L’histoire de Jan Palach revit sur grand écran
Cette nouvelle revue de presse se penche d’abord sur la sortie en salle du nouveau film tchèque « Jan Palach », puis sur la rénovation du Musée national de Prague et de la volonté de conserver sur sa façade les traces des balles soviétiques remontant à l’époque de l’invasion de la Tchécoslovaquie en août 1968. Il y sera également question de la crise du logement mal gérée à Prague. Enfin nous présenterons quelques extraits de la série d’articles consacrée à la vie des musulmans en Tchéquie, mise en ligne sur le site du quotidien Mladá frona Dnes.
« Dans l’histoire de la Tchécoslovaquie d’après la Deuxième Guerre mondiale, on aurait du mal à trouver un symbole plus fort que celui que constitue le nom de Jan Palach. La ‘Torche no 1’, la désignation qu’il s’est lui-même donnée en décrivant dans une lettre les motivations de son acte et ses revendications politiques, devait sortir la population tchécoslovaque de la léthargie dans laquelle elle avait sombré après l’occupation soviétique. Mais l’acte de Jan Palach, survenu le 16 janvier 1969, n’a pas eu les retombées espérées. Il est toutefois demeuré inscrit dans la mémoire collective, en dépit des efforts des ‘normalisateurs’ communistes de le trivialiser ou de l’effacer. »
Le texte explique également que l’importance de cet acte fait l’unanimité parmi les historiens. De l’avis général en effet, à la fin des années 1980, son legs aurait dans une grande mesure contribué à la montée en puissance des manifestations contre le régime et à la politisation d’un large public. Pour Václav Havel, par exemple, « l’acte de Jan Palach était une expression extrême de la douleur de tous, voilà pourquoi il s’agissait d’un acte politique réfléchi. » L’auteur de l’article consacré au film Jan Palach dans l’hebdomadaire Respekt observe également :
« Les faits réels, les événements personnels et politiques, mais aussi l’époque en général sont dans ce film très authentiques. D’un autre côté, la psychologie et le secret du personnage échappent à une interprétation trop facile. Palach n’a confié son projet à personne et personne autour de lui ne l’a deviné. Le film est très fort car il mise sur la fiction et sur l’intiution. Finalement, il permet de présenter le geste de Palach, non pas comme un espoir ou un appel à l’acte, encore moins comme un symbole d’héroïsme, mais comme un rappel d’une occasion manquée dont nous, ‘les autres vivants’, n’avons pas profité ».
Le Musée national rénové garde les traces des balles soviétiques
L’édifice néo-Renaissance du Musée national qui se trouve en haut de la place Venceslas, place centrale de Prague, et qui a été bâti en 1891, a subi une grande rénovation, entamée il y a sept ans de cela. En attendant l’ouverture du musée, l’opération fait l’objet de toutes sortes d’évaluations. Le quotidien Lidové noviny, écrit à ce sujet :« Comme à l’original, la façade du musée a été repeinte en jaune. Les architectes et les historiens se mettent majoritairement d’accord sur la réussite de cette rénovation et le soin qui y a été apporté. Ils saluent aussi le fait que la façade a conservé les traces de nombreuses balles qui ont été tirées contre le bâtiment lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques, le 21 août 1968. Un peu moins visibles que sur son précédent teint sombre, elles le demeurent quand même. »
D’après les responsables du musée, il ne s’agit pas de conserver l’état du bâtiment tel qu’il existait aux XIXe siècle, car le Musée national constitue désormais un symbole et tient une place importante dans l’histoire moderne du pays. Un chapitre qui ne devrait pas être oublié. De ce fait, il aurait été selon eux « scandaleux » de vouloir éliminer les traces d’impact des balles.
