Les gratte-ciel de Prague-Pankrác qui font polémique
Nouveau rebondissement dans l’affaire des gratte-ciel à Prague : le comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a recommandé à Prague que la hauteur de nouvelles tours qui doivent être érigées sur la colline de Pankrác ne dépasse pas les 70 mètres, alors qu’elles culminent à 104 mètres, dans les projets.
La nouvelle recommandation résultant pour la RT de la 32e session du comité du patrimoine mondial de l’UNESCO tenue au mois de juillet à Québec concerne une affaire longuement discutée : la construction de deux tours jumelles en forme de lettre V, chacune haute de 104 m, que la société ECM projette d’ériger dans le cadre du projet City sur la colline de Pankrác, dans le 4e arrondissement de Prague. Deux gratte-ciel à proximité dominent déjà le panorama de la ville si on l’observe du haut de la rampe du Château, produisant l’impression d’un élément étranger dans la cité médiévale dominée seulement par des clochers pendant des siècles. Et c’est justement pour cette raison que le comité de l’UNESCO recommande d’abaisser la hauteur des gratte-ciel nouvellement construits à 60 - 70 mètres « pour que la qualité de la Prague historique et de son panorama classés depuis 1992 site protégé de l’UNESCO ne soit pas alterée. »
L’association civique Arnika dont la mission est de protéger l’environnement salue cette recommandation et la considère comme obligatoire pour la RT. Selon l’activiste Martin Skalský, si elle n’est pas respectée, Prague risque de se retrouver sur la liste des biens en péril :« La nouvelle décision de l’UNESCO marque un tournant car elle dit très concrètement comment la situation à Prague devrait être résolue. Elle constate aussi, de façon univoque, que les gratte-ciel à Pankrác sont un problème et que leur construction nuirait à la valeur historique de Prague. »
D’autres associations civiques qui protestent avec Arnika contre la construction de gratte-ciel dans le 4e arrondissement de Prague sont satisfaites de la nouvelle limite de 70 mètres établie par le comité du patrimoine de l’UNESCO. En leur nom, Martin Skalský résume :
« La hauteur de 70 mètres, par rapport aux 104 mètres envisagés, est un compromis qui nous paraît raisonnable. Si, jusqu’à présent, les autorités tchèques qui délivrent les autorisations refusaient d’en discuter, aujourd’hui, elles ont sur la table l’argument d’une organisation mondiale qui, comme nous l’espérons, pourra avoir une influence considérable sur les procédures de d’autorisation, justement. »
Or selon Jan Kněžínek, chef de l’Institut de la protection du patrimoine de la mairie de Prague, les autorités tchèques avaient déjà délivré l’autorisation de construire les deux tours baptisées City Epoque sur la colline de Pankrác et la recommandation de l’UNESCO ne peut rien changer à ces plans :
« Pour ce qui est des bâtiments déjà approuvés, leurs plans ne peuvent plus être modifiés par cette recommandation. En ce qui concerne les projets futurs, comme celui de la tour dite glaciale qui doit aussi être érigé à Pankrác, il est probable que là, les recommandations du comité de l’UNESCO seront respectées. »
D’après le rapport de l’ambassadeur de la mission permanente de la RT auprès de l’UNESCO, Petr Janyška, le comité du patrimoine mondial recommande notamment d’élaborer une conception de construction de gratte-ciel à Prague pour le moment absente, et d’informer l’UNESCO de tous les projets qui pourraient compromettre l’intégrité visuelle de la ville.