Le sommet du V4 à Bratislava sur la Biélorussie et les relations slovaco-hongroises
« Le seul groupe de pays partageant la même expérience communiste qui fonctionne plutôt bien », c’est ainsi que le quotidien Lidové noviny caractérise le groupe de Visegrad, connu sous l’abréviation de V4. Il s’agit, en effet, de quatre pays : la République tchèque, la Slovaquie, la Pologne et la Hongrie qui sont réunis, depuis précisément vingt ans, en son sein.
Mardi 15 février, les Premiers ministres tchèque, hongrois et polonais se sont rencontrés à Bratislava, à l’invitation de leur homologue slovaque Iveta Radičová, à l'occasion d'un sommet exceptionnel. En effet, le 15 février 1991, les présidents non pas de quatre, mais de trois pays : de la Tchécoslovaquie, de la Pologne et de la Hongrie, Václav Havel, Lech Walesa et Arpad Gönz, se sont mis d’accord, à Visegrad, en Hongrie, sur une coopération étroite, sur la défense d’intérêts communs. Invitée sur le plateau de la Télévision tchèque, l’historienne Eva Irmanová a rappelé ce qui avait motivé, à l’époque, Prague, Budapest et Varsovie à se réunir :« Il n’y avait aucune trace de nostalgie de l’Empire austro-hongrois dans la création du groupe de Visegrad. Au début des années 1990, après la chute des régimes communistes et la réunification de l’Allemagne, trois pays d’Europe centrale, la Tchécoslovaquie, la Hongrie et la Pologne se sont retrouvés liés par plusieurs aspects. D’abord, ils venaient de vivre une expérience similaire de la construction du socialisme. Les trois pays devaient prendre une certaine position vis-à-vis de leur passé et avaient l’intention d’intégrer les structures euro-atlantiques. Ces deux points-là, la réflexion du passé et le projet d’adhésion européenne ont été à l’origine de la fondation du groupe de Visegrad. » La presse tchèque évoque, à cette occasion, les difficultés traversées, au fil de ces vingt ans, par le groupe de Visegrad, dues notamment aux positions réticentes des anciens Premiers ministres Vladimír Mečiar et Václav Klaus à l’égard de cette coopération centre-européenne. Le quotidien Lidové noviny estime que, les principaux objectifs de Visegrad ayant été atteints, le groupe cherche difficilement de nouveaux défis, une nouvelle raison d’être. Mardi dernier, à Bratislava, le Premier ministre tchèque Petr Nečas et ses homologues Iveta Radičová, Viktor Orban et Donald Tusk ont revendiqué, dans une déclaration commune adressée aux autorités de Minsk, la libération des prisonniers politiques biélorusses, incarcérés depuis la réélection d’Alexandre Loukachenko à la tête du pays. Cet appel a été soutenu par les invités du sommet, la chancelière allemande Angela Merkel, le chancelier autrichien Werner Faymann et le Premier ministre ukrainien Mykola Azarov. De même, le groupe V4 s’est opposé à une augmentation mondiale des prix des denrées alimentaires et des énergies. Résultat le plus important, semble-t-il, de la rencontre : la Slovaquie et la Hongrie pourraient, très prochainement, résoudre la question controversée de l’accès à la double citoyenneté pour les Slovaques d’origine hongroise.