Le Québec : une terre d'accueil pour les Tchèques

Les liens étroits entre le Canada et la République tchèque sont souvent symbolisés par le personnage charismatique de Tomas Bata, "le roi de la chaussure", installé à Toronto depuis plus d'un-demi siècle. Côté francophone, certains émigrés tchèques ont trouvé au Québec la liberté dont ils avaient été privés. Ils en restent jusqu'à aujourd'hui infiniment reconnaissants envers le pays qui les a acceptés et où leurs enfants et petits-enfants grandissent.

Milan Havlin et Josef Lapka comptent parmi les 70 000 Tchèques, selon les chiffres officiels, qui ont choisi de s'installer au Canada. Comme un bon nombre d'entre eux, ils sont arrivés à la fin des années 60, alors qu'ils cherchaient refuge après l'écrasement du Printemps de Prague. Pour ces citoyens tchécoslovaques de l'époque, il n'était pas question de choisir la destination finale, déterminée par les services de l'immigration canadienne. Certains ont attéri au Québec, ont dû apprendre le français et réaliser que la province québécoise avait de fortes velléités d'indépendance.

Milan Havlin : "Je suis arrivé en 1969 de Moravie en passant par l'Autriche."

Josef Lapka : "Et moi, en 1968, en passant par Paris, où je suis resté un mois."

MH : "Je me sens Canadien, je ne me sens pas Québecois, parce que c'est grâce à la politique canadienne que nous avons été accueillis ici. Mais je me sens très bien parmi les Québécois. Je suis arrivé sans parler un mot de français ni d'anglais. Et j'ai terminé comme professeur d'école et le prix pour le meilleur aménagement paysager au Québec porte mon nom..."

JL : "Je pense que les émigrants, en principe, se sentent plus Canadiens que Québecois car nous sommes arrivés au Canada, pas au Québec. C'est seulement en arrivant ici que nous avons réalisé qu'il y avait une tendance à se séparer et à faire deux mondes différents. Mais nous, on se sent Canadien, et on est bien content de parler les deux langues. Je suis très content de pouvoir lire et parler en français."

Ca a été difficile d'apprendre le français ?

MH : "Non, parce que j'avais la volonté. C'est moi qui ai décidé d'apprendre le français avant l'anglais. Et il faut dire que l'amitié de la part des Français est beaucoup plus forte. Les Français sont pour nous beaucoup plus proches, plus ouverts et plus sincères."

Est-ce que vous avez envie de rentrer dans votre pays natal, en République tchèque ?

MH : « Je ne suis pas arrivé jeune ici. J'ai passé 15 ans dans les prisons communistes tchécoslovaques, et ma femme 12 ans. Ici, c'est le meilleur pays dans le monde. Nous y avons trouvé ce qu'était la vraie liberté et l'avons appréciée beaucoup. Pour cette raison, nous ne voulons pas retourner en République tchèque, sauf pour des visites bien sûr. Nous sommes chez nous ici.

Quand la Tchéquie et le Canada jouent l'un contre l'autre au hockey, nous sommes gagnants dans tous les cas.

Aujourd'hui, à cause de la politique, des troubles, des fraudes etc., on pose toujours la question de savoir si le Canada est toujours le meilleur pays dans le monde. Moi, je me pose la question à moi-même : Où veux-tu aller si tu n'es pas content ici ? Et je n'ai pas trouvé un meilleur endroit que le Canada, même avec ses défauts et ses problèmes. C'est toujours le meilleur pays dans le monde, alors je vais rester ici. »