Le théâtre des Caraïbes à l’honneur du festival Afrique en création
Présenter les cultures du continent noir dans toute leur richesse et toute leur diversité, faire découvrir aux Tchèques l’Afrique au-delà des stéréotypes : telle est l’idée principale du festival Afrique en création. Sa 13e édition s’ouvre à Prague ce samedi par un marché africain organisé sur la place Václav Havel, et il y aura aussi de la musique, du théâtre, de la danse, ainsi qu’un défilé de mode et des ateliers. Au micro de Radio Prague, la directrice de l’événement, Lucie Němečková, détaille le programme de ce festival axé essentiellement sur la production théâtrale africaine.
« En fait, c’est la deuxième fois que nous nous intéressons dans le cadre du festival à la création théâtrale caribéenne, en collaboration avec l’agence ETC Caraïbes. En 2010, nous avions accueilli trois auteurs originaires d’Haïti. Cette année, notre choix s’est porté sur deux dramaturges qui viennent de la Martinique et de la Guadeloupe. Pour nous, l’Afrique ne se limite pas au continent africain. Koffi Kwahulé, qui était aussi l’invité de notre festival, dit que l’art contemporain est un art du croisement. Les Caraïbes sont situées justement au carrefour des cultures et civilisations américaine, africaine, européenne et asiatique. Toutes les cultures s’y mélangent et c’est ça qui est intéressant. »
Pourriez-vous présenter les deux auteurs ?
« Marie-Thérèse Picard est originaire de la Guyane et de la Guadeloupe. Institutrice de profession, elle est dramaturge, mais aussi peintre. Ces pièces sont à la fois poétiques, émouvantes et sombres. Elle vient à Prague pour présenter sa pièce La Médaille qui a reçu en 2011 le prix ETC Caraïbe/Beaumarchais du meilleur texte francophone pour jeune public. Elle raconte l’histoire d’un garçon et d’une fille qui se rencontrent au bord d’une rivière et se mettent à jouer. Ce jeu dévoile leurs rêves et leurs désirs, mais aussi l’aspect douloureux de leur vie dans le monde des adultes. Alfred Alexandre, quant à lui, est né en Martinique. Philosophe, auteur de plusieurs romans et pièces, il vient présenter au public tchèque sa pièce intitulée Le Patron. C’est le questionnement de deux adultes sur l’identité, la solitude et l’amour. Les deux textes ont été traduits en tchèque et ils seront présentés pour la première fois devant le public pragois. J’espère qu’ils seront remarqués par des metteurs en scène et des comédiens tchèques. »Le festival propose aussi un focus sur l’Ethiopie, avec la projection, mercredi 24 mai, à l’Institut français, du documentaire Shashamane de la réalisatrice italienne Giulia Amati. Ce film nous propose une autre image de l’Ethiopie et plus généralement de l’Afrique : celle d’une terre d’immigration. La projection sera suivie d’un débat qui réunira des spécialistes en relations internationales tchèques et africains…
« C’est aussi le rôle de notre festival : faire évoluer les pensées, combattre les préjugés des Européens liés à l’Afrique. Dans le contexte de la crise migratoire, il faut rappeler que de nombreux Africains installés en Europe ou aux Etats-Unis, où ils vivaient très bien, ont choisi de rentrer dans leurs pays d’origine suite à un questionnement d’identité. C’est le cas de cette ville éthiopienne de Sashamane, où est née une communauté extraordinaire de gens aux racines africaines qui ont fait ‘le voyage dans l’autre sens’. »Le festival Afrique en création se déroule du 20 au 25 mai à Prague, mais aussi à Plzeň, Hradec Králové et Ústí nad Labem. www.tvurci-afrika.simplesite.com