Le regard des médias tchèques sur l’élection présidentielle
Cette nouvelle revue de presse vous propose d’abord quelques extraits d’analyses consacrées à la réélection du président Miloš Zeman. Un événement qui a été, pendant toute la semaine, le point de mire des médias tchèques. Elle se penche ensuite sur le projet des universités dites de terrain et sur le rappel de l’épidémie de grippe espagnole qui a causé des ravages il y a cent ans de cela. Quelques mots enfin sur certains attraits touristiques de Prague.
L’auteur d’un article publié dans le quotidien Lidové noviny s’interroge sur ce à quoi on peut s’attendre pendant le second mandat présidentiel de Miloš Zeman et de répondre :
« Certes, ce ne sera pas un mandat où le président réélu voudra s’inscrire dans l’histoire. Il ne lui faudra pas et, compte tenu de son état de santé, il ne pourra probablement pas fréquenter les différentes régions du pays avec la même intensité qu’il l’avait fait précédemment. On peut en revanche supposer qu’il voudra intervenir dans la vie politique locale et, surtout, dans la formation du prochain gouvernement. Au cours des cinq prochaines années, Miloš Zeman n’aura à obéir à aucune contrainte, car la législation en vigueur ne lui permet pas d’être réélu une nouvelle fois. Une telle situation risque d’avoir des retombées néfastes sur le climat au sein de la société ».
La consultation populaire qu’est l’élection présidentielle a plébiscité Zeman lui-même. Selon l’auteur d’une note mise en ligne sur le site ihned.cz, il existe trois principales raisons à cette victoire. Le président pouvait s’appuyer sur la frustration d’une importante partie de la société, il a maîtrisé avec brio la phase finale de la campagne électorale et le candidat auquel il avait à faire face, le scientifique Jiří Drahoš, n’était pas assez fort. Le résultat de l’élection présidentielle, à l’issue d’un scrutin très serré, signifie que le clivage au sein de la société tchèque continuera à s’approfondir au cours des cinq prochaines années... A ce propos, l’éditorialiste de l’hebdomadaire Respekt constate :
« Le résultat serré montre qu’il ne s’agit pas d’un conflit entre des groupes sociaux ou d’un combat entre les villes et la campagne, bien que cette question joue également un certain rôle. Les deux candidats avaient des sympathisants tant parmi la population urbaine que parmi la population paysanne. Ce sont plutôt le niveau de formation et l’âge qui constituent une certaine ligne de démarcation. »
Pour l’auteur d’une analyse publiée dans le journal en ligne Deník Referendum, la tâche principale consiste désormais à défendre les médias libres, « dont le rôle dans une démocratie libérale est indéniable... »
Une analyse publiée sur le site echo.cz se penche sur les pouvoirs dont le président tchèque dispose :
« En Tchéquie, on a tendance à fortement surestimer le pouvoir symbolique du président de la République, sa diabolisation aiguisant le climat au sein de la société. D’un autre côté, c’est son pouvoir réel que l’on sous-estime souvent. Dans un système qui n’est pas présidentiel, celui-ci est quand même très fort. Outre la nomination des juges constitutionnels, du président et du vice-président de la Cour administrative, de celle de l’ensemble des membres du Conseil bancaire de la Banque nationale, il a également le pouvoir de nommer le chef du gouvernement. Tout ceci constitue un terrain sur lequel le président peut agir de façon bénéfique ou néfaste. C’est donc dans ces domaines que les activités réelles de Miloš Zeman devront être jugées. »
L’hebdomadaire Reflex a pour sa part rappelé qu’au cours du week-end écoulé, il n’y avait pas que les Tchèques qui ont élu leur nouveau chef d’Etat, car une élection présidentielle s’est tenue également en Finlande. Une occasion pour lui d’observer que la réélection du président finlandais Sauli Niinistö s’est déroulée, à la différence de l’élection présidentielle tchèque, sans émotions et que les Finlandais ont choisi un président « qui sait vraiment unir leur nation ».
