Le radicalisme politique ne séduit pas la majorité silencieuse

Photo: ČTK

Les manifestations et les émeutes dont Prague a été le théâtre samedi dernier, les disparités salariales entre les hommes et les femmes, les modifications génétiques sur des embryons humains, les différentes approches du passé communiste par les cinéastes de l’Europe de l’Est, l’avenir incertain du footballeur tchèque blessé Tomáš Rosický. : tels sont les sujets retenus dans cette nouvelle revue de presse.

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Une des nombreuses analyses se rapportant aux émeutes qui se sont produites samedi dernier à Prague et qui accompagnaient les manifestations s’inscrivant dans les actions lancées à l’échelle européenne par le mouvement islamophobe allemand Pegida a été publiée sur le site lidovky.cz. Son auteur, Zbyněk Petráček, constate d’abord que ces rassemblements n’ont pas répondu aux attentes de leurs initiateurs. Il écrit également :

« Contrairement à ce que les meneurs de ces actions espéraient, la majorité silencieuse n’y a pas pris la parole. Quelques milliers de manifestants ne représentent pas la majorité silencieuse. La parole a été prise uniquement par ceux qui s’expriment depuis déjà une année et qui ce cessent de répéter toujours la même chose. Alors qu’ils espéraient une forte participation, ils ont incontestablement dû être déçus. C’est vrai pour l’Allemagne, la Tchéquie et d’autres Etats dans lesquelles les manifestations ont eu lieu. Les majorités silencieuses ont prouvé que malgré toutes leurs critiques à l’adresse de leurs gouvernements et de l’Union européenne, elles privilégiaient un changement du cours politique sans prêter l’oreille aux apôtres du radicalisme politique. »

L’auteur du texte estime cependant que l’on ne saurait sous-estimer ni ces actions ni le climat de tensions que celles-ci provoquent. En même temps, il refuse la comparaison, assez fréquemment utilisée, de la situation actuelle avec celle de la République de Weimar mise en place en Allemagne de 1918 à 1933. Et ceci en dépit du fait que certains événements, comme les émeutes entre les xénophobes et les partisans d’une approche humaniste de l’accueil des réfugiés dans le quartier historique de Malá Strana ou l’attaque au cocktail Molotov du centre social autogéré Klinika à Prague, puissent en quelque sorte évoquer l’atmosphère de Weimar. Selon Zbyněk Petráček, une menace à la Weimar n’est pas pour autant d’actualité. Il explique pourquoi :

« Si tel devait être le cas, il faudrait voir échouer les structures gouvernementales et les élites politiques, il faudrait également voir se résigner les couches moyennes. Mais pour l’instant, la situation ne se présente pas comme ça. »

La disparité salariale entre les hommes et les femmes en ligne de mire

Photo: Commission européenne
La disparité salariale entre les hommes et les femmes range la République tchèque parmi les trois moins bons élèves au sein de l’Union européenne. De l’ordre de 22 %, cette inégalité salariale est nettement supérieure à la moyenne européenne qui se situe autour de 16%. L’hebdomadaire Týden a informé d’une récente initiative lancée par la médiatrice de la République, Anna Šabatová, qui consiste à former des inspecteurs du travail spécialisés sur le sujet qui opéreront dans les entreprises dans les prochains mois. L’article signé de Pavel Cechl précise :

« Les premiers contrôles qui seront effectués par l’Inspection du travail sont prévues à partir du mois d’avril et se poursuivront ensuite régulièrement. Ils concerneront en premier lieu des entreprises privées. Il est vrai qu’en vertu de la loi anti-discrimination qui a pris effet en 2009, les femmes peuvent se défendre en faisant valoir leurs droits. Dans la plupart des cas cependant, elles y renoncent car prouver une discrimination devant un tribunal demeure difficile. »

La nouvelle initiative qui se propose de mettre fin au « bizutage salarial » est vue d’un mauvais œil par les employeurs qui estiment que les rémunérations demeurent une affaire interne à leurs sociétés et qu’elle porterait préjudice à la liberté d’entreprise. Les modifications génétiques sur des embryons humains vues par le biologiste Václav Hořejší Les modifications génétiques sont l’un des sujets qui ont été abordés dans un entretien qui a été accordé par le biologiste tchèque reconnu, Václav Hořejší, pour une des éditions de la semaine écoulée du quotidien Lidové noviny. En rapport avec l’autorisation délivrée à partir du 1er février aux scientifiques de Londres de pouvoir effectuer des modifications génétiques sur des embryons humains, une première du genre dans le monde, le scientifique tchèque déclare entre autres :

