Josef Mysliveček, le compositeur tchèque qui a enchanté l'Italie

Josef Mysliveček

Josef Mysliveček (1737-1781) est un compositeur né en pays tchèques et contemporain de Mozart. Il fut en son temps l’un des compositeurs les plus acclamés d’Italie où il fit toute sa carrière, avant de tomber dans l’oubli le plus total.

Ses opéras ont été chantés à Milan, Rome, Venise, Parme et Florence, et surtout à Naples où se trouvait alors la scène la plus prestigieuse de la péninsule italienne, l’opéra San Carlo. C’est là qu’a été présentée pour la première fois sa pièce lyrique Il Bellerofonte (1767), un tournant dans la carrière de ce compositeur né à Prague, mais qui fit toute sa carrière en Italie.

Cette commande réalisée pour l’anniversaire du roi d’Espagne Charles III, père du roi de Naples Ferdinand Ier a remporté un tel succès que Josef Mysliveček est immédiatement devenu l’artiste le plus demandé de la ville et de la péninsule.

On associe souvent au nom de Josef Mysliveček, le surnom « il divino Boemo », « le divin Tchèque ». Une légende selon le réalisateur franco-tchèque Petr Václav, auteur d’un film documentaire sur le compositeur et qui prépare actuellement un biopic :

« C’est une bêtise absolue contre laquelle je me bats depuis des années sans succès. Cela vient des romantiques tchèques, Arbes en particulier qui a écrit une nouvelle qui disait que les Italiens l’adoraient et l’appelaient ainsi. En fait, il signait ‘Boemo’. Comme il s’appelait Mysliveček, personne n’arrivait à prononcer son nom en Italie. C’est aussi son problème : Mozart, c’est plus facile à prononcer ! Il signait donc ‘Il Boemo’. »

Josef Mysliveček | Photo: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.

Contemporain de Mozart, Josef Mysliveček était même admiré par le célèbre compositeur qui, lui, ne parvint jamais à percer en Italie. Et pourtant, malgré une carrière fulgurante et un succès indéniable, « il Boemo » fait face à une situation financière compliquée à la fin de sa vie, et meurt à Rome dans le dénuement et dans l’oubli. Pour Petr Václav, qui œuvre via ses films, à la redécouverte du compositeur tchèque, Josef Mysliveček était novateur à de nombreux égards :

« Il était très fort dans les récitatifs accompagnés parce que quand vous prenez l’Olimpiade de Pergolèse, tous les récitatifs sont secs. Or Mysliveček arrive avec ce récitatif très passionné, accompagné… Et celui qui ne connaît pas bien l’opéra, à mon avis, il ne peut pas savoir si c’est un air, une ‘cavatina’. Pour lui l’acteur chante, et il est déjà dans l’émotion. C’est pour cela aussi qu’il était respecté par Mozart. C’est un grand dramaturge, un très bon psychologue. Il s’intéressait à la façon d’exprimer les émotions humaines, les passions… Il l’a fait très bien et l’a introduit dans la musique. C’est pour cela que c’est très fort. D’ailleurs quand vous connaissez bien l’opéra de Mysliveček L’Olimpiade, et que vous allez voir quelques airs chantés par une grande chanteuse, mais juste à l’occasion d’un concert, cette compréhension du contenu n’y est pas. Elle chante juste un air. Mais quand c’est vraiment travaillé, quand l’acteur sait qui est le personnage, ça prend des proportions totalement différentes. C’est pour cela que c’est aussi passionnant. »

Dans notre émission musicale du jour, nous vous proposons d’écouter le troisième acte de l’opéra qui l’a rendu célèbre Il Bellerofonte, interprété par l’Orchestre de chambre de Prague avec Celina Lindsley dans le rôle principal.