Ouverture du Château de Prague : la Tchéquie déconfine timidement ses monuments
Quelques semaines après les jardins, ce sont désormais l'enceinte et les expositions du Château de Prague qui accueillent à nouveau du public. Fermé plus de six mois, le monument le plus visité de République tchèque a été parmi les tous premiers à rouvrir, même si les visiteurs se font encore attendre. Dans la semaine, plusieurs musées et monuments devraient également rouvrir leurs portes.
Lundi 3 mai, 9 heures du matin. Les tramways qui grimpent la colline sont loin d'être pleins, personne ne descend à l'arrêt « Château de Prague ». Et pourtant, c'est un petit événement qui se joue à quelques pas de là : fermé depuis près de six mois, le Château de Prague vient de rouvrir ses grilles.
Entre relâchement …
Pour tous ceux qui n'aiment pas la foule dans les monuments, l'occasion est royale. Derrière le contrôle de sécurité, quelques promeneurs reprennent possession des lieux, se prennent en photo dans les cours vides. Rares sont ceux qui s'aventurent encore à l'intérieur des bâtiments – dans le parcours payant.
Pourtant, la plupart d'entre eux sont bien ouverts comme le raconte Sofia Bukovská, chargée de communication au Château :
« Il est possible de visiter la cathédrale Saint-Guy, l’ancien palais royal, deux exposition temporaires, l’une dans le manège et l'autre dans les écuries impériales ».
L'exposition dans le manège, à l'entrée du Château est consacrée au pédagogue Comenius. Dans les écuries, il s'agit d'une exposition fraîchement installée de l'artiste contemporain Jan Vičar. Parmi les lieux accessibles aux visiteurs il faut rajouter la ruelle d'Or et la basilique Saint-Georges.
... et maintien de mesures sanitaires
En réalité, la quasi-totalité du Château est de nouveau accessible. Il faut toutefois respecter un ensemble de mesures barrières. Le port du masque est obligatoire partout dans le Château et des jauges ont été instaurées pour chacun des bâtiments intérieurs :
« Il y a des petits panneaux devant chaque bâtiment avec la limite de visiteurs. Cela indique le nombre de personnes autorisées à entrer ».
A titre d'exemple, pour l’ancien palais, ce sera 125 personnes au maximum, pour la ruelle d'Or, 90. Dans la pratique rien ne change cependant, les portiques déjà en place pour le contrôle des billets veilleront au respect des jauges. Parmi le personnel on nous glisse cependant que le retour de 12 000 visiteurs quotidiens dans l’ancien palais, comme avant la pandémie, n'est pas pour demain.
Le chemin périlleux du déconfinement de la culture
Et pour cause. Presque deux heures après l'ouverture, toujours aucun visiteur n'était entré dans le bâtiment. Partout dans les cours, l'ambiance est bien davantage à la reprise. Comme si la machine avait besoin de temps pour se réveiller. Ici quelques employés mettent de nouvelles affiches, là on précise un itinéraire. Certains travaux de rénovation et de restauration entrepris à la faveur de l'arrêt contraint du tourisme se poursuivent un peu partout, et notamment dans la Galerie du Château qui reste fermée pour l'heure. Autre chantier qui ne semble pour l'heure pas voir abouti : la fin des contrôles de sécurité promise fin mars par un porte-parole du président Miloš Zeman n'est pas effective, et les visiteurs sont toujours tenus d'ouvrir leur sac et de passer sous un portique.
Ce n'est donc pas demain que le Château retrouvera son agitation et les 2,5 millions de visiteurs annuels qui ont fait de lui le monument le plus visité de République tchèque. Mais l'évolution est bien là, et derrière cette marche franchie vers un retour à la vie normale, il y a aussi une décision politique, celle du cabinet présidentiel de rouvrir en premier le Château, comme un symbole.
Le message est clair : les beaux jours et le déconfinement de la culture, c'est pour bientôt. Pour soutenir ce leitmotiv, le ministre de la culture Lubomír Zaorálek (ČSSD) était présent et a visité l'exposition consacrée à Comenius. Déconfiner la culture et les monuments reste néanmoins un débat épineux au sein du gouvernement, et Lubomír Zaorálek a largement critiqué le projet de déconfinement porté par le ministre de la Santé Petr Arenberger (ANO) qu'il a jugé « totalement inacceptable ». Selon lui, le protocole du ministère de la Santé est « irréaliste » et ne permet que des publics « trop restreints ».
Pour l'heure, entre l'absence des touristes étrangers et le le printemps qui se fait attendre, la question de la surfréquentation ne se pose pas au Château de Prague. Le même jour les visiteurs ont également pu grimper à nouveau au sommet de la tour panoramique de Petřín, et dans la semaine plusieurs monuments pragois devraient rejoindre la liste des lieux ouverts au public, à commencer par le Musée national à compter de ce mardi.
Alors, même si le déconfinement se fait à pas de loup, et malgré les protocoles et les obstacles, chaque réouverture semble porter en elle l'idée que le retour à un semblant de vie normale est à portée de main.