Prague : une situation du logement dramatique
« Prague peut se targuer une nouvelle fois d’un phénomène unique », tel est le titre empreint d’ironie d’un article publié dans un récent numéro du quotidien économique Hospodářské noviny qui se penche sur la politique du logement « désespérée » de Prague. Son auteur explique :« Il a fallu une hausse radicale des prix de l’immobilier accompagnée de celle des prix des loyers pour que les municipalités se rendent compte qu’elles étaient confrontées à un problème grave. A partir du moment où le logement devient inaccessible pour la classe moyenne, c’est en effet toute la démographie de la ville qui commence à changer. La ville devient un musée à ciel ouvert, rempli de touristes, et éventuellement un lieu réservé aux fonctionnaires et aux employés des grandes entreprises. Ce n’est pas seulement le cas de Prague, mais aussi d’autres capitales européennes. Là où la capitale tchèque est pourtant spécifique, c’est qu’elle ne sait pas gérer la situation. Elle se comporte à ce sujet moins bien que les autres capitales européennes et même que la deuxième plus grande ville tchèque, Brno. »
La privatisation des logements communaux qui a commencé au début des années 1990 a pris des dimensions telles qu’aujourd’hui la municipalité de Prague et ses différents arrondissements ne possèdent que 5% seulement des logements. Dans ce domaine, Brno a agi plus prudemment, et dispose actuellement de 15% de logements communaux. Tout indique que le logement et son accessibilité seront donc un sujet majeur des élections communales, qui auront lieu en octobre prochain.
Les musulmans en Tchéquie
Le site du quotidien Mladá fronta Dnes a publié au cours des trois dernières semaines une série d’articles qui examinent la vie des musulmans en Tchéquie, ainsi que le regard que portent les Tchèques sur leur communauté. Il s’agit là d’une manière de dévoiler les mythes et les fausses informations les plus répandus au sein de la société tchèque. Le sondage que le site a réalisé montre ainsi que la plupart des Tchèques auraient à l’égard des musulmans des préjugés et des réticences, certains refusant même l’éventualité de vivre en leur proximité. Ceux en revanche qui ont déjà rencontré une personne de cette confession, ou qui ont visité un pays musulman, auraient une approche beaucoup plus ouverte et accueillante. Or, seul un cinquième des personnes interrogées ont vécu ce type d’expériences. Le site idnes.cz écrit dans ce contexte :« C’est sous l’ancien régime communiste, notamment à partir de la deuxième moitié des années 1950, qu’on a vu arriver dans le pays un nombre important de musulmans. A l’époque, la Tchécoslovaquie représentait un partenaire important des ‘régimes arabes progressistes’ qui orientaient leur politique étrangère prioritairement vers l’Union soviétique. Ainsi, entre les annés 1960 et 1980, des centaines d’étudiants des pays de l’islam dits ‘frères’, comme la Syrie, l’Irak ou la Palestine, ont fait leurs études en Tchécoslovaquie. Certains d’entre eux se sont établis dans le pays et y ont fondé une famille. »
Si certains ressortissants de pays musulmans sont arrivés dans le pays sous le socialisme du fait des différents accords entre les Etats ou parce qu’ils ont fui leur pays secoué par des conflits, d’autres s’y sont installés en raison de la renommée du système sanitaire tchèque. Aujourd’hui, le nombre de médecins provenant de ces pays augmente en Tchéquie : la Chambre tchèque des médecins compte 65 médecins issus de pays majoritairement musulmans et le même nombre de dentistes. Leur nombre réel serait pourtant plus élevé, car beaucoup d’entre eux ont acquis la nationalité tchèque. L’un des articles publiés sur le site idnes.cz rapporte également :
« La communauté musulmane en Tchéquie semble constituer une minorité variée, ses membres ont des rapports très différents à l’islam. Leur nombre, si on compte les quelques centaines de Tchèques qui se sont reconvertis à l’islam, est évalué à près de 22 000. Des chiffres exacts font cependant défaut, d’autant plus que le dernier recensement de la population a eu lieu en 2011. »