Le projet qui fait découvrir l’Islam aux élèves crée polémique
Le projet « Musulmans à travers les yeux des écoliers tchèques » a démarré ce lundi dans les lycées de République tchèque. S’il s’agit d’un projet éducatif, qui veut favoriser la tolérance et familiariser les étudiants tchèques avec le monde de l’Islam, le ministre de l’Education, Marcel Chládek, lui a ôté son patronage au mois de septembre dernier. Le projet dépend ainsi de la seule discrétion des directeurs des lycées.
« Nous allons vous montrer différents points de vue, pour que vous puissiez à l’avenir y réfléchir par vous-mêmes, et peut-être d’une autre façon aussi. »
Le séminaire se présente sous forme de réunions en trois groupes, au sein desquels diverses problématiques sont abordées. Les organisateurs insistent sur le fait que les informations fournies au sein de ces séminaires relèvent de l’exactitude factuelle, qui est appuyée, étayée et contrôlée, par des auteurs et des spécialistes tchèques de l’Islam. Veronika, une des étudiantes du lycée Jan Kepler, où le séminaire a été lancé, a dévoilé ce qui a le plus attiré son attention :
« J’ai beaucoup aimé lorsque le débat a porté sur les hijabs, mais surtout lorsque la problématique de l’égalité des sexes a été évoquée. »
Ce projet offre aux écoles ainsi qu’aux institutions intéressées, la possibilité d’organiser des ateliers et d’autres conférences sur l’Islam. D’après Klára Popovová, l’idée de ce projet est née de l’absence de l’enseignement de l’Islam à l’école. Ayant réalisé un travail de recherche sur l’islamophobie, Klára Popovová a fait savoir que l’omniprésente déformation de l’information médiatique vis-à-vis de l’Islam a également été un des éléments déclencheurs de ce projet. Si le patronage du ministre de l’Education Dalibor Štys a été obtenu au mois de janvier dernier, l’actuel ministre de l’Education, Marcel Chládek l’a abrogé au mois de septembre. La porte-parole du ministère de l’Education, Klára Bílá, a indiqué :« Chaque directeur peut décider de son plein gré s’il intègrera ou pas ce projet dans l’emploi du temps de ses étudiants. Mais le ministère de l’Education ne tient pas à soutenir ce projet. »
Il apparaît que cette réticence du ministère pourrait notamment s’expliquer par des plaintes des parents d’élèves, ainsi que par des objections de certains spécialistes en la matière. Klára Popovová a précisé à ce propos :
« Les diverses déclarations du ministère de l’Education à ce propos différaient à chaque reprise. Par exemple, le ministère avait signalé à l’hebdomadaire Lidové noviny, que l’on n’était pas capable de garantir que le projet ne soit pas une propagande de l’Islam ; ce qui m’a paru assez injuste, vu le nombre de spécialistes qui se sont prononcés en faveur de ce projet, lui-même ayant été minutieusement élaboré. Quant à nous, le ministère nous a fait savoir que nous avons mal géré la communication avec les médias, qu’ils avaient obtenu beaucoup trop de mails négatifs, et qu’ils ne disposaient pas de capacités suffisantes pour s’en occuper. »
Malgré le fait que le ministère de l’Education a décidé de ne plus appuyer le projet, l’intérêt des écoles n’a pas diminué. Klára Popovová conclut :
« Paradoxalement, l’intérêt pour ce projet s’est accru. Grâce au fait que l’annulation du patronage est intervenue en période électorale, alors certains médias avaient considéré cela comme un geste populiste. Acause de cela, la télévision tchèque ainsi que la presse en avaient largement informé le grand public, et ainsi d’autres écoles ont pris connaissance de l’existence de ce projet. Dans les mois à suivre, au total cinq écoles participeront à cette initiative ; ce qui représente pour l’instant le nombre maximum d’écoles que nous pouvonsgérer, vu que personne de nous ne travaille dans le cadre de ce projet à temps complet. Mais paradoxalement, le geste du ministère a contribué à ce qu’on en parle davantage. »