Le Théâtre national présente le chef d'oeuvre de Camille Saint-Saëns

Samson et Dalila, photo: Narodni divadlo

La première de « Samson et Dalila », au Théâtre national de Prague, comble une lacune dans le répertoire de ce théâtre. Cet opéra de Camille Saint-Saëns, qui est un des piliers du répertoire lyrique français, n'a été monté au Théâtre national qu'en 1933 et n'a atteint que huit reprises. Le retour de ce chef d'oeuvre au Théâtre national ne s'est pas passé sans problèmes.

Marian Chudovsky
L'équipe chargée de cette production ayant abandonné le projet, la direction du théâtre a appelé à la rescousse au début de cette saison, donc relativement tard, plusieurs artistes slovaques. Ceux-ci ont décidé de bannir de leur production tout ce qu'ils jugeaient superflu, de simplifier au maximum la mise en scène et de souligner ce qui leur semblait essentiel - le chant et la musique. Le metteur en scène Marian Chudovsky explique sa conception de ce drame lyrique conçu d'abord par Saint-Saëns comme un oratorio :

« C'était un grand défi pour nous. Le problème fondamental, le motif principal sur lequel repose notre conception de cet opéra est le conflit de deux cultures, de deux civilisations - la civilisation hébraïque et celle des Philistins. Nous connaissons les vicissitudes et les souffrances historiques du peuple hébreu qui se poursuivent encore au XXIe siècle. Mais ce n'est pas l'objet de notre production, nous ne voulons pas procéder à une actualisation. L'action, basée sur un chapitre du Vieux Testament, est située en Palestine, à Gaza, 1250 à 1500 ans avant Jésus-Christ, et nous mettons l'accent sur le conflit entre les Hébreux et les Philistins. C'est l'histoire de la souffrance du peuple hébreu et de sa résurrection. »

Le metteur en scène et le scénographe ont cherché à débarrasser l'opéra des accessoires romantiques. Ils ont réduit au minimum les moyens scéniques et ont remplacé les décors par l'éclairage. C'est la musique qui devrait être la reine de cette production. Une telle conception doit reposer donc nécessairement sur la qualité des interprètes. La distribution est internationale. Pour le rôle de Dalila, le chef d'orchestre Oliver Dohnanyi dispose de trois grandes voix - Marina Domachenko, mezzo russe qui chante aujourd'hui sur les plus grandes scènes du monde, Galia Ibragimova, lauréate de plusieurs concours de chant, et Katerina Jalovcova, membre permanent de la troupe du Théâtre national. La production dispose aussi de trois Samson : Steven Harrison, ténor américain considéré aujourd'hui comme un des meilleurs interprètes du répertoire lyrique français, Sergueï Liadov et Sergueï Larine. Pour ce dernier le rôle de Samson est une affaire de coeur :

Sergueï Larine
« Le personnage de Samson est un des mes rôles préférés. Je suis tombé amoureux de cette musique il y a un quart de siècle lors d'une exécution en concert de cet opéra en Lituanie. Et c'est un amour à vie. J'ai eu par la suite la grande chance d'avoir chanté Samson dans deux excellentes productions aux Etats-Unis dans les Opéras de San Francisco et de Huston. Ma partenaire sur la scène dans la première production a été Olga Borodina et dans la seconde la grande diva noire Denise Graves. Cet opéra est un chef d'oeuvre, une mer de splendides mélodies et de choeurs. Les couleurs de l'orchestre sont fantastiques et le sujet de l'opéra est très fort, très efficace. Dans la mise en scène pragoise, qui est complètement dépouillée et sans décors, cette force du sujet ressort encore plus que dans les productions traditionnelles. »

La première de Samson et Dalila au Théâtre national aura lieu jeudi 21 décembre.