Coordonner la politique étrangère tchèque – une tâche difficile à accomplir

Les représentants de l'Etat se sont rencontrés pour coordonner leurs positions relatives à la politique étrangère, photo: ČTK

Harmoniser la politique étrangère de la République tchèque demeurera difficile, compte tenu de certaines divergences qui existent dans ce domaine entre le président de la République, Miloš Zeman, et le gouvernement. C’est ce que constate un des éditoriaux parus ces derniers jours dans la presse écrite et en ligne. Le jeûne en période de carême et ses effets sur l’économie, le rappel des violences commises sur le territoire tchèque au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, les avertissements d’experts militaires, le boom des micro-brasseries, tels sont les autres sujets au menu de cette revue de presse.

Les représentants de l'Etat se sont rencontrés pour coordonner leurs positions relatives à la politique étrangère,  photo: ČTK
La récente initiative des responsables tchèques en vue de coordonner leurs activités dans le domaine de la politique étrangère est le sujet d’un texte mis en ligne sur le site aktuálně.cz. Son auteur, Jiří Pehe, revient sur la rencontre qui a réuni à cette fin, au Château de Prague, les principaux acteurs concernés pour constater :

« Cette rencontre a été une réponse à la cacophonie des voix, souvent contradictoires, de la politique étrangère tchèque. L’espoir que la situation s’améliore est pourtant faible. Le principal problème, c’est que le président Miloš Zeman s’exprime sur les divers thèmes de politique étrangère d’une manière très spécifique et qui est souvent en contradiction avec ce que disent les représentants gouvernementaux. En plus, les véritables motifs de certaines de ses déclarations à l’égard de la Russie sont pour le moins peu transparentes. »

Jiří Pehe estime qu’en dépit d’un communiqué adopté à l’issue de cette rencontre, il demeurera tout de même à l’avenir difficile d’harmoniser la politique étrangère tchèque et d’empêcher de nouveaux malentendus entre le président et le gouvernement. Ce qui manque selon lui, c’est une définition précise du partage des rôles dans ce domaine. Et de conclure :

« L’accord concernant la politique étrangère auquel les représentants tchèques ont abouti rappelle en quelque sorte le récent accord de paix de Minsk sur l’Ukraine. C’est un bout de papier que chacun peut utiliser à sa guise. S’il n’y a pas de bonne volonté, un tel accord ne constitue qu’un geste dépourvu de sens. »

Le jeûne ne va pas de pair avec la croissance

Photo: Archives de Radio Prague
« Rares sont en Tchéquie ceux qui se soient rendus compte du début du carême, car il n’y a pas plus de 5% de ses habitants qui vont régulièrement à l’église. » C’est ce que l’on peut lire en introduction d’un texte intitulé « Le jeûne et la croissance », mis en ligne sur site Internet du quotidien économique Hospodářské noviny. Son auteur, Petr Honzejk, évoque certains aspects positifs de ce phénomène en notant, sur un ton légèrement ironique :

« Essayons d’imaginer que l’ensemble de la population tchèque se soumette, pendant les quarante jours qui précèdent les fêtes de Pâques, à un jeûne sévère, avec au maximum d’un repas par jour, sans viande ni alcool. Cela conduirait à une catastrophe économique... Et comme la nourriture provoque souvent des problèmes de santé, on peut en déduire les difficultés auxquelles seraient confrontés les firmes pharmaceutiques et tout le complexe « hospitalo-sanitaire ». Et ainsi de suite. En effet, la logique de la croissance ne va pas de pair avec celle du jeûne. Or, tandis que dans le passé, l’impact économique du jeûne était positif, car il permettait d’épargner des ressources insuffisantes, aujourd’hui, c’est le contraire qui est vrai. Bref, le jeûne est un frein à la croissance économique, profitant à l’individu mais portant préjudice à l’ensemble. Il s’agit là d’un des paradoxes particuliers de notre époque. »

Mais comme le jeûne n’est pas en vogue, il n’y a pas lieu de craindre une catastrophe. Petr Honzejk ajoute :

« On ne trouve que très peu de gens capables de vouloir se priver de quoi que ce soit et il semble que même le fléchissement de la religiosité ne joue pas dans cela un très grand rôle... Aujourd’hui le jeûne a quitté la sphère privée pour la sphère publique. Ce sont l’austérité et la responsabilité budgétaire qui sont à l’ordre du jour. »