« Sur le plan technologique, il ne s’agit pas d’une nouveauté, car des essais semblables sur des embryons animaux se font déjà. Mais il est vrai qu’il existe une opposition un peu irrationnelle à ce genre d’expérimentation avec des modifications génétiques, car ce sont les embryons humains, même précoces, qui sont en jeu... D’un côté, je comprends qu’il doit y avoir certaines restrictions. Il serait bien entendu très mauvais de vouloir créer un surhomme génétiquement modifié ou si l’on souhaitait éliminer certains défauts innés de la population humaine. D’un autre côté, prétendre qu’il y a lieu de traiter ces embryons très précoces de dimension microscopiques comme des êtres adultes est à mon sens exagéré. »

Est-il possible à termes que les chercheurs puissent travailler avec des embryons humains en République tchèque également ? A cette question, Václav Hořejší répond :

« Je pense qu’en Tchéquie, il n’y aura pas pour cela assez de bonne volonté, car il s’agit dans une grande mesure d’une question politique. Mais peu importe si nous ne nous consacrons pas tellement à cette problématique ou bien si nous ne le faisons que plus tard. Mais en ce qui me concerne, je serais favorable à l’idée de suivre en Tchéquie la voie britannique. »

Le passé communiste différemment traité par les cinéastes de l’Europe de l’Est

Pourquoi les enfants de Ceausescu sont-ils les meilleurs chroniqueurs du passé ? La question est soulevée dans l’hebdomadaire Respekt par Jindřiška Bláhová, à l’occasion de la sortie en Tchéquie du film Trésor, le nouveau long-métrage du réalisateur Corneliu Porumboiu. Constatant qu’au cours des vingt-cinq dernières années, les cinéastes de l’Europe de l’Est ont différemment traité le passé communiste de leurs pays, tantôt avec nostalgie tantôt sur un ton burlesque mais, rarement, avec un réalisme prononcé comme le font les cinéastes roumains, elle écrit :

« Le film Trésor confirme que ce sont les Roumains qui arrivent à saisir ce passé de la manière la plus authentique. Les films de la dite Nouvelle vague roumaine qui représente un des phénomènes cinématographique les plus marquants des dix dernières années, présentent l’ancien régime totalitaire avec un réalisme sans détour, accompagné d’humour noir. »

Selon Jindřiška Bláhová, les créateurs tchèques quant à eux n’ont jamais réussi à porter un pareil regard sans compromis sur le passé communiste de leur pays. La plupart des films locaux qui se déroulent à cette époque-là accentuent le côté sentimental. ,Ils se concentrent prioritairement sur la vie au quotidien ce qui permet une certaine idéalisation des choses. En conclusion, la critique de cinéma a noté :

« Sans vouloir généraliser, je pense qu’il existe un certain lien entre les situations économiques dans les différents pays avant l’an 1989 et la représentation du communisme par les créateurs après sa chute. La situation économique draconienne et l’endettement de la Roumanie dans les années 1980 ont fait qu’après la révolution, les Roumains ont voulu se rappeler leur histoire. Le pire dictateur du bloc de l’Est a alors laissé un legs paradoxal : un cinéma plus intéressant que les autres. »

L’Euro 1916 avec ou sans Tomáš Rosický ?

Tomáš Rosický
L’espoir de voir Tomáš Rosický participer au Championnat d’Europe de football est faible. Un point sur lequel se sont mis d’accord les commentaires des pages sportives des journaux suite à la blessure à la cuisse que le joueur tchèque, le milieu de terrain d’Arsenal, a récemment essuyée lors d’une rencontre face à Burnley en Coupe d’Angleterre. Radim Trusina du quotidien Lidové noviny rappelle :

« Tomáš Rosický, 35 ans, a déjà été victime de dizaines de blessures, à cause desquelles il a gâché un tiers de sa carrière. Au mois d’août dernier, il a été opéré d’une blessure au genou. Cette fois-ci, il sera absent pendant deux ou trois mois. Et il est possible qu’il ratera, aussi, le Championnat d’Europe qu’il attendait avec beaucoup d’espoir. Probablement, c’était le dernier grand tournoi qu’il avait encore devant lui. Pourtant, il prétend pour l’heure ne pas imaginer pouvoir aller à l’Euro. »

Comme l’écrit l’auteur de l’article, on peut cependant s’attendre à ce que l’entraîneur de la sélection nationale, Pavel Vrba, tienne à lui réserver une place dans l’équipe, tant qu’il y a un espoir de voir l’un des meilleurs footballeurs de l’histoire tchèque remis et disponible. Le temps passe pourtant vite et c’est d’ici à la fin du mois de mai que Pavel Vrba sera appelé à soumettre la liste des joueurs sélectionnés. Et Radim Trusina de constater que dorénavant, les supporters de la Reprezentace porteront une grande attention sur l’état de santé de Rosický. Comme d’ailleurs déjà à plusieurs reprises dans le passé.