuments historiques et les habitants de la ville, le futur visage du quartier de Pankrac à Prague commence à prendre forme.

Il y a quelques années encore, il existait un projet monumental de la société ECM qui se proposait de construire dans cette partie du IVe arrondissement de Prague, un ensemble de plusieurs tours dont la plus haute devrait attendre 122 mètres. On parlait de "Manhattan" pragois, on comparait le projet à "La Défense" de Paris. Deux tours devaient être construites par l'architecte américain Richard Meier. Le quartier de Pankrac étant situé sur un plateau au-dessus de la ville, il était évident que la réalisation de cette idée ambitieuse changerait le panorama de la capitale. Les auteurs de la nouvelle conception, les architectes Richard Meier et Vaclav Aulicky se sont heurtés donc à une grande résistance des milieux de spécialistes et de simples habitants. Les critiques ne manquaient pas d'arguments et soulignaient notamment qu'à cause de ce projet, Prague pourrait être rayée de la liste du patrimoine de l'UNESCO. Obligée de reculer, la société ECM a présenté finalement une nouvelle conception assagie qui sera probablement réalisée.

Sur l'emplacement d'une ancienne gare routière on érigera donc bientôt trois bâtiments administratifs respectivement de huit, de neuf et de quinze étages et on y ajoutera quelques édifices plus bas qui abriteront des magasins, des restaurants et encore des bureaux. Les lignes de cette nouvelle architecture seront dépouillées, presque austères. Elle renoue, selon ses auteurs, avec le style des édifices administratifs de la première moitié du XXe siècle. Une promenade avec des fontaines doit agrémenter cet espace urbain. On prépare aussi la démolition du marché de Pankrac pour y construire un centre commercial, intention déplorée par une grande partie des habitants du quartier habitués à y faire leurs achats à peu de frais. L'ouverture est prévue pour 2007, de même que celle d'un centre de culture et des loisirs avec une grande salle de concert.

On procédera aussi à la reconstruction à fond de la tour de 109 mètres, construite encore sous le régime communiste pour la Radiodiffusion tchécoslovaque donc aussi pour Radio Prague. L'édifice de 27 étages ayant englouti de grands moyens financiers et qui est le plus haut en Tchéquie, s'est finalement révélé inhabitable pour des raisons de sécurité et de santé. Sa reconstruction sera proche d'une démolition, car il n'en restera que le squelette en acier et tous les autres éléments de l'édifice seront remplacés. Il ne sera pas encore plus haut de plusieurs étages, comme le voulait d'abord la société ECM, et abritera surtout des bureaux. La Radio publique tchèque, elle, l'a vendu pour un prix dérisoire il y a déjà quelques années, et s'est fait construire un bâtiment beaucoup plus modeste et plus pratique au centre de Prague.