Le retour de l’affaire du flic communiste

Zdeněk Ondráček, photo: ČTK

Le député communiste Zdeněk Ondráček pourra-t-il prendre la tête du comité parlementaire en charge du contrôle du GIBS, le service d’inspection des forces de police ? Cette éventualité en fait bondir un bon nombre, qui rappellent que le parlementaire a participé à la répression des manifestations de novembre 1989.

Photo: ČT24
« Voice of America et Radio Free Europe diffusent seulement ce que leur disent leurs correspondants ici, qui sont d’autant plus payés qu’ils dénigrent notre Etat et ses représentants. C’est pour cela qu’ils calomnient notre Etat avec des propos injurieux sur le fait que l’intervention de la police aurait été brutale. L’intervention n’a pas été brutale, elle a été menée de façon mesurée, comme elle doit l’être. »

Interrogé par la Télévision tchécoslovaque, Zdeněk Ondráček, alors âgé de 19 ans et inscrit à l’école de police, justifie ainsi la répression policière des manifestations d’étudiants de novembre 1989 contre le régime communiste. Il prétend alors que les étudiants étaient armés. Et au sein du corps de la sécurité nationale (SNB), l’équivalent des CRS en France, le jeune homme, qui devient membre du parti communiste la même année, a lui-même participé à cette répression.

Un comportement de jeunesse qui lui est régulièrement lancé au visage plus de deux décennies plus tard. Déjà élu député en 2013, Zdeněk Ondráček se voit traiter de « komunistický fízl » (« flic communiste ») l’année suivante par son collègue Miroslav Kalousek (TOP 09). La polémique vient d’être relancée de plus belle quand, après les législatives d’octobre dernier, le parti communiste a proposé sa candidature pour prendre la tête du comité chargé du contrôle des forces de police, au sein desquelles il a passé l’essentiel de sa carrière.

Zdeněk Ondráček,  photo: ČTK
Après un premier vote infructueux, les députés se prononçaient ce mardi pour la seconde fois. Avec 95 voix pour 179 parlementaires présents, ils ont semblé dans un premier temps accorder leur confiance à Zdeněk Ondráček, ce qui réjouissait le député communiste Jiří Dolejš :

« C’est véritablement le signal qu’auprès d’une large majorité, l’idée selon laquelle la compétence est la chose la plus importante l’a emporté. »

Mais le bonheur des communistes, qui refusent de présenter un autre candidat, a été de courte durée. Certains députés, à commencer par Zbyněk Stanjura, du parti civique-démocrate ODS, contestent la validité du vote. Pour eux, la commission électorale n’a pas prévu le bon quorum pour l’élection du président de la commission de contrôle du GIBS. Le quorum était fixé à 90 voix, là où il était le même jour de 96 pour deux votes similaires…

Après consultation des présidents des clubs parlementaires, le chef de la Chambre des députés, Radek Vondráček (ANO) décide donc de déclarer nulle l’élection de M. Ondráček. Les députés seront appelés à se prononcer une nouvelle fois à la mi-janvier. Une décision qui a satisfait les quelques dizaines de manifestants rassemblés devant la Chambre basse du Parlement ainsi que Markéta Pekarová Adamová, une élue TOP 09 :

Les manifestants contre l'élection de Zdeněk Ondráček,  photo: ČTK
« La confusion qui a entouré ce vote est si importante qu’il n’est pas possible de reconnaître son résultat et de le considérer légitime. C’est pourquoi nous voulons qu’un nouveau vote soit organisé. Je suis convaincue que certaines personnes qui ont voté aujourd’hui pour M. Ondráček vont bien réfléchir, vont éprouver de la honte, et changeront en conséquence leur position. »

Pour la députée, le résultat de ce second vote illustrerait le succès de la collaboration entre les communistes et le mouvement ANO d’Andrej Babiš. Le politologue Lukáš Valeš va plus loin en évoquant une « contre-révolution de velours ». Selon lui, le scrutin témoignerait de l’existence d’une coalition informelle entre le mouvement ANO, les communistes et le parti d’extrême-droite SPD, une alliance qui fonctionnerait très bien et au profit de chacun de ses membres.