Opéra de Dvořák, Dimitrij fête ses 140 ans
Dimitrij est un opéra du compositeur tchèque Antonín Dvořák, composé sur un livret de Marie Červínková-Riegrová et créé en le 8 octobre 1882 à Prague, soit il y a 140 ans. Il tire ses origines dans un roman inachevé de Schiller autour de l’histoire du « Faux Dimitri », inspirée d’une histoire vraie.
A l’origine, la pièce devait être créée en 1881 dans le tout nouveau Théâtre national à Prague, de langue tchèque, mais le tristement fameux incendie qui le ravagea peu de temps après sa construction repoussa sa première et laissa d’ailleurs le temps à Dvořák de remanier encore sa composition.
Un an plus tard, l’opéra est enfin présenté au public tchèque, et avec un tel succès qu’il est repris plus d’une cinquantaine de fois jusqu’à la fin de la décennie.
Dimitrij est le sixième opéra d’Antonín Dvořák: pièce en quatre actes de trois heures, l’histoire s’inspire d’événements réels en relatant un épisode de l’histoire russe, le bref règne (1605-1606) du premier des prétendants au trône de Russie, connu sous le nom de Dimitri, dit également le Faux Dimitri, un moine évadé qui se fit passer pour le fils du tsar Ivan IV, et qui avec l'aide militaire polonaise, prit le contrôle d'une partie de la Russie après la mort du tsar Boris Godounov.
Malgré son succès à ses débuts, Dimitrij est un opéra relativement peu joué aujourd’hui. Sa dernière mise en scène remonte à 2004 à l’Opéra d’Etat de Prague. Et avant cela, on ne comptait des représentations locales qu’une fois toutes les deux décennies.
Tragiquement décédé en 2007, le chef d’orchestre František Preisler qui avait dirigé cette nouvelle mise en scène avait à l’époque expliqué à Radio Prague Int., ce que représentait ce travail pour lui :
« Parce que mon arrière-grand-père a étudié la composition avec Antonín Dvořák au conservatoire de Prague, c'est donc un vrai lien du cœur, et Dimitrij est pour moi l'un des plus beaux opéras tchèques. Je le considère comme un bijou, c'est vraiment fantastique, plein de chœurs, de scènes remplie d’émotion, magnifiquement intenses, de duos... Le tout est encadré dans de grands espaces d'oratorio, le chœur ayant en fait le rôle principal. C'est extrêmement difficile pour les interprètes, pour l'orchestre et pour le chœur. »
Une manière de rappeler et d’expliquer aussi pourquoi l’opéra Dimitrij de Dvořák, pourtant l'une des meilleures œuvres du compositeur, est si peu joué.