Les universités veulent s’engager « sur le terrain »
Instruire les habitants de la Moravie du nord au sujet des questions d’actualité. Tel est le but d’une initiative lancée par le recteur de l’Université Palacký de la ville d’Olomouc, Jaroslav Miller, dans laquelle il veut engager les étudiants. Selon lui, les universités sont appelées à être plus actives dans la vie publique, une conviction que la dernière élection présidentielle a encore renforcée. Il s’est confié au quotidien Hospodářské noviny :« La société est divisée. En tant qu’historien je sais que cela n’a jamais été une bonne chose et que ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’avenir. D’autant plus qu’il s’agit d’un phénomène qui a tendance à s’accentuer. Eliminer les fossés qui existent dans la société sous forme d’aides et de conseils aux gens en dehors du monde universitaire se présente donc comme un défi à relever. »
Le projet d’une université « de terrain » prend désormais des contours clairs. Au cours de cette année, des volontaires parmi les étudiants en droit, en médecine ou en sociologie devraient se rendre dans les régions pour aider les gens en situation matérielle difficile ou pour leur offrir des informations concernant, par exemple, les questions de migration et l’Union européenne. Les recteurs d’autres universités tchèques, ainsi que des associations à but non lucratif et d’autres initiatives sont également invités à se joindre à ce projet.
En se référant aux données recueillies par un récent sondage effectué à l’échelle de l’Europe centrale, le journal Hospodářské noviny informe également de ce que les jeunes Tchèques de moins de 35 ans ont une approche à l’égard de l’Union européenne beaucoup plus sceptique que leurs voisins slovaques, polonais ou hongrois.
Cent ans depuis l’apparition de la « grippe espagnole »
Au mois de janvier, cent ans se sont écoulés depuis l’apparition de la grippe espagnole sans qu’une grande attention soit vouée au rappel de cette pandémie qui a fait plus de victimes que la Première Guerre mondiale. C’est ce que l’on peut lire dans l’édition de ce jeudi du quotidien Mladá fronta Dnes. Dans un article consacré au rappel de la maladie qui ne s’est pas répandue, contrairement à ce que son nom suggère, depuis l’Espagne, son auteur écrit :« Il est étonnant que les gens ne se rappellent pas de cet événement cataclysmique alors qu’il le mériterait. Il paraît aussi étrange qu’ils n’évoquent pas par la même occasion tout ce que les scientifiques qui étudient le système immunitaire et développent la vaccination, ont atteint depuis. La ‘grippe espagnole’ qui a frappé un quart de l’ensemble de la population mondiale de l’époque, a fait 100 millions de morts. Les décès ont touché surtout les jeunes adultes. Il est incroyable que cent ans seulement se soient découlés depuis un événement comparable à la peste noire au Moyen Age. Et il semble aussi incroyable que si peu de temps après, il y ait des gens qui considèrent la vaccination comme un mal. »
Et l’auteur de conclure qu’après cette pandémie, il n’a fallu aux scientifiques que dix-huit ans pour découvrir un premier vaccin contre la grippe... Toujours à propos de cette maladie, un autre texte publié dans les pages du quotidien Mladá fronta Dnes rapporte que Prague et certaines autres régions du pays se trouvent à l’heure actuelle au seuil d’une épidémie de grippe. Les plus touchés sont les enfants de six à quatorze ans.
Prague et ses attraits
L’intérêt touristique de Prague, la vingtième capitale mondiale la plus fréquentée, demeure toujours très grand. Durant les trois premiers semestres, la capitale tchèque a accueilli près de six millions de visiteurs, parmi lesquels ceux de l’étranger prédominent largement. Le quotidien Český deník a dressé la liste des endroits les plus sollicités :« Evidemment, c’est le Château de Prague qui reçoit annuellement près de deux millions de visiteurs qui demeure le principal attrait touristique. En deuxième position se trouve le funiculaire de Petřín qui permet de monter jusqu’au sommet de la colline qui se trouve tout près du Château de Prague et qui abrite entre autre une tour panoramique et un jardin soigneusement entretenu. Outre de nombreux monuments et sites historiques dont Prague dispose, c’est l’aquaparc Aquapalace qui présente désormais un assez grand intérêt pour les visiteurs de Prague. »
D’après les responsables municipaux auxquels l’article publié dans le journal Český deník se réfère, Prague ne souhaite plus augmenter le nombre de ses visiteurs. En raison de capacités restreintes en haute saison, elle préfère miser sur les basses saisons en proposant toute sorte d’intéressants événements culturels.