Parler des violences commises sur le territoire tchèque après la guerre

« Brûler vifs des gens ? Il n’y a pas si longtemps que même les Tchèques avaient recours à de pareilles barbaries. » C’est ce que constate dans une note publiée dans le quotidien Lidové noviny Petr Zídek, éditorialiste et historien, avant de poursuivre :

« Je n’ai vu aucune des vidéos ‘propagandistes’ des criminels de l’organisation de l’Etat islamique. Toutefois, je refuse que les musulmans soient stigmatisés, à l’aide de ces images violentes, comme des barbares inhumains. Ce n’est pas seulement au Moyen Âge ou lors des procès de sorcières, mais dans une époque plus récente que des choses semblables se sont produites également chez nous. Les auteurs ou les témoins de ces atrocités vivent peut-être encore parmi nous. »

Citant plus loin des témoignages tirés d’un ouvrage historique et concernant les violences et les tortures commises en mai 1945 dans les rues de Prague sur des Allemands, Petr Zídek écrit :

« Ce ne sont pas alors des musulmans barbares des déserts, mais les membres de la nation de Hus, Comenius et Masaryk qui commettaient, il y a soixante-dix ans, des cruautés qui n’ont rien à envier à ceux qu’infligent aujourd’hui les criminels fanatiques au Proche-Orient. Le constat que ces atrocités avaient été perpétrées d’abord par les Allemands permet de comprendre le contexte, il est vrai, mais pas de justifier les actes criminels de la plèbe tchèque. »

Petr Zídek émet enfin l’espoir que ce sujet soit évoqué et débattu, aussi, lors des célébrations prochaines du 70e anniversaire de la libération du pays.

Les mafias russes dans la ligne de mire des experts militaires

Karlovy Vary,  photo: Asya Chekanova
« Le danger de la Russie est en Tchéquie plus matérialisé que l’influence des radicaux islamistes. » C’est ce que constate Jaroslav Spurný de l’hebdomadaire Respekt en se référant à une récente conférence sur la sécurité en présence d’experts militaires. Il explique pourquoi :

« Tout a commencé il y vingt ans. Dans les années 1990 en effet, les services de renseignements locaux et les unités spéciales de police ont défini comme le plus grand danger pour le pays l’infiltration sur notre territoire de mafieux russes. Comparés à ces derniers, les gangsters tchèques se présentaient alors comme de simples escrocs de rue. Au tournant du millénaire, les experts de renseignement y ont ajouté des avertissements en rapport avec l’infiltration en Tchéquie de capital russe opaque, destiné aux domaines stratégiques comme l’énergie ou l’IT. Le dernier avertissement d’experts de renseignements met en relief la capacité des Russes à mener une guerre chaude qui toucherait aussi la Tchéquie. »

Jaroslav Spurný souligne que ces trois avertissements seraient matérialisés dans le personnage d’un certain Josif Kobzon, député pendant de longue années de la Douma russe, chanteur populaire et fondateur de la Société pour le 21e siècle, qui serait, d’après ce qu’écrit l’auteur du texte, une des mafias russes les plus sophistiquées. L’intérêt pour la République tchèque, ce sont les fortes attaches de cet homme, d’ordre immobilier notamment, liées à Karlovy Vary, la fameuse ville d’eau située en Bohême de l’ouest.

Les petites brasseries fleurissent en Tchéquie plus que jamais

Photo: Michal Klajban,  CC BY-SA 4.0 International
Une des récentes éditions du quotidien Mladá fronta Dnes constate que les petites brasseries en Tchéquie vivent actuellement un âge d’or. Il rappelle également que sous le communisme, le marché des micro-brasseries a été pratiquement liquidé, car seulement la brasserie U Fleků à Prague, avec sa fameuse bière noire, avait survécu à cette tendance. Voici quelques citations de l’article qui est consacré à ce sujet :

« A l’heure actuelle, il existe en Tchéquie près de 270 petites brasseries, dont une cinquantaine ont vu le jour rien qu’au cours de l’année écoulée. Leur production annuelle égale la totalité de celle d’une brasserie moyenne. A Prague, on trouve une vingtaine de micro-brasseries, ce qui donne à la capitale tchèque la primauté à l’échelle mondiale d’un point de vue de la variété d’offre de bières. »

Les micro-brasseries qui produisent, selon les cas, quelques centaines d’hectolitres et jusqu’à dix milles hectolitres de bières par an, sont aussi les auteurs d’expérimentations avec des bières non traditionnelles. Jan Sůra écrit enfin que rares sont à ce jour les micro-brasseries à avoir fait faillite. En revanche, il estime que le boom de ces petites brasseries sera bientôt fini, à partir du moment où leur nombre atteindra 300.