Les maisons d'arrêt en rénovation pour améliorer le sort des détenus

La partie renovée de la prison de Pankrác, photo: CTK

Les prisons tchèques font régulièrement l’objet de critiques quant à leurs conditions d’accueil déplorables des prisonniers. L’association du Comité tchèque Helsinki pointait récemment du doigt les maisons d’arrêt. Et ces établissements pénitenciers doivent justement subir une cure de jouvence pour améliorer les conditions de vie des détenus en attente d’être jugés. Cette opération vient de débuter avec la prison de Pankrác, à Prague, et la rénovation de vingt-sept cellules.

La prison de Pankrác,  photo: CTK
Les maisons d’arrêts sont destinées aux prévenus, les individus en attente d’un jugement. Embastillés le plus souvent car la justice craint qu’ils ne fuient leur procès ou pour éviter qu’ils ne communiquent avec des témoins ou d’autres accusés, ils ne sont cependant pas encore reconnus coupables. Pourtant, l’emprisonnement dans ces maisons d’arrêts s’apparente déjà à une peine, tant les conditions qui y règnent sont indignes si l’on en croit diverses organisations de défense des Droits de l’homme.

Accusé de corruption et placé en détention provisoire pendant plus d’un an, l’ancien député David Rath s’est régulièrement plaint de sa condition et a porté plusieurs projets visant à améliorer la situation des détenus. En juin 2012, il s’exprimait à la Chambre des députés en ces termes :

La prison de Pankrác,  photo: CTK
« Nous vivons dans un pays où la détention provisoire est le système de torture de cette nouvelle époque. Un système à broyer et à torturer les gens. »

Un rapport du Comité tchèque d’Helsinki paru au printemps de cette année évoquait des cellules de quatre mètres carrés où cohabitaient jusqu’à trois prisonniers, lesquels ne pouvaient prendre des douches que deux fois par semaine. Il était aussi fait état du manque d’intimité entre détenus ou encore de la multiplication des tracas administratifs qu’ils pouvaient rencontrer.

La partie renovée de la prison de Pankrác,  photo: CTK
Les critiques semblent avoir été entendues puisqu’une nouvelle législation « plus humaine » doit entrer en vigueur en avril 2014. Les maisons d’arrêt sont priées d’ici là, le plus souvent sur leurs fonds propres, de rénover leurs cellules et installations hygiéniques.

La prison de Pankrác, l’une des trois plus vieilles du pays, a été la première à se lancer dans l’entreprise et vient d’achever des travaux dans la partie réservée aux prévenus en attente de leur procès. Ces travaux ont coûté cinq millions de couronnes (environ 200 000 euros) et ont permis de mettre vingt-sept cellules au « standard européen » selon le directeur du système pénitentiaire tchèque Petr Dohnal :

Petr Dohnal,  photo: VS ČR
« Toutes les cellules sont équipées de nouveaux meubles, c’est-à-dire de nouveaux lits ou de nouvelles armoires. Ils ont de nouvelles toilettes avec des cloisons en fer pour que l’intimité des prévenus soit respectée. Ils pourront se promener librement dans les couloirs et ne seront donc pas enfermés dans leur cellule, ils pourront se rencontrer dans ces couloirs ou dans des lieux culturels. »

Dans ce nouveau système, les cellules sont prévues pour deux personnes au maximum. Une rénovation qui attend désormais l’intégralité des maisons d’arrêt de République tchèque selon un plan commun. Petr Dohnal :

La partie renovée de la prison de Pankrác,  photo: CTK
« Ce processus d’humanisation des conditions de détention provisoire est un processus d’ensemble. Cela signifie qu’il a lieu dans toutes les maisons d’arrêt de la même façon, bien sûr dans la mesure du possible. Mais les cellules des maisons d’arrêt de République tchèque seront toutes identiques. »

Le coût des travaux est censé être supporté par les économies réalisées suite à l’amnistie présidentielle annoncée le premier janvier 2013 par l’ancien chef de l’Etat, Václav Klaus, et ayant conduit à la libération de milliers de prisonniers. Critiquée de toute part lors de son annonce, cette mesure aura finalement eu une conséquence positive.