Le Quatuor Pražák bientôt en France

Quatuor Pražák, photo: ČT

Le Quatuor Pražák est un des ensembles emblématiques du paysage musical aujourd’hui. L’ensemble, qui porte le nom d’un de ses membres fondateurs, signifie également « le Pragois », un beau double sens ! Né au conservatoire de Prague en 1974, ce quatuor à cordes tchèque est depuis devenu un des plus célèbres au monde. Quatre ans à peine plus tard, il remportait le premier Prix du concours International d’Évian, une distinction qui lui permettait d’entrer sur la scène musicale française. Aujourd’hui bien établi en France, le quatuor donnera un de ses prochains concerts le 30 juillet prochain à Bauges, dans le cadre du Festival Musique et Nature. L’occasion pour Radio Prague d’inviter un de ses membres :

Le Quatuor Pražák,  photo: ČT
« Je m’appelle Josef Kluson et je joue dans le Quatuor Pražák depuis quarante ans. Il s’agit d’une histoire très longue et riche. Presque tous les ensembles tchèques connus sont issus du conservatoire ou de l’académie des Beaux Arts. C’est notre cas. On a commencé à jouer en quatuor dans la 4e classe au conservatoire parce que la musique de chambre était obligatoire. On a eu la très grande chance d’apprendre beaucoup de choses grâce à notre professeur à l’époque était le plus fameux interprète au sein des Quatuor Smetana, Quatuor Vlach, Quatuor de Prague. Ils nous ont donné l’impulsion, beaucoup de courage, d’envie de continuer à travailler dur. Aussi à cette époque, il y avait beaucoup de concours internationaux, alors on s’est d’abord préparé pour la compétition nationale que nous avons gagnée. Deux années plus tard, c’était en 1978, nous avons remporté notre premier grand prix à Evian. C’était comme une entrée dans la vie culturelle musicale en France. »

Le Quatuor Pražák a connu des changements. Vous n’êtes pas tout-à-fait le même ensemble depuis la création il y a quarante ans ?

« Oui, bien sûr. A l’école, on s’est mis ensemble pour commencer à travailler. Mais bien sûr, le travail était dur. Le quatuor, c’est aussi une petite société de quatre messieurs ou filles qui doivent passer beaucoup de temps ensemble. Ça exige vraiment beaucoup de patience. Mais après deux ans, nous avions déjà une équipe stable ce qui nous a permis de bien nous préparer pour des concours. Après avoir remporté ce grand prix à Evian, on a gagné aussi le premier prix à Prague, c’était un concours auprès du festival du Printemps de Prague. Après nous avons passé une année au service militaire où nous pouvions jouer en quatuor aussi. Puis, notre carrière a peu à peu commencé. »

Les années de conservatoire ont un peu préfiguré le lancement de votre carrière.

« Oui, nous étions vraiment enthousiasmés par le travail avec des professeurs géniaux. On a aussi été encouragés par les compétitions que nous avions gagnées. »

Le Quatuor Pražák,  photo: Luděk Kovář,  CC BY-SA 3.0 Unported
On peut lire sur vous que vous êtes l’un des ensembles les plus homogènes de la scène actuelle qui est apprécié par la critique spécialisée notamment pour son interprétation engagée et sa virtuosité. Que des mots positifs ! Je voulais savoir justement quelle est la recette ou la clef de la réussite pour devenir l’un des ensembles les plus connus en Europe et même au monde ?

« Comme jeunes musiciens, on a toujours des modèles ainsi nous avons beaucoup admiré le Quatuor Italiano, le Quatuor Vlach. Pour faire de la musique, c’était clair parce qu’on était musiciens. Pour faire le phrasé, on a étudié la technique. C’était tout-à-fait clair. Mais ce qui nous intéressait vraiment, c’était l’alchimie qui ‘coulait’ dans le quatuor, la dynamique. Nous voulions trouver un caractère spécial qui nous caractérise et d’après lequel les auditeurs pourraient nous reconnaître. On est quatre individus différents avec quatre opinions différentes. Mais à la fin, il faut forger un résultat, il faut être unis. Nous avons toujours pensé unifier cette variété d’idées. Quand on réussit cela, le résultat en général est beaucoup plus beau, plus intéressant pour les auditeurs. »

Donc vous avez cherché un caractère particulier et justement qu’est-ce qui fait ce caractère ?

« Cela dépend de ce qu’on joue. Nous avions à peu près trois différents groupes de répertoire. Je pense qu’il est fondamental de commencer avec Haydn (Joseph Haydn 1732-1809) qui a créé le quatuor. C’est l’école viennoise, pas seulement l’école classique mais aussi l’école moderne. Après un répertoire tchèque, c’était obligatoire en tant qu’interprètes tchèques d’avoir tout le répertoire majeur comme Smetana, Dvořák, Janáček, Martinů… Mais aussi des compositeurs contemporains. Après, c’était une partie de la musique allemande avec Brahms, Schubert, Mendelssohn… Il n’y a pas trop de musique de chambre française mais bien sûr Debussy est incontournable. Pour construire un style, c’était pour nous Mozart et Beethoven parce que Beethoven qui a écrit dix-sept quatuors… Avec lui, on apprend tout. Sa musique est tellement riche… Elle offre tellement d’occasions de se constituer comme un quatuor de caractère. Parce qu’aussi la musique de Beethoven c’est un style même. A partir de cela, nous avons crée notre style et notre son. Parce que Beethoven il rejoint Haydn et Mozart. Haydn comme style classique pur. Mozart c’est déjà plus opératique. Beethoven, c’est tout une synthèse. »

Photo: Praga Digitals
Quels sont vos projets pour l’avenir ? Quels sont vos prochains concerts où vous pourriez inviter nos auditeurs notamment en France. Je sais que vous avez joué au festival Musique et Nature en Bauges en Haute-Savoie.

« On a joué à Perros-Guirec (le 22 juillet), et nous allons jouer au Prieuré de Chirens près de Lyon (le 7 août). Surtout je veux inviter les auditeurs à Paris Radio France le 14 novembre où nous donnerons un quatuor moderne, contemporain de Pascal Dusapin à. Il a écrit son quatrième quatuor pour nous, il y a quinze ans. Nous revenons vers cette musique après un long moment. Après ce sera le troisième de Béla Bartók, puis encore une fois Beethoven bien sûr avec son opus 131 un morceau très favorable au quatuor. »

Et donc ce festival Musique et Nature m’a particulièrement interpellée parce que c’est une combinaison de musique et de beaux paysages parce que c’est en Haute-Savoie avec à côté le lac d’Annecy où vous avez un concert le 30 juillet, si je ne me trompe pas…

« Oui. C’est une bonne idée d’allier la nature avec la musique. Il y avait déjà beaucoup de festivals en Allemagne qui existent encore en Allemagne du Nord. Ils organisaient des concerts dans des granges. Ça crée une atmosphère très spéciale, très favorable pour les musiciens et les auditeurs qui en général aiment beaucoup.

Et là vous allez jouer dans l’église de Saint-Jean-d’Arvey ?

« Oui, pour la première fois dans cette église ».

C’est votre première participation à ce festival ?

« Non, mais nous avons participé plusieurs fois mais nous avions joué dans différents endroits